Ainsi sera libellée sur le portail la banderole qu’on déroulera à l’entrée de l’Assemblée nationale, le jour de l’investiture du parlement à la prochaine mandature. Lorsqu’ on voit la portion congrue accordée aux femmes sur les listes des divers partis et alliances de partis durant ces élections législatives, on se demande où sont les femmes candidates et pourquoi on ne les trouve qu’en fin de liste, lorsqu’elles ne sont pas complètement absentes.
Combien d’affiches de campagne jalonnent nos rues, avec des leaders uniquement entourés des hommes positionnés dans nos communes. Uniquement des hommes, comme si les femmes n’existent pas chez nous. Même les plus grands partis, comme les Fcbe, le Prd et l’Un qui avaient promis ciel et terre, parité et tous ses honneurs aux femmes n’ont pu qu’orner leurs listes de quelques rares fleurs aux noms féminins, parce que les femmes n’ont pas les moyens de s’offrir les places de choix sur leurs listes. Ils oublient, ces leaders, comme l’enseigne un proverbe africain, que « la femme est la ceinture qui tient le pantalon de l’homme ».
Bataille pour les positionnements
Il faut dire que la bataille du positionnement a été rude. Les places ont été achetées à prix d’or, raconte t- on dans les coulisses. Tout ceci a généré des mécontentements, d’où les déclarations fracassantes de militants et autres barons de grands partis qui ont claqué la porte pour se jeter dans les bras de partis dont l’idéologie était parfois opposée à la leur. Alors, toute honte bue, les voilà vociférant contre la main qui les a nourris et on entend dire par ci, par là : « Comment ça ! Lui aussi ! Pas possible qu’il quitte ce parti-là qui l’a fait ! Ce parti qui lui a tout donné ! Ce parti qui l’a nourri toutes ces années ».
Mais comme l’a dit un grand homme, qu’est-ce que la vertu sans un minimum de bien-être ? Tout le peuple sait désormais que nos hommes politiques ne militent pas dans un parti politique par conviction, mais plutôt parce qu’ils sont à la recherche d’un mieux-être. Un mieux-être tellement mieux, que seule procure la politique. Du moins, en Afrique. Et c’est la raison pour laquelle tout le monde veut aller à la politique. Elle est devenue le lieu où on s’enrichit vite, très vite ; le lieu où l’on devient quelqu’un d’important très vite et on en met plein la vue à toute la société. Alors, lorsqu’on voit ses intérêts noyés, on se bat bec et ongles pour sortir sa tête de l’eau, pour ne pas mourir politiquement. D’où ces désistements et ralliements contre nature qui donnent à réfléchir aux citoyens ordinaires à qui je m’assimile.
Femmes vertueuses de mon pays
Comment la femme qui est par essence mère, éducatrice de la Nation peut-elle prêter flanc à ces combats de gladiateurs où l’éthique et la décence n’ont pas droit de cité ? Comment nous femmes, pourrons- nous nous dédire ? Déclarer à la face du monde que Fcbe je suis, Fcbe je resterai jusqu’à mon départ de la politique. Rb je suis, Rb je resterai jusqu’à ma mort. Et du jour au lendemain, parce que mon parti me demande de quitter la marmite viandée (version Todjinou), je décide de claquer la porte de mon parti pour emprunter d’autres couloirs pour me rendre chez le voisin d’en face, parce que mes intérêts ne sont plus sauvegardés dans mon parti. « Adogocratie ! Quand tu nous tiens ! (version Président maire N. Soglo).
Des promesses mielleuses, voire fallacieuses
Les cas de Claudine Prudencio et Hélène Aholou Kèkè sont particuliers, et doivent faire réfléchir les femmes qui décident de se lancer en politique afin qu’elles restent collées à leurs convictions, pour mener le bon combat au nom de notre peuple. Et savoir partir lorsque vous ne vous sentez plus en phase avec la direction de votre parti. C’est ce qu’elles ont fait et à leur place, j’aurais agi pareillement. « J’ai essayé de changer les choses de l’intérieur… », a déclaré C. Prudencio à la face du monde, lors du lancement de sa campagne. Chères dames en rébellion, qu’avez-vous fait pour les femmes ? C’est ce que moi, je vous demande. Je pose la même question à toutes les femmes de la mandature finissante. Car, qui mieux qu’une femme peut connaître nos préoccupations, se battre pour nous octroyer notre part de la richesse nationale. Chacun des décideurs a pris sa part et s’est bien engraissé au détriment du peuple. Aujourd’hui, on recommence à nous promettre ciel et terre, le pain et l’akassa accompagnés de bonnes viandes et des poissons bien gros, des routes, des hôpitaux, de l’emploi non précaire pour nos jeunes. Tout y passe. Beaucoup de microcrédits pour les femmes, les belles femmes, nos mères, nos mamans chéries… vacuité totale ! Du vent, je dirais plutôt. Chacun y va de son bagout pour nous emberlificoter, nous instrumentaliser pour recevoir nos suffrages à gogo.
Les femmes béninoises sont très fâchées
Le peuple n’est plus dupe. Nous, femmes de ce pays, sommes plus conscientes que jamais, que nous ne voulons plus servir de marchepied à qui que ce soit. Même les femmes rurales et autres demi-lettrées de nos villes se sentent flouées et le crient sur tous les toits. Nous voulons gérer le pays aux côtés des hommes, afin que l’autre moitié du ciel que nous sommes, ne soit plus laissée en rade. Sachez que les femmes béninoises sont très fâchées. Et si tout se passe correctement, ceux qui ont passé le temps à détourner l’argent du contribuable, au lieu de travailler pour un mieux-être de nos populations, ceux-là qui ont passé toutes ces années à nous mentir, nous jeter des fleurs pour mieux nous endormir, recevront tous un Carton Rouge.
En ce qui me concerne, je m’interroge en ce sens. Comment mieux faire entendre les voix féminines désormais réduites au minimum dans l’hémicycle ? En effet, je présage que vous serez encore en nombre plus infime à la prochaine mandature. Car, combien sont positionnées têtes de liste ? Combien ont pu s’offrir cette place tant enviée, tant recherchée ?
Le président Boni Yayi a déclaré à la face du monde que les politiciens mentent au peuple béninois, lui compris. On le savait, M.le Président. On est rassuré maintenant sur cette vérité de Lapalisse. Mais moi, je fais confiance à mes sœurs. Je sais qu’elles ne nous mentiront pas, une fois élues à l’Assemblée nationale. Elles ne nous décevront pas non plus. Le Professeur Métinhoué, au cours d’un colloque, a déclaré que l’entrée de Maître Grâce d’Almeida comme membre du bureau du Haut Conseil de la République, lors de la Conférence Nationale a permis de prendre en compte les intérêts des femmes, lors de la transition. C’est pourquoi, il est important que nous, femmes soyons aux côtés des hommes, partout où il est question de décider du sort de la République. Même si nos Honorables députés ne veulent pas entendre parler de la parité, en avançant des arguties (Epiphane Quenum parle de la Belgique qui n’aurait pu constituer son gouvernement à temps à cause de la parité, mais Maman Rosine Soglo lui avait bien répondu à l’époque qu’il ment), nous irons à l’Assemblée, ne leur en déplaise à nos hommes si boulimiques du pouvoir. « Tout pour eux, rien pour nous ».
Femmes béninoises, votons pour les femmes bien positionnées
Sachez, chères candidates, que toutes les femmes béninoises vous soutiennent. Peu importe le nombre que vous serez ; soyez efficaces en votant des lois pour améliorer notre sort, le sort des femmes, le sort du peuple. J’exhorte donc toutes mes sœurs béninoises à voter pour les femmes qui sont bien positionnées sur leur liste, afin qu’elles aillent nous représenter au parlement pour défendre nos intérêts. Peu importe le parti qui les y envoient. Elles sont d’abord femmes et doivent se battre pour bien nous représenter. Les 52 % de ce pays comptent sur elles. Car celui qui n’est pas à la cuisine pendant que le repas se prépare, ne trouvera à manger que la moitié du poulet que la cuisinière déposera sur la table.
Un collègue m’a carrément apostrophée dernièrement en ces termes : « Mme Allagbada, je lis toutes vos œuvres ; j’aime bien vos écrits, mais il y a une chose que je n’accepte pas… Vous défendez trop les femmes… comme si elles étaient des anges ! ». Qui parle d’ange et de diable ? Non ! Le débat n’est pas sur ce plan. Il s’agit pour moi de faire entendre les voix des sans voix que nous sommes, répercuter nos problèmes pour les porter sur la place publique. Lorsqu’une mère a deux enfants et que l’un des deux a une tare de naissance (la femme béninoise est plus marginalisée que ses autres sœurs africaines), elle a le devoir de protéger le plus faible, en l’occurrence la femme. L’homme est si fort, si bien loti qu’il n’a pas besoin de quelqu’un pour le protéger, pour sauvegarder ses intérêts. Il laisse toujours les miettes à la femme. Les listes électorales sont là, qui parlent pour nous. Les communales n’apporteront guère de changement. Ne nous leurrons pas. Dans ce pays, on prend les mêmes et on recommence. Pourvu qu’on arrive à ses fins. On s’en fout, si le peuple crève de faim. Pourvu qu’on soit élu. Et après, frououou !!! Rien ne change dans nos vies.
Et pourtant, si on pouvait donner plus de chance aux femmes pour montrer ce dont elles sont capables ! Combien le pays irait de l’avant ! Pour finir, je fais confiance en nos femmes, pour qu’elles demeurent fidèles à nos idéaux, aux valeurs qui sont les nôtres à savoir : fidélité, éthique, reconnaissance et surtout, respect de la parole donnée. Si les populations vous envoient à l’Assemblée parce que vous leur avez promis de rester à gauche, n’allez pas vous jeter dans une rivière à droite, parce que les poissons qui s’y trouvent sont plus gros, et qu’on vous débauche à coups de millions. La honte qui s’abat sur un individu est celle de toute sa collectivité. Celle qui s’abat sur une femme cause plus de dégâts, car on la mélange à toute la gente féminine. Cette pourriture escalade, vons, vallées, monts et montagnes et répand sa mauvaise odeur partout. Et les gens diront sans faire de distinguo : » Ah ces femmes ! Quelle pourriture ! ». En quoi sommes-nous plus pourries que les hommes ? D’ailleurs, combien de femmes gèrent mal à travers le monde ? Les femmes ont des convictions et quittent les choses lorsqu’elles ne sont plus comprises. Et combien d’hommes ont démissionné de leurs postes, parce qu’ils n’acceptaient plus le sort qu’on leur fait dans leur environnement ? Je connais pourtant plusieurs femmes qui ont quitté un poste privilégié, sans tambour ni trompette dans ce pays, parce qu’elles ont refusé que leur honneur, leur dignité soient bafoués.
Nos représentantes seront si efficaces que le pays ne se rendra pas compte de leur faible présence numérique. Si nous nous mobilisons pour les y conduire toutes. Du moins celles que la boulimie masculine a voulu bien positionner.
Bonne chance à mes sœurs ! A Calavi où je vis, mon choix est fait. Pourvu que la guéguerre Cos-Lépi – Gouvernement trouve une issue heureuse et que je puisse récupérer ma carte d’électeur. Les politiciens nous mentent. Pire, ils dilapident les maigres ressources de notre pays et nous enfoncent davantage dans la misère. La misère étant essentiellement féminine, espérons que nos sœurs à l’Assemblée aideront ces nombreux hommes à voter des lois qui aideront le pays tout entier à sortir de la misère. A savoir, ne plus laisser les politiques décider de tout, s’accaparer de tout et nous plonger chaque jour que Dieu fait dans plus de misère encore.
Malgré les dysfonctionnements et atermoiements qui caractérisent l’organisation des prochaines élections nous devons tout mettre en œuvre pour que tout se déroule dans la paix et la sérénité sur toute l’étendue du territoire national. Dans ce combat, nous, femmes, devons être en première ligne, car les enfants et nous, sommes toujours les premières et principales victimes de tous les troubles qui peuvent faire basculer la vie de tout un pays. « Ah ! Si Dieu était une femme, le monde aurait un autre visage », comme l’a écrit Dafia Gniré.
Cette pensée merveilleuse de Kennedy
Si chacun pouvait avoir à l’esprit cette pensée merveilleuse du grand homme d’Etat américain, John Kennedy : « Ne demande pas ce que ton pays peut faire pour toi, mais ce que toi, tu peux faire pour ton pays ». Bonne chance à vous mes sœurs, candidates aux différentes élections nationales. La Nation tout entière vous accompagne de ses prières ; car, ce que femme veut, Dieu le veut.
Souhaitons vivement que Hillary Clinton soit le prochain vainqueur des élections aux Etats- Unis pour que l’onde de cet heureux événement, dans la première puissance du monde ait des répercutions bénéfiques pour les femmes béninoises dont le pays s’emploie à être une vitrine de la démocratie en Afrique.
Adélaïde Fassinou Allagbada
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