Comme lors de toutes ses audiences avec des investisseurs étrangers, celle qu’a accordée le Chef de l’Etat aux hauts responsables du groupe Tropical general investment(Tgi)- holding mère de Fludor Bénin – le vendredi 06 février dernier fut riche en propositions. Pour une filière cotonnière plus organisée, ils ont proposé le zonage, une vieille réforme qui n’est en réalité qu’un cheval de Troie pour mieux régenter la filière.
A la sortie de l’audience que lui a accorde le Chef de l’Etat le vendredi 06 février, Roland Riboux, Pdg de Fludor Bénin, flanqué du Pdg du holding mère Tgi,ont annoncé sous les feux de la rampe l’offre d’expérimentation du zonage pour booster la filière coton. Le zonage consiste à diviser le territoire Béninoise en zones cotonnières confiées à les égreneurs. Le groupe Fludor en a fait son cheval de bataille depuis 2000. Le 19 décembre 2012 dejà, il avait même présenté un projet de zonage au gouvernement en conseil des ministres. Les arguments avancés par Roland Riboux sont assez séduisants. On l’a vu venter les avantages du zonage annoncé habilement comme une panacée qui permettra d’accroître la productivité par hectare d’au moins de 30%. De loin, l’offre est alléchant et le président Boni Yayi si friand du développement de la filière coton ne peut qu’applaudir. Mais en analysant en profondeur cela, on se rend compte que cette offre ressemble bien à un cheval de Troie. Le groupe Fludor Bénin ne possède pas d’usine d’égrenage. Il est dans la trituration et utilise comme matière première les graines de coton pour produire de l’huile végétale. Chaque année, il est obligé de négocier le prix d’achat de cette matière première. Souvent, c’est avec difficulté, ils (lui et le gouvernement) accordent leurs violons pour le prix de cession. Ces dernières années, il y a eu des discussions houleuses autour des prix. Alors, on se demande si Fludor ne cherche pas à se servir de cette réforme pour reprendre la main le commerce de la graine de coton. Chose plus grave, il annonce la construction d’une nouvelle usine d’égrenage de ce groupe. Or, aujourd’hui au Bénin, il y a plus d’une quinzaine d’usines d’égrenage et le constat qui est fait c’est que certaines usines n’arrivent pas à fonctionner à plein régime en pleine saison cotonnière. Ceci, parce que le coton produit par an ne suffit pas pour alimenter correctement toutes les usines. Quelle est donc l’utilité d’un tel projet s’il viendra pour augmenter la peine et les difficultés des autres. Comment peut-on lancer une réforme dans un domaine auquel on est étranger (l’égrenage). Tout se passe comme si Fludor, en intelligence avec le gouvernement, veut profiter du vide laissé par le groupe Sdi et autres pour prendre son hégémonie sur la filière coton en étant à la fois égreneur, distributeur d’intrants, triturateur…Depuis un certain moment, ce sont les étrangers, en l’occurrence les Français qui sont utilisés pour arracher des marchés à des opérateurs économiques nationaux. Le gouvernement va-t-il répéter la donne dans la filière coton ? Yayi qui dit combattre actuellement le monopole du privé dans toute filière va-t-il l’accepter avec le groupe Fludor ? Wait and see.