Il rompt enfin l’omerta. Me Lionel Agbo sort enfin de son silence. Revenu discrètement au pays le 25 novembre dernier après deux années d’exil en France, l’avocat très connu pour son franc-parler qui lui a d’ailleurs valu d’être traîné devant les portes de la prison après un long et mémorable procès, revient au devant de la scène publique. Cela, à travers une déclaration à ses compatriotes.
Cette déclaration dont la Rédaction de votre journal La Nouvelle Tribune a reçu copie depuis le 2 janvier dernier et la publie ici en exclusivité, est un discours plein de verves dans lequel Me Lionel Agbo présente ses vœux de nouvel an aux Béninoises et Béninois. Dans ce message de vœux, l’ancien candidat à la présidentielle jette également un regard critique sur l’impasse politique dans lequel se trouve sa patrie, le Bénin. Lisez-plutôt.
« Mes chers parents, Amis et compatriotes,
Au moment où le rédempteur nous est né, période de joie sainte pour notre obédience religieuse, paradoxalement le peuple béninois espère quant à lui, tourner la page d’une année exécrable tant au plan social, économique et politique, cette espérance qui m’exhorte à m’adresser enfin à vous -après un retour que j’ai souhaité très discret – aux fins de vous remercier pour votre soutien indéfectible tout au long de ces années, et vous réitérer toute mon affection sans faille.
En effet, comment pourrais-je oublier ce jour fatidique de septembre 2012 où la volonté déterminée et affichée de quelques hommes et femmes de notre pays, m’a conduit pour un supposé délit de presse, au commissariat central de Cotonou, où l’objectif visé était assurément une garde à vue un week-end avec les conséquences que nul ne peut ignorer, d’autant plus que les commanditaires savaient tous pertinemment que la loi de 1997 proscrit en cette matière la détention préventive et à postériori une quelconque garde à vue.
A cet égard, comment ne pas rendre grâce au commissaire de l’époque si l’on veut être juste, monsieur Philippe HOUDEGNON qui n’a eu de cesse de rappeler à ses mandants la non-conformité de leur volonté de mise sous le boisseau du pauvre hère que je fus, tel que prescrit par le texte précité ?
Comment pourrais-je oublier ce jour mémorable, où toutes ces Béninoises et Béninois délaissant toutes leurs activités professionnelles ou autres, furent présents devant le commissariat central tôt le matin jusqu’à ma libération tard dans la nuit, et qui ainsi dans un même élan n’ont pas hésité à braver l’arbitraire ?
Comment pourrais-je ne pas avoir une pensée très émue aujourd’hui pour mes frères et amis communément appelés « Zémidjans », mes frères et amis syndicalistes, mes frères et amis politiques, mes frères et amis néanmoins confrères, mes frères et amis commerçants, mes frères et amis tout court, sans omettre tous ceux qui n’ont pas pu se manifester et qui pourtant j’en suis convaincu me soutenaient de loin.
Comment pourrais-je, le regard voilé par l’émotion effacer du tréfonds de mon âme, ces images gravées dans ma mémoire comme sur du marbre par une encre indélébile, où le 23 janvier 2013 jour d’un certain jugement inique, assistés de vous tous une fois encore, Dieu le Seigneur des Armées m’a soustrait au sort injuste et cruel qui m’était réservé ; souvenir qu’il faudra pourtant expurger de ma vie en me référant tout simplement au pardon du singulier Nelson MANDELA affectueusement appelé par tous : « MADIBA ». Ainsi moi aussi, à mon tout petit niveau j’aurai pardonné.
Soyez en conséquence tous très sincèrement et du fond du cœur remerciés et bénis. Que le Seigneur Tout Puissant vous en sache gré et que dans sa grande mansuétude il veille sur vous tous et vos familles, afin que la nouvelle année, vous apporte la santé, la joie, le bonheur et la prospérité.
Qu’il veille sur le Bénin notre chère patrie, et inspire nos dirigeants afin qu’éclairés ils évitent le pire à notre peuple qui souffre déjà d’une conjoncture extrêmement défavorable. Que grâce à cette inspiration divine, les responsables de nos institutions, toutes tendances confondues mettent un terme à ce jeu de « poker menteur » auquel ils s’évertuent à jouer si maladroitement, s’agissant notamment de la confection de cette désormais fameuse «Lépi», à propos de laquelle chacun y va de sa litanie, citant des chiffres incompréhensibles quant au montant total requis, et des dates les plus fantaisistes quant à sa livraison, partant du mois de novembre à décembre 2014 pour aboutir à février 2015 tout en revenant à janvier 2015.
Ont-ils réellement ceux-là conscience des conséquences inexorables qui découleraient de la non- organisation des élections législatives au mois de mars 2015 ? Peut-on par ailleurs encore se fier à eux ou à nos chers députés qui promettent de voter une loi dérogatoire devant nous permettre de sortir de cette ornière, et de raccourcir les délais pré-électoraux, ce qu’ils n’ont toujours pas fait.
Ne sommes-nous pas tout simplement les uns et les autres en train de jouer avec le feu et de mettre en péril les acquis d’une démocratie si chèrement acquis ?
Je souhaiterais enfin que vous sachiez et n’en doutiez jamais, que malgré mon infortune, je n’ai pas cessé un seul instant de penser à vous, et puis vous assurer que vous êtes toujours dans mon cœur et que de ce fait, je serai toujours à vos côtés pour le respect de tous nos droits constitutionnels.
Pour finir, je vous voudrais vous rappeler les vœux formulés par Jacques BREL le 1ér janvier 1968 (Europe 1) qu’un de mes frères vient de me rappeler, que je fais miens pour vous à l’orée de cette nouvelle année :
« Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir et l’envie furieuse d’en réaliser quelques uns. Je vous souhaite d’aimer ce qu’il faut aimer et d’oublier ce qu’il faut oublier….
Je vous souhaite de respecter les différences des autres, parce que le mérite et la valeur de chacun sont souvent à découvrir. Je vous souhaite de résister à l’enlisement, à l’indifférence et aux vertus négatives de notre époque. Je vous souhaite enfin de ne jamais renoncer à la recherche, à l’aventure, à la vie, à l’amour, car la vie est une magnifique aventure et nul de raisonnable ne doit y renoncer. Je vous souhaite surtout d’être vous, fier de l’être et heureux, car le bonheur est notre destin véritable. »
BONNE ET HEUREUSE ANNEE A TOUS ET QUE LE SEIGNEUR VOUS BENISSE.»
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