Les électeurs béninois seront aux urnes le 26 avril prochain pour doter leur pays d’un nouveau Parlement. Dans la cinquième circonscription électorale (département de l’Atlantique), les enjeux du scrutin législatif et les forces en présence présage d’une bataille entre le président Boni Yayi, via sa famille politique (Fcbe) et le député Eric Houndeté; pressenti candidat à la présidentielle de 2016.
La cinquième circonscription électorale regroupe cinq communes du département de l’Atlantique. Ce sont Allada, Kpomassè, Ouidah, Toffo et Tori-Bossito. Elle a droit à cinq sièges à l’Assemblée Nationale. A l’issue des élections législatives de 2011, trois sièges sont revenus à la majorité présidentielle (Fcbe, Alliance Cauris 2, Ub), un siège à l’Union fait la Nation (Un) et le cinquième à l’alliance G13 Baobab avec le député Venance Gnigla, non inscrit jusqu’en décembre 2014 quand il a rejoint le groupe parlementaire Prd-Un. Pour les Législatives du 26 avril, la bataille dans cette circonscription sera rude entre les mêmes acteurs quasiment. A l’exception de Françoise Assogba qui n’est pas candidate. De plus, Venance Gnigla est candidat cette année sur la liste Eclaireur. Ce qui retiendra sans doute l’attention dans cette circonscription est le sort de l’honorable Eric Houndeté, qui termine sa troisième législature. L’homme sera dans une confrontation directe, qui ne dit pas son nom, avec le président Boni Yayi. Pourfendeur du régime Yayi dont il est un transfuge, Candide Azannaï a déclaré le week-end dernier au Palais des Congrès que le président de la République a une liste de députés « qu’il a juré de faire échouer » aux prochaines législatives. Le président du groupe parlementaire ‘’Un’’ en fait sans doute partie. Dans la 6ème législature, Eric Houndeté fut l’un des députés les plus actifs contre le régime Yayi. Il aura marqué les esprits des différents ministres et même du chef de l’Etat avec les nombreuses interpellations du gouvernement (questions écrites et questions orales) sur diverses préoccupations d’intérêt national. On se rappelle également son rôle dans le rejet du budget général de l’Etat, gestion 2014 par l’Assemblée Nationale. Il est aussi l’un des artisans de l’échec (jusque-là) du projet de révision opportuniste de la Constitution. On n’oubliera pas son soutien aux magistrats et sa contribution au renvoi de la proposition de loi portant retrait du droit de grève et d’association à ces derniers. L’objectif des Forces Cauris pour un Bénin Emergent (Fcbe) pour ces élections législatives est d’obtenir au moins cinquante députés. Cela est capital pour leur leader, Boni Yayi, qui est toujours accroché à projet de réforme constitutionnelle, très controversé. Un tel président, qui a tout le temps affiché son souhait d’avoir tous les pouvoirs, y compris la justice, sous sa coupe, donnera alors tout pour voir Eric Houndeté mordre la poussière aux prochaines législatives. Surtout que ce dernier est attaché à la préservation de la démocratie et de l’Etat de droit.
Référendum
Les élections législatives du 26 avril 2015 ont un double enjeu. Me Joseph Djogbénou, président d’honneur du parti Alternative citoyenne (Ac) et candidat dans la 16ème circonscription électorale (du 7ème au 13ème arrondissement de Cotonou) a rappelé ces enjeux dimanche dernier sur l’émission «Cartes sur Table» (Océan). Primo, le scrutin apparait comme un référendum sur la révision de la Constitution. La réforme constitutionnelle sera l’un des principaux, sinon le principal, thème des Législatives. Dans un camp, il y a la mouvance présidentielle qui souhaite avoir un nombre assez suffisant de députés pour pouvoir passer la réforme. Et en face, l’opposition démontrera que « voter la liste Fcbe, c’est voter la révision opportuniste de la constitution » ; donc le maintien de Boni Yayi au pouvoir au-delà du 06 avril 2016. Date de la fin son dernier mandat constitutionnel. «Nous sommes à un moment extrêmement important, a rappelé Me Djogbénou sur Océan Fm. Il y a les élections présidentielles en 2016. De la qualité des élections législatives dépend la qualité de l'élection présidentielle. De la qualité des élections législatives dépend la tenue de l’élection présidentielle. Entre avril 2015 et avril 2016 il y a quand même plus de 10 mois à l’Assemblée nationale où tout peut être fait.»
Un avant-gout de la bataille de 2016
Secundo, ces législatives constituent le premier round des primaires pour la présidentielle de 2016. Le second round sera les Municipales, Communales et Locales du 31 mai 2015. Plusieurs présidentiables sont d’ailleurs en lice pour le scrutin législatif. Ils y vont pour, certains tester leur force de frappe électorale et d’autres la confirmer. Candidat annoncé à la présidentielle de 2016, Eric Houndeté se trouve dans la seconde catégorie. L’homme qui termine sa troisième expérience législative devra montrer qu’il a pris du poids électoralement. Cet exercice représente pour lui une étape décisive vers la présidentielle de 2016. Il se bat d’ailleurs pour être le candidat unique de l’Union fait la Nation. Farouchement opposé au régime Yayi et à toute révision opportuniste de la constitution, Il est un probable adversaire-et pas des moindres- du candidat cauris en 2016. Au regard de ce contexte et de tous ses enjeux, on peut donc, postuler que dans la cinquième circonscription électorale, le scrutin législatif du 26 avril prochain sera celui d’un duel entre le finissant Boni Yayi et le montant Eric Houndeté.
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