Mobilisation de l’opposition : marche du Prd le 10 décembre à Porto Novo et le 11 à Cotonou

C’est un Prd requinqué par ses avertissements d’antan – que confirment malheureusement les faits d’aujourd’hui – qui a parlé hier. Un parti qui a payé un lourd tribut à sa posture de parti d’opposition et qui, aujourd’hui constate avec désolation comment le pouvoir et certaines forces politiques complotent contre la démocratie. Hier sous les feux de la rampe, Raphaël Akotègnon et ses collègues ont dénoncé cela. Comme d’ailleurs le Cos-Lépi dont les actions n’ont pas trouvé grâce à leurs yeux.

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« Le Prd en a assez de continuer à garder les oreilles au cochon pour qu’il boive dans l’abreuvoir ». Ce proverbe de l’honorable Edmond Zinsou en guise de conclusion à cette conférence de presse illustre bien l’état d’esprit des membres de cette formation politique. En un mot, le Prd ne peut plus continuer à être confiné aux seconds rangs au sein d’une opposition prise d’assaut par des anciens alliés du pouvoir. Il ne peut plus aussi cautionner les manœuvres subreptices d’un gouvernement qui fait semblant de se préoccuper de l’établissement d’une liste électorale  complète, transparente, fiable et juste.  Depuis des mois, la situation ne semble pas évoluer. « L’incertitude perdure. Et le gouvernement persiste dans la politique d’enfermement sur soi-même, au lieu du dialogue avec toutes les forces concernées », déclare Raphaël Akotègnon.  Il fait ainsi allusion à l‘hypothétique dialogue national que le gouvernement projetterait d’organiser pour demain et qui malheureusement ne concernerait que les forces politiques et sociales inscrites au sein de la plate forme qui a organisé la marche du29 octobre dernier. Or, en son temps, le Prd fut le seul parti qui réclamait cela alors que l’Un proposait les assises nationales sans le pouvoir. C’est fort de tout cela que le parti envisage d’organiser le 10 décembre à Porto Novo et le 11 à Cotonou deux marches pacifiques pour exiger du gouvernement l’invitation de toutes les forces politiques concernées à ce dialogue politique national.   

DECLARATION LIMINAIRE

Le Parti du Renouveau Démocratique (PRD) a toujours prôné un dialogue politique Mouvance/

Opposition. L’Union fait la Nation (UN) et le Front n’en

voulaient pas : ils voulaient « les Assises Nationales » sans le pouvoir exécutif.

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Yayi Boni n’en voulait pas non plus : il préférait affaiblir les

partis d’opposition en les divisant, en débauchant en leur sein et en les

écartant complètement de la gestion des affaires de l’Etat. Le PRD a payé un

lourd tribut à cette politique. Les exemples abondent : par exemple,

le nombre de nos Maires est passé de 9 à 2 sans élection ; les cadres supposés

proches du PRD sont marginalisés dans l’administration publique

pendant que nos hommes d’affaires sont, soit écartés des marchés publics, soit

harcelés fiscalement ; etc.

Notre politique de dialogue n’a trouvé d’échos qu’au sein de l’Assemblée Nationale

où, sans jamais céder sur aucune de nos valeurs, nous avons réussi à faire avancer les

dossiers sensibles, évitant à notre pays des blocages inutiles. Ex: loi sur la correction

de la LEPI, sur la CENA, le Code Électoral. Nous tenons à remercier encore toutes les composantes de l’Assemblée Nationale pour leur ouverture d’esprit.

Aujourd’hui comme hier, les faits nous donnent raison. Ceux qui ne voulaient

hier que des assises, demandent maintenant au Gouvernement de dialoguer avec eux. Le

Gouvernement qui hier ne se livrait qu’à des monologues, supplie aujourd’hui tout le monde de s’asseoir pour discuter.

Les temps ont donc changé ! Et le PRD, conforté par les faits, ne peut que maintenir sa ligne.

Dans notre communiqué du 12 novembre, nous avons dénoncé le cadre de concertation des institutions mis en place par le Gouvernement ; nous avons dit qu’il ne peut pas être considéré comme un cadre de dialogue Mouvance/Opposition et qu’il est inefficace pour résoudre les problèmes auxquels le Pays est confronté. Nous avons dit que ce cadre est inefficace pour régler les difficultés rencontrées par le COS-LEPI dans les tâches qui lui restent à accomplir pour que nous ayons une bonne liste électorale. Dans ce communiqué, nous avons sévèrement mis en garde le Gouvernement contre les faux-semblants, les subterfuges qu’il manigance depuis le départ pour faire échouer le COS-LEPI.

Nous avions vu juste ! Faute de concertation avec toutes les forces politiques et sociales pour une grande mobilisation populaire et pour une bonne disponibilité des outils de travail et du personnel, le COS-LEPI n’a pas pu réaliser dans le délai, les performances attendues en phase d’enregistrement complémentaire. Malgré la nouvelle prolongation d’une semaine décidée il y a quelques heures par le COS-LEPI, la plus grande incertitude continue de peser sur la tenue à bonne date des élections locales et bientôt, des législatives.

Face à cette situation, le PRD entend protester. Protester au nom des populations humiliées qui n’arrivent pas à se faire enregistrer, et qui redoutent plus que tout, d’être encore flouées comme elles l’ont été en 2011.

La démocratie consiste à faire des élections à bonne date, avec une liste électorale complète,

transparente, fiable et juste. L’instrument que constitue la loi est bon. C’est le Gouvernement et

ses prolongements dans l’exécution de la loi qui ne veulent pas jouer le jeu de l’efficacité et de la

transparence.

Le complot contre la démocratie se poursuit. Nous avons été les premiers à le

dénoncer et les seuls à proposer à temps, la solution pour le déjouer : c’était notre proposition

de loi instituant une liste électorale ad’ hoc déposée le 6 février 2014, curieusement enterrée

dans les arcanes parlementaires et dont tout le monde regrette maintenant qu’elle n’ait pas été

examinée et adoptée à l’époque. Huit mois après, nous avons été les premiers à alerter l’opinion

publique du danger qui nous guette de voir même l’Assemblée Nationale disparaître, parce

que nous n’aurions pas pu organiser les élections législatives à bonne date, faute de liste électorale : c’était le dimanche 21 septembre dernier au cours de l’émission « Zone Franche » de Canal3.

Nous remercions le peuple béninois tout entier pour sa prompte réaction : partis politiques,

société civile, confessions religieuses, syndicats. A l’unisson, comme un seul homme, chacun dans son registre, ils ont reconnu l’imminence du péril, appelé à la vigilance et invité le gouvernement à prendre les mesures qui s’imposaient pour des élections à bonne date.

Le point d’orgue du mouvement fut la marche pacifique du 29 octobre qui fut un succès et dont

le PRD félicite ici encore, les initiateurs et les participants.

Deux mois se sont écoulés depuis l’intervention du Président Houngbédji sur Canal 3, et un mois s’est écoulé depuis la marche pacifique du 29 octobre. Que constatons-nous ? Nous constatons que malgré les fonds injectés à retardement par le Gouvernement, malgré la mise sur pied par le Gouvernement d’un comité de suivi, lui-même émanation d’un cadre de concertation des Institutions, les travaux du COS-LEPI piétinent : l’enregistrement complémentaire prévu pour être

achevé le 30 novembre, n’a pas atteint les objectifs qui lui sont assignés ; la date butoir du 17 décembre fixée pour la remise du fichier électoral sera probablement repoussée.

L’incertitude perdure. Et le Gouvernement persiste dans sa politique d’enfermement sur soi- même, au lieu du dialogue avec toutes les forces concernées.

Pour l’ensemble de ces raisons, le PRD organisera:

– le mercredi 10 décembre à Porto-Novo, Capitale

du Bénin, une marche pacifique ;

– le jeudi 11 décembre à Cotonou, une autre marche pacifique de protestation.

Nous disons bien une marche à Cotonou le jeudi 11 décembre. Nous n’emprunterons

pas l’itinéraire de la marche prévue le même jour à Cotonou par les responsables du

mouvement dit de « LA PLATE FORME ». Cotonou est une grande ville et il est de pratique courante que plusieurs marches se déroulent suivant des itinéraires différents dans une même ville. Donc pas de provocation en vue.

Nous demanderons aux Autorités Publiques de bien vouloir inviter les 2 organisations politiques pour délimitation des itinéraires, ainsi qu’il est également de pratique courante en régime démocratique. Ce faisant, nous n’inventons rien. On peut être plusieurs partis d’opposition sans forcément penser et dire la même chose à propos de tout, sans penser et faire la même chose au même endroit. Et nous comprenons parfaitement que certains dans l’opposition ne veuillent pas travailler avec d’autres ; c’est leur droit. Au PRD, nous avons et nous aurons toujours une culture de liberté et non une culture de secte.

Fait à Cotonou, le 1er Décembre 2014

La Direction Exécutive Nationale du PRD

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