Bénin : grande mobilisation du Prd et de la plateforme à Porto-Novo ce jour

L’opposition béninoise est désormais unie dans sa bataille pour la sauvegarde des acquis démocratiques. Au cours d’une conférence de presse conjointe animée hier, le Prd et la Plate-forme ont confirmé qu’ils marcheront «ensemble» ce mercredi à Porto-Novo et demain à Cotonou.

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L’enjeu est au-dessus de leurs divergences. Ils l’ont désormais compris. La plateforme des forces démocratiques et le Parti du renouveau démocratique (Prd) ont décidé de surmonter les malentendus pour faire des marches conjointes contre l’impasse électorale, en lieu et place des marches «séparées » et «parallèles» prévues. L’impasse électorale décriée est marquée par l’incertitude sur l’organisation des élections communales, locales et municipales, reportées sine die depuis février 2013, et les tergiversations dans la correction de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi). Les responsables des deux blocs l’ont annoncé ce mardi 09 décembre 2014. «La plateforme et le Prd ont décidé de lutter ensemble pour une issue à l’impasse électorale», a déclaré en conférence de presse Amissetou Affo Djobo, membre du bureau de coordination de la plateforme ; un regroupement des «forces politiques et sociales de progrès pour des élections crédibles.» «L’ouverture d’esprit a permis de transcender ce qui nous divise », a renchéri le député Charlemagne Honfo du Prd. La plateforme participera à la marche du Prd ce jour à Porto-Novo et les deux camps marcheront ensemble à Cotonou demain, jeudi 11 décembre. A Porto-Novo, les marcheurs partiront de la «Place Catchi» pour s’échouer à la Préfecture des départements de l’Ouémé-Plateau. A Cotonou, ils vont quitter le siège du parti Madep à Akpakpa pour la place de l’Etoile Rouge. Les exigences de ces deux manifestations de protestation sont identiques à celles de la gigantesque marche organisée le 29 octobre dernier à Cotonou par les «forces politiques et sociales de progrès ». Selon le professeur Joseph Djogbénou, président d’honneur du parti Alternative citoyenne (Ac) et membre du bureau de coordination de la plateforme, l’opposition dans son ensemble exige, entre autres, l’ouverture sans délai d’un dialogue avec la prise d’une loi dérogatoire pour faciliter l’organisation des élections, la mise à disposition du fichier électoral et l’arrêt du bradage du patrimoine économique national (lire les revendications en encadré).

Cotonou au rouge

Autre sujet abordé par les conférenciers, le pseudo dialogue politique du vendredi 05 décembre dernier au Palais de la présidence. Ils ont donné les raisons pour lesquelles, bien que demandeuse d’un dialogue politique, l’opposition a boycotté le rendez-vous de la Marina. «C’était une concertation unilatérale visant à diviser vainement les forces citoyennes», a déploré Me Joseph Djogbénou. Il a complété que «le gouvernement a fixé unilatéralement la date de son dialogue, décidé lui-même des acteurs et tenu secret l’ordre du jour». Selon le député Lazare Sèhouéto de l’Union fait la Nation (Un), le format, les invités, le contenu et le lieu du dialogue n’ayant pas été identifiés de commun accord par les deux camps, l’opposition ne voulait pas servir de décor à un monologue du président Boni Yayi. Devenue une séance d’échange ordinaire entre le chef de l’Etat et les institutions impliquées dans le processus électoral, la rencontre du vendredi a tout de même débouché sur l’annonce de nouvelles échéances. Ce sont fin janvier au plus tard pour la disponibilité d’une version définitive de la Lépi, les 25 mars et 26 avril 2015 pour la tenue, respectivement, des Municipales et des Législatives. Me Djogbénou estime que ces annonces ne sont « ni nouvelles, ni sérieuses.» C’est pourquoi, il faut maintenir la pression sur le gouvernement et le Cos-Lépi (organe chargé de superviser le processus la correction du fichier électoral). Pour les deux marches, l’opposition lance par la voix de l’avocat, un « appel à tous les acteurs politiques », « appelle au professionnalisme de la police (chargée d’encadrer la marche, Ndlr) et au sens de responsabilité des manifestants». Des appels à prendre au sérieux étant donné que les partisans du chef de l’Etat marcheront aussi ce jeudi. D’ailleurs, la Place de l’Etoile Rouge, point de chute  pour l’opposition, sera le lieu de départ pour la mouvance. Cotonou sera au Rouge

LISTE DES EXIGENCES DE L’OPPOSITION

(Large extrait de la déclaration liminaire à la conférence de presse d’hier)« (…)Les Partis politiques et les associations réunis au sein de la Plateforme démocratique et le Parti du Renouveau Démocratique considèrent que :

1°)L’impasse électorale reste entière. Son règlement passe par un dialogue politique responsable entre les forces politiques de l’opposition et le gouvernement.

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2°)Le Gouvernement et son chef doivent arrêter de rechercher des boucs émissaires à l’impasse politique ainsi qu’à la dégradation de la situation sociale et politique consécutive à sa gouvernance catastrophique. Ils doivent, en particulier, éviter des réponses superficielles aux graves problèmes de fond que soulève l’organisation des élections.

3°)Les manifestations des 10 et 11 Décembre 2014 participent de la ferme volonté de notre peuple, à réaffirmer son attachement à sa propre histoire de lutte, dont les 11 Décembre 1989 et 1990 ont constitué des étapes capitales. Les marches des 10 et 11 Décembre 2014 à Porto Novo et Cotonou s’inscrivent dans la fidélité à cette histoire, avec l’exigence de l’application sans failles des dispositions de notre Constitution et des lois qui en découlent.

Aussi, exhortons-nous notre Peuple, à sortir massivement pour exprimer son ras-le-bol et à exiger, dans la paix, mais aussi dans une détermination sans faille :

1.L’organisation immédiate des élections municipales, communales et locales.

2. L’organisation des élections législative et présidentielle à bonne date

3.La remédiation au problème anachronique de citoyens sans pièce d’Etat civil ;

4.La mise à disposition immédiate et la sécurisation de la base de données issues des travaux du COS-LEPI ;

5. Le retrait, sans délai, de l’Assemblée Nationale du Projet de loi, portant révision de la Constitution;

6. Le respect scrupuleux du principe de l’accès équitable aux médias de service public par les acteurs politiques et sociaux ;

7.La transmission immédiate, avant le 31 Décembre 2014, à l’Assemblée Nationale des projets de Loi de Règlement, exercices 2006, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012 et 2013 

8.  L’arrêt immédiat des gravissimes et massives violations des droits des travailleurs, des droits de l’homme et les traitements inhumains et dégradants imposés aux citoyens sur le front social. L’une des illustrations les plus poignantes de la violation massive des droits sociaux et économiques s’observe au niveau des dockers employés par la Société Béninoise des Manutentions Portuaires. Ces travailleurs, sans droits ni sécurité au travail meurent silencieusement, par centaines chaque année sous nos yeux. Il n’est plus besoin de rappeler ici le cynisme avec lequel le gouvernement traite les revendications des travailleurs en général et particulièrement ceux des secteurs de la santé et de l’éducation. Nous voudrions ici dénoncer et condamner vigoureusement aussi le refus de dialogue sincère avec les étudiants et l’escalade de la violence entretenue par le gouvernement sur le campus d’Abomey Calavi.

9. La fin immédiate de l’insécurité systématique imposée aux opérateurs économiques à travers le refus d’opérer des réformes concertées pour une fiscalité plus transparente et plus juste, l’accumulation des dettes vis-à-vis des entreprises nationales et l’usage du harcèlement fiscal pour museler les agents économiques non soumis au régime de corruption, de népotisme et de concussion mis en place par la gouvernement.

10. L’arrêt immédiat de la mise en œuvre des décisions gouvernementales au sujet des dossiers comme le PVI, dont la conséquence certaine sera un endettement massif et sans fondement du pays et un affaiblissement de la crédibilité de notre Etat qui refuse d’exécuter des décisions de justice et s’enfonce dans des manœuvres grossières et de démission nationale.

Vive l’unité des forces combattantes pour le progrès et la restauration des valeurs de la République, de l’Etat de Droit et de la Démocratie !

Victoire au Peuple souverain !

Enfants du Bénin, debout !

Fait à Cotonou, le 9 Décembre 2014

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