Agression de Martin Assogba : le DgPn Houndègnon accusé de bloquer l’enquête judiciaire

09 décembre 2013- 09 décembre 2014. Ce mardi, cela fait aujourd’hui un an que le président de l’Ong Alcrer a été victime d’une agression armée qui a failli lui coûter la vie. Jusque-là, les auteurs ne sont pas connus. Et l’enquête judiciaire, lancée pourtant sur des chapeaux de roues, n’avance pas.  Rappel et nouveautés.

Que devient l’affaire Martin Assogba ? C’est la question que se poseront de nombreux Béninois ce mardi 09 décembre 2014. C’est en effet à la même date en 2013 que le président de l’Ong Alcrer avait été victime d’une agression armée qui lui a presque coûté la vie. Ce jour-là, autour de 21 h, le bouillonnant activiste béninois rentrait à la maison quand son véhicule a été attaqué à Houèdo, commune d’Abomey-Calavi. Le chauffeur s’en est sorti  indemne, mais Martin Assogba a reçu huit balles au cou. Evacué à l’hôpital de zone d’Abomey-Calavi, puis au Cnhu Hubert Maga de Cotonou, Il a pu être sauvé avec deux balles restées dans son corps. L’extraction de ces deux balles logées sur la carotide et entre le cuir  chevelu nécessitant une opération chirurgicale plus sensible, Martin Assogba  a été envoyé à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à  Paris. Après deux mois de séjour dans l’Hexagone, il est retourné au pays en février 2014 les deux balles toujours dans le corps. Les médecins français ont décidé de les y laisser étant donné que leur extraction aura des conséquences fâcheuses sur  sa motricité.

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Retour sur les contradictions Dassi-Houndègnon

Pendant que les médecins béninois et français s’évertuaient à sauver la vie à Martin Assogba, la justice et les forces de sécurité s’activaient, elles, à élucider cet énième fait de tentative d’assassinat sous le régime Yayi. Une information judiciaire est ouverte par le procureur du Tribunal de Calavi.  Dans la nuit du lundi 9, quelques heures après l’agression, le directeur général de la police nationale, Louis- Philipe Houndègnon évoque ouvertement la piste d’un règlement de compte dans le cadre de conflits domaniaux. L’idée avancée était que l’agression d’Assogba pourrait être liée à son engagement pour le développement de son arrondissement de résidence, Houèdo. Dans la foulée, le 11 décembre, six personnes sont interpellées à Abomey-Calavi, aux encablures du domicile du maire Patrice Houssou-Guèdè. Deux autres personnes sont arrêtées le lendemain. Ces huit présumés résident tous à Houèdo. Dirigés visiblement par un certain Gilbert Agon, ils étaient accusés d’avoir attenté à la vie de Martin Assogba pour une affaire de lotissement. Gardés à vue pendant quelques jours, Gilbert Agon et ses acolytes sont libérés sous contrôle judiciaire par le procureur d’Abomey-Calavi, Apollinaire Dassi, pour insuffisance de preuves. Au cours d’une conférence de presse, le procureur indique un paradoxe relevé dans l’instruction du dossier par les juges. Selon les explications du procureur, les huit bourreaux présumés de Martin Assogba partagent un point commun avec lui. Tous luttent contre le bradage des réserves administratives de Houèdo. Ce qui a soulevé une question banale : comment des personnes peuvent vouloir la mort de quelqu’un qui mène la même lutte qu’eux.   Par ailleurs, «le rapport d’expertise est clair, il s’agit d’un travail de professionnel qui a choisi d’utiliser une arme de fabrication artisanale pour masquer son crime», avait révélé le procureur. Qui a été implicitement contredit quelques jours plus tard par le directeur général de la police et celui de la gendarmerie. «Les personnes interpellées ne sont pas des personnes innocentes(…) les gens  de Houèdo, ont un antécédent comportemental grave», avait réagi Louis- Philipe Houndègon au cours d’une conférence de presse co-organisée avec le directeur général de la gendarmerie le 18 décembre.

«Le dernier concours est une salade préparée avec de l’huile rouge » Martin Assogba

Ils accusent Houndègnon

Depuis ce bras de fer qui n’a pas dit son nom entre les Dg de la police et la gendarmerie et le procureur Dassi, plus rien n’a été dit sur le dossier, en tout cas pas publiquement. Tout ce qu’on savait, est que l’instruction était en cours. «Il y a une lenteur dans les enquêtes et personne n’a été véritablement inculpé », s’est désolé Martin Assogba ce lundi 08 décembre en conférence de presse. Pour marquer l’an un de  cette agression, le président de l’Ong Alcrer a décidé, avec la bénédiction de ses avocats, d’alerter l’opinion pour que lumière soit faite dans ce dossier. « Ce crime ne restera pas impuni, a-t-il fulminé. On doit trouver les coupables.» « Mes avocats ont souhaité que le Dg Pn soit entendu par les juges. Mais depuis rien», s’est-il plaint. « C’est le statu quo. L’information judiciaire a été ouverte, mais plus rien», a renchéri Me Alain Orunla, l’un de ses avocats.« Par contre, a précisé le praticien du droit, l’homme qui pourrait débloquer le dossier est le Dg Pn (Louis Philipe Houndègnon)» Il s’étonne du fait que juste une heure après l’agression, le DgPn en avait déjà une idée du mobile. De plus, le chef de la police a présenté « des gens » qui ne sont pas les auteurs de l’attaque armée contre Martin Assogba, selon le tribunal. « On est susceptible de penser ou même d’analyser que soit le directeur général de la police est incompétent ou il cache quelque chose », a déduit Me Orunla. Remettant ainsi le patron des flics béninois, pourtant discret ces derniers temps, au-devant de la scène. Le directeur général de la police nationale va devoir rompre son mutisme, ne serait-ce que pour réagir à cette accusation «d’obstruction à la justice» portée contre lui 

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