Bénin : le parc de la Pendjari abandonné aux braconniers

Sans surveillance depuis le début de cette année, le Parc national de la Pendjari situé dans la région septentrionale du Benin est ouvert à des activités de braconnages orchestrées par des trafiquants d’animaux dont deux ont été fortuitement appréhendés vendredi 13 mars derniers en possession d’importants trophées et dépouilles d’animaux.

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Peaux, cornes, os d’éléphants, carcasses de crocodiles, de pythons, de plusieurs espèces d’antilopes (guib harnaché, céphalophe) et de carnivores (genette et une tête qui serait celle d’un jeune lion), de patas, de caméléons… C’est autant de choses retrouvées  le vendredi 13 mars dernier chez deux trafiquants de faune qui ont  été arrêtés en dehors du Parc national de la Pendjari ou ils ont pris l’habitude d’opérer en toute tranquillité. Au total 157 trophées et dépouilles d’animaux ont été saisis chez les deux trafiquants arrêtés. Cette opération datant d’une dizaine de jours révèle la réalité tragique du braconnage encours dans cette réserve animalière du Benin. En effet selon nos sources, il n’y a plus de surveillance dans le Parc National de la Pendjari , un des joyaux d’Afrique, renfermant la plus grande population d’éléphants d’Afrique de l’Ouest ainsi que d’autres espèces menacées telles que le buffle, le lion, le guépard, le lycaon, l’hyène, et des milliers d’antilopes (damalisques, hippotragues, bubales, cobes de Buffon, cobes Defassa, cobes des roseaux,..). Depuis le début de cette année selon les mêmes sources, contre toute attente, la surveillance du Parc National de Pendjari semble avoir été suspendue. On peut ainsi conclure que le Parc de la Pendjari, un des tous derniers sanctuaires de la faune sauvage en Afrique de l’Ouest est menace depuis bientôt 04 mois. « De nombreuses carcasses d’antilopes jonchent le sol et des éléphants ont également été tués dans le Parc. Le braconnage et le trafic se généralisent progressivement » témoigne un guide organisant des visites éco-touristiques du Parc de la Pendjari depuis plus de vingt ans qui explique que le parc est plus menacé que jamais. Aussi, les Ong de conservation nationales comme internationales tirent également la sonnette d’alarme car près de 3.000 éléphants, 20.000 antilopes et plus de 200 grands félins sont maintenant à la merci des braconniers. A ce jour,  a-t-on appris, le massacre se poursuit quotidiennement y compris dans les zones les plus fréquentées.

>> S.O.S au profit du Parc national de la Pendjari : des braconniers massacrent la faune sauvage

La suspension de surveillance

A la recherche des raisons de la suspension de la cruciale surveillance du parc, il ressort que des pressions politiques sont orchestrées par les braconniers et trafiquants de faune et leurs complices.  Et, ce sont les mairies de Tanguiéta et Materi qui ont suspendu par l’Arrêté Communal du 29 Décembre 2014, les activités des  Associations Villageoises de Gestion des Réserves de Faune (AVIGREF), qui assuraient la surveillance en collaboration avec les gestionnaires du Parc. Seulement, les solutions alternatives mises en place par ces autorités locales se sont révélées inefficaces et le braconnage est en plein essor. On note, la présence ponctuelle de militaires non formés dans le parc. L’ampleur du braconnage comme on peut s’y attendre, a déjà un impact sur l’éco-tourisme au Benin. Des guides, on apprend que les touristes sont indignés devant les dépouilles d’animaux, et ressentent un sentiment d'insécurité face à la circulation de braconniers armés sur les circuits touristiques. Les visions de carcasses d’animaux et les retentissements de coup de feu ne font en effet pas bon ménage avec l’écotourisme et c’est ainsi toute l’image du Bénin qui risque d’en prendre un coup.

Agir en urgence

La situation telle quelle actuellement nécessite une intervention d’urgence des hautes autorités béninoises qui seules, pourraient ramener la quiétude en considérant et utilisant tous les partenaires pour une protection efficace de ce patrimoine universel. Il est à rappeler à cet effet, que le système de collaboration avec les AVIGREF a obtenu le Prix Équateur 2014 décerné par le PNUD. Supprimer ce système est un risque sérieux et les alternatives n’ont en tout cas pas encore montré de résultats. Il revient donc au Ministre de l’Environnement de restaurer, poursuivre les principes de cogestion entre l'Etat et la population riveraine et assurer un suivi indépendant de l'effectivité de la gestion de l'aire protégée

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