Acharnement contre Aholou Kèkè : Yayi confirme l’existence d’une «immunité Fcbe»

A peine est-elle sortie des Fcbe que la députée Hélène Aholou Kèkè connaît ses premières tribulations. Le Chef de l’Etat, par le truchement du secrétaire général du gouvernement, demande indiscrètement  à l’Autorité nationale de lutte contre la corruption de s’occuper d’elle. Une vieille affaire réchauffée juste pour  avoir la peau de la députée une fois qu’elle s’est affranchie de la coterie Fcbe.

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On a longtemps glosé sur l’immunité parlementaire. A côté des immunités diplomatique et présidentielle, elle constitue un privilège très prisé chez les hommes politiques béninois. Mais il y a une autre immunité dont on ne parle pas souvent. C’est l’immunité « Fcbe ». Officieuse, discrète, elle est pourtant la plus répandue puisqu’elle couvre tous les militants et barons des Fcbe qui crient matin et soir le nom du président Yayi proclamé « sauveur national » Elle couvre aussi les proches collaborateurs du Chef de l’Etat. C’est d’ailleurs lui qui la donne à tous ceux qui, estampillés Fcbe, le louangent, l’applaudissent, le comparent à Jésus- Christ ou à Dieu, font les génuflexions devant lui et qui sont prêts à marcher tous les jours pour soutenir ses actions. Tous ceux qui quittent les Fcbe avec fracas et qui se mettent dans une posture de l’opposant en critiquant les actions du gouvernement le perdent aussitôt. C’est le cas sûrement de Hélène Aholou Kèkè, députée Fcbe jusqu’à un passé très récent.  Il a suffi qu’elle s’affranchisse de la tutelle Fcbe pour que le Chef de l’Etat lève le glaive sur elle. Une lettre du secrétaire général du gouvernement, qui exprime la volonté du Chef de l’Etat de voir en urgence, l’Anlc éclairer les béninois sur ce sujet. Chose curieuse, le gouvernement surfe sur les écrits des journaux béninois ces derniers jours pour appeler l’institution chargée de lutter contre la corruption de se saisir de cette affaire.

Deux poids, deux mesures

Pourtant, les journaux ont longtemps relayé des informations sur les malversations à la  Cnss, à la Sobemap et dans maintes sociétés d’Etat au Bénin. Mais jamais, on n’a observé la promptitude du Chef de l’Etat à envoyer un courrier à l’Anlc ou à la justice pour écouter les mis en cause. Les journaux ont relayé lesdites malversations pendant plusieurs jours sans qu’il n’y ait eu la moindre action contre les Dg de ces sociétés. Au contraire, tous ont été rappelés par le Chef de l’Etat et ils comptent parmi ses collaborateurs directs. Soumanou Toléba, l’ancien  Dg de la Sobemap est retourné au palais où il est nommé conseiller technique à la culture. Idem pour Auguste Réné Ali Yérima, ancien Dg de la Cnss est aussi rappelé au palais où il officie à la cellule juridique de la présidence de la république. Depuis les deux Dg circulent tranquilles et les affaires pour lesquelles ils sont accusés sont restées sans suite. C’est cela l’immunité « Fcbe ». Elle couvre tous les prévaricateurs de la république. Et  tant qu’ils se réclament toujours des Fcbe, ils ne sont jamais inquiétés. Elle protège tous les ouailles du Chef de l’Etat. Rachidi Gbadamassi ne s’est jamais présenté au tribunal pour être écouté dans le cadre de l’affaire Coovi et pourtant personne ne l’a arrêté. Orou Sé Guéné, condamné à six mois d’emprisonnement ferme défie toujours la justice et a vu sa sécurité renforcée par le gouvernement. Mais une fois que tu  n’es plus avec les Fcbe, tu es persécuté. Si jusqu’à maintenant aucune affaire n’est soulevée contre Nago c’est qu’on ne lui reproche vraiment bien. Le jour où chacun d’eux va critiquer le gouvernement, il sera persécuté comme Hélène Aholou Kèkè. .

Une vieille affaire réchauffée

Pendant près de 20 ans, Hélène Aholou Kèkè a défendu le gouvernement dans maintes affaires en tant qu’avocate. C’est ainsi qu’elle a été commise pour défendre les intérêts du même gouvernement contre le marabout Amadou Cissé cité parmi les principaux auteurs de la faillite de la Banque commerciale du Bénin(Bcb). Poursuivi, il est condamné à verser d’importantes sommes à l’Etat. Dans une conférence de presse donnée en mai 2011, Hélène Aholou Kèkè s’est prononcée sur ce sujet. « J’ai eu à représenter pendant de très nombreuses années et j’ai eu à intervenir dans le cadre de la liquidation de l’ex BCB, banque Commerciale du Bénin, et l’un des débiteurs à savoir le marabout Amadou Cissé condamné en 1991 et j’ai procédé à l’exécution des décisions de condamnation obtenues par mes soins et à mes seuls frais ». Toute fois elle a précisé qu’une partie des fonds qu’elle a recouvrée pour l’Etat Béninois se situait au Sénégal en 2008 et qu’elle n’a pu récupérer que la somme de 1 020 624 994 f CFA qui a été versée dans un compte bancaire ouvert dans une banque de la place. L’agent Judicaire du trésor en a été aussitôt informé. J’ai toujours pré financé un grand nombre de procédures pour le compte de l’état Béninois et n’avais pas été réglé de l’intégralité de mes honoraires, pour cette raison j’ai saisi plusieurs fois l’argent judicaire du trésor pour rentrer en possession de mes fonds, mais à ce jour rien n’a été fait à mon endroit. Après avoir travaillé pendant plus de 20 ans pour l’Etat Béninois l’agent Judicaire du trésor n’a pas voulu que mes honoraires dont le montant avait déjà été fixé, me soient réglés, nous en étions là  quand j’ai reçu la lettre de l’agent judicaire du trésor  en date du 4 octobre 2010 qui a été publiée  dans les journaux lundi dernier. » Ainsi s’exprimait-elle. Cette dernière a rappelée qu’elle a viré sur le compte du trésor public la somme de 520.624.994 FCFA  et aurait gardé le reste en compensation de ses créances sur l’Etat.

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