Accusé de prévarication lundi dans une lettre ouverte adressée au Chef de l’Etat par son collègue Léon Basile Ahossi, Chabi Sika n’a pas hésité à réagir. Dans une conférence de presse faite hier à Parakou, il tente de se justifier. Mais hélas cette réplique n’est qu’un pétard mouillé. L’absence de réactions péremptoires et la pauvreté des arguments utilisés face à la gravité des accusations ravivent plus les soupçons au lieu de les dissiper.
On attendait sa réaction depuis lundi où son collègue Léon Basile Ahossi, dans une lettre ouverte aux allures d’un pamphlet, l’a proprement « savonné ». Elle ne s’est pas fait trop attendre. Dans un point de presse donné hier à Parakou, le député accusé tente de dire sa part de vérité. Mais cette réaction n’a pas été un bon coup de communication. Le député de Tchaourou était visiblement peiné. L’exercice lui paraît plus malaisé que les marches de soutien et les exposés pro-gouvernementaux de l’hémicycle. Ce fut un conglomérat d’inexactitudes, de réponses dubitatives. Le député n’a eu le courage d’infirmer les allégations de son collègue. Si parfois il l’a fait, c’est en des termes très mesurés. Et les réponses ne sont pas parfois celles qui correspondent aux accusations faites. On peut aussi s’étonner de la tendance très légaliste du député qui, par deux fois dans sa déclaration, cite la justice comme le seul recours pour élucider cette affaire. La mentalité a bien évolué de ce côté. Il y a peu de temps, il faisait partie du cercle très restreint des députés qui trouvaient que les magistrats en font un peu trop et qu’il faut leur ôter tous les droits politiques comme ceux de se constituer en syndicat, de se réunir, de faire grève et de faire carrière en politique. C’est pourtant aux mêmes magistrats qu’il demande de faire recours aujourd’hui.
Contre vérités
Le député Chabi Sika a certainement le talent de créer la confusion dans les esprits. Il en a fait quelques unes dans son document comme celle qui consiste à dire que les interventions de Gemalto ont été gérées à travers le panier commun des partenaires au développement. Dans sa réplique, il dit : « Monsieur AHOSSI sait très bien que les interventions de Gemalto S.A. ont été gérées à travers le panier commun des interventions des partenaires au développement et du Gouvernement ». Dans sa lettre ouverte, le député Ahossi ne parlait pas de la situation de 2011. En outre, cela ne veut pas dire qu’en 2011 avec le panier commun tout a été fait dans l’orthodoxie financière. Plusieurs indiscrétions ont aussi affirmé que le député Chabi Sika fait partie du lobby qui voulait imposer le même opérateur technologique pour la conception des passeports biométriques. Parlant de contrat, Chabi Sika demande à son contradicteur de brandir le contrat. Là, il fait économie de vérité. Il oublie de dire que dans ces genres de cas, personne ne fait jamais un contrat écrit. Dans tous les cas, Chabi Sika a du pain sur la planche. Le député Ahossi, connu pour ne pas être un homme politique qui avance du n’importe quoi, affirme détenir les preuves de ses allégations. Du boulot donc pour Chabi Sika qui, dans sa volonté d’apporter la contradiction à Ahossi a parfois oublié des notions basiques d’un politicien.
Humilité ou immunité ?
Le député Chabi Sika s’est il trompé sur le mot ‘’humilité’’ ? En effet, dans sa lettre à Léon Basile Ahossi, il utilise le mot ‘’humilité’’. Or normalement, il devrait s’agir de ‘’l’immunité ‘’afin de permettre aux députés fautifs de répondre devant la justice. L’écrire deux fois dans un courrier de cette importance laisse planer des doutes sur sa vraie connaissance du mot. Enfin, Chabi Sika ne peut pas ignorer, après tant d’années passées à l’Assemblée nationale, que la demande de levée d’immunité s’adresse au Président de l’Assemblée. Ce n’est pas sincère de vouloir une vraie levée d’immu3nité parlementaire et d’écrire à un autre député. Et pourquoi veut-il que le député Ahossi demande à faire lever son immunité. Il n’est accusé de rien. C’est plutôt lui qui accuse. Sincèrement, Chabi Sika semble être dépassé et troublé par la charge de son collègue au point de laisser des fautes élémentaires et indignes d’un député dans sa lettre.
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