Nigeria is back !

On avait prédit tout, le mal et le pire de mal, pour l’issue des dernières élections (présidentielle et législatives) de notre grand voisin de l’Est. Les nouvelles qui nous arrivaient du Nigéria avant le scrutin à haut risque des samedi et dimanche derniers largement relayées par  les chaînes internationales de radio et de télévision et même par  la presse de ce pays étaient tout sauf optimistes.

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Dans les camps des deux principaux partis, les jusqu’au-boutistes montraient leurs muscles et laissaient prévoir des lendemains d’élection pour le moins apocalyptiques. Il n’est pas jusqu’au premier lauréat du prix Nobel de littérature Wolé Soyinka pour enfoncer le clou, à la veille même du scrutin, dans une interview au grand quotidien nigérian the guardian. Soyinka qui n’a pas sa langue dans sa poche a parlé  de  ces élections comme marquées par la violence, le vice et l’absence de principe : «  this has been one of the most vicious, unprincipled, vulgar and violent election exercises I have ever witnessed », martèle t-il aux journalistes.                 

 Eh bien ! La réalité a fait mentir les Cassandre d’ici et d’ailleurs qui étaient à mille lieues d’imaginer que dès l’annonce  des premiers résultats, le vaincu  serait le président sortant qui  allait aussitôt reconnaître sagement sa défaite et féliciterait le vainqueur, ainsi que les dépêches des grandes agences se sont empressées de l’annoncer dès mardi soir. Quelle élégance ! Une grande première pour ce pays qui  nous réconcilie avec la fierté d’une Afrique debout,  et celle d’un géant inconscient de sa force qui vient ainsi de conquérir de haute lutte, le statut de pays où l’alternance démocratique  est possible et réalisable sans anicroche, dans le respect des règles du jeu démocratique  qui veut que celui qui a perdu une élection ne cherche pas à tout prix à s’accrocher au pouvoir. Après le Sénégal, le Nigéria auquel personne de sensé n’aurait parié un kopeck sur une issue heureuse de ses joutes électorales, donne ainsi une leçon de démocratie à l’Afrique. Son processus démocratique s’est  considérablement amélioré au fil des mandats successifs. L’issue heureuse du scrutin de  cette année est la résultante de trois facteurs que sont la maturité du peuple, la parfaite maîtrise de l’organisation du scrutin par l’organe de gestion des élections (nous en parlerons dans nos prochaines éditions ) et la détermination d’un homme, Muhamadou Buhari qui se présente pour la cinquième fois à la magistrature suprême.  

>> Nigéria : Goodluck Jonathan, nouvelle étoile polaire de la démocratie !

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Avec lui, le Nigéria est véritablement  de retour sur la scène africaine et mondiale ! Cet homme dont les médias occidentaux ne se plaisent à montrer que son passé de putschiste (en occultant le cas Obasanjo, putschiste lui aussi mais présenté aujourd’hui  comme un démocrate bon teint ) est un vrai incorruptible pour autant qu’on puisse l’être dans un pays complexe et immense comme le Nigéria. C’est d’abord et avant tout un nationaliste ombrageux soucieux de l’intégrité de son pays qui n’abandonnera aucun pouce du territoire nigérian à autrui, comme Goodluck Jonathan l’a fait ces derniers mois. De ce point de vue, les premières déclarations du président élu sur la nécessité d’en finir avec la secte moyenâgeuse  Boko Haram sont plutôt encourageantes. Sa réputation d’homme à poigne peut faire craindre un remake  des pires années du règne du sinistre Abacha. Le tandem qu’il avait formé dans les années 80 avec le Général Tundé Idiagbon aujourd’hui décédé a semé la terreur  dans le rang des démocrates, sous le  couvert de la discipline et de la lutte contre la corruption. Mais les temps ont changé au Nigéria comme en Afrique. La perspective de subir le sort d’un Gbagbo à la Cpi ou d’un Compaoré en cavale à Abidjan n’incite guère à retourner sur les sentiers battus du despotisme obscur des Eyadéma et autres Mobutu. Au contraire ! Désormais, on dira avec raison que ce qui est possible et réalisable : un fichier biométrique des électeurs avec sécurisation intégrale dans un pays immense  de 70 millions d’électeurs est réalisable a fortiori dans les pays nettement plus petits. Le Nigéria avec un Buhari auréolé de sa légitimité acquise dans les urnes, a les moyens et tous les atouts  pour impulser un  nouvel élan aux processus démocratiques dans l’ensemble Cedeao. Pour en finir avec des tyrans aux petits pieds de l’acabit du Gambien Yaya Jamey. Pour en finir aussi  avec les révisions constitutionnelles permettant aux  pseudo-messies autoproclamés développeurs de s’éterniser au pouvoir par le jeu des tripatouillages des lois fondamentales. Suivez mon regard !

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