Depuis le 12 janvier dernier où la Cour constitutionnelle a rendu la décision Dcc 15-001, Yayi s’est résolument engagé dans les campagnes. Il va à droite et gauche, promet ciel et terre. Les lancements de chantiers, de micro- crédits aux plus pauvres ont repris de plus bel. Pendant ce temps, l’opposition joue aux abonnés absents, s’accroche aux trucs superfétatoires et laisse Yayi dérouler sans gêne son plan.
Habile, le président Boni Yayi n’a pas attendu que les campagnes soient officiellement lancées pour se mettre dans la bataille. Depuis quelques jours, il est omniprésent sur le terrain. A Yèmicodji, pour l’inauguration de quelques lampadaires, il est présent. A Porto- Novo, c’est encore lui qui lance les travaux de construction de la double voie Sèmè carrefour/Porto Novo. Il boucle son opération de séduction en annonçant aux populations des départements de l’Ouémé et du Plateau pour bientôt une autoroute de Porto Novo jusqu’à Kétou. Il est aussi très présent sur plusieurs autres chantiers dans le Septentrion et dans d’autres contrées du Bénin. Hasard du calendrier, le sommet de l’Uemoa lui a permis de remplir une part de son plan de campagne. Réélu à la tête de l’institution, ses zélateurs les plus attitrés s’en sont servis à merveille pour annoncer urbi et orbi que si cela a été possible c’est bien parce que ce « Boni Yayi est un homme d’exception » adulé aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de son pays. Et dans son agenda, tout est bien calculé. Des indiscrétions affirment qu’il n’y aura plus de répit jusqu’aux prochaines élections législatives. Et voilà, la vraie raison de ce regain de l’activisme présidentiel. S’il donne apparemment l’impression de ne se préoccuper que de l’amélioration des conditions de vie des populations, il n’en demeure pas moins qu’il a un objectif aussi politique. En vérité, Yayi travaille pour conforter sa majorité parlementaire lors des prochaines élections législatives. Il est donc en campagne. Attitude surprenante de la part d’un Président en fin de mandat. Mais si Yayi s’investit autant cette fois-ci, c’est que l’enjeu est grand. Il lui faut reconquérir sa majorité qui s’effrite. Cette ambition politique ne sera pas chose aisée au regard des forces politiques en présence et de la fronde de certains députés, surtout dans son fief traditionnel du Nord. C’est donc pourquoi Yayi fait une fois encore recours aux micros- crédits. La cérémonie de présentation de vœux des femmes bénéficiaires de micros- crédits au cours de laquelle Boni Yayi, lui-même, annonce l’augmentation des montants des crédits de 50.000F à 100.000F n’est pas une cérémonie banale. L’octroi des micros- crédits aux femmes est le joker que Yayi a toujours utilisé pour combattre ses adversaires sur le terrain politique. Selon plusieurs sondages et enquêtes, c’est grâce à cela que la gent féminine, surtout celle des campagnes, continue de soutenir et de voter pour Boni Yayi et sa liste pour toutes les élections. C’est donc une arme fatale qu’il utilise pour affaiblir ses opposants. Le fait que le montant passe de 50.000F à 100.000F n’est donc pas une annonce banale. Yayi a frappé un grand coup.
L’opposition occupée à autre chose
Habile mais aussi rusé, Yayi a réussi à orienter le combat des opposants sur un autre terrain. C’est l’apurement de la Lépi, le dialogue politique qui semblent occuper leurs temps. Pendant ce temps, Yayi progresse sur le terrain et mène parfois ces opérations de séduction dans les fiefs de l’opposition. La dernière fois, on l’a vu à Bohicon, louanger Luc Atrokpo. Il ne s’agit pas d’une action anodine mais d’une habile stratégie pour attaquer le bastion Rb de Bohicon. En 2011, l’opposition a commis la même erreur en s’accrochant à la Lépi au point de perdre de vue, l’occupation politique du terrain. En 2015, elle semble reprendre la même chose, attendant les derniers jours pour convaincre d’hypothétiques militants dont la plupart sont tombés déjà sous les charmes d’un Boni Yayi travailleur qui leur a promis ciel et terre.
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