« Le pays des hommes intègres » était avec le Niger, l’un des deux seuls pays d‘Afrique de l’ouest que je n’avais pas encore visités. C’est désormais chose faite du 16 au 17 Mai dernier
Une invitation opportune
En acceptant spontanément l’invitation de mon illustre hôte, Pdg de cette entreprise de Btp , Ebomaf pour ne pas la nommer, qui a naguère défrayé la chronique chez nous, je me suis fixé deux objectifs. D’abord, satisfaire leur soif de témoignage et de visibilité. D’autant que notre journal qui est très présent sur la toile mondiale intéresse de plus en plus les annonceurs d’ici et d’ailleurs. Aller constater de mes propres yeux ce que pèse cette entreprise dans son propre pays valait le sacrifice d’un weekend en famille. Car, même s’il est entendu que nul n’est prophète chez soi, aucune entreprise ne devrait rayonner à l’extérieur de son pays, si elle n’a pas d’ancrage chez elle. Au regard de ce qui précède, il apparaitrait incongru de bouder le plaisir de cette invitation qui ne me coûtait pas grand-chose, si ce n’est l’éloignement de quelques heures d’une actualité politique nationale assez riche mais en berne en cette avant-veille de l’élection du bureau de l’Assemblée Nationale. Au demeurant, dans ce métier d’entreprenariat de presse, on apprend plus ou moins vite, et cela à son corps défendant, qu’on ne peut gérer avec les seuls sentiments et des convictions fortes. Ensuite, je voyais cette invitation comme une occasion en or pour visiter un pays qui a marqué positivement l’actualité en Afrique et dans le monde ces dix derniers mois. Mais je dois à la vérité de dire que je nourrissais en réalité le secret espoir de rencontrer un monument du monde politico-culturel béninois qui, de son propre aveu, a choisi de vivre le restant de ses jours au Burkina .Un homme que les nouvelles générations connaissent peu ou pas du tout :le grand philosophe: Stanislas Spéro Adotévi, , auteur du célèbre pamphlet Négritude et négrologues qui a fait « tabac » dans les milieux estudiantins et intellectuels des années 70 au même titre que Sur la philosophie africaine de l’autre grand philosophe qu’est le Pr Paulin Hountondji et Négritude et servitude du philosophe camerounais Marcien Towa aujourd’hui disparu .
La fête de l’entreprise burkinabè
Eh bien, tous mes objectifs ont été pratiquement atteints ! Le premier qui va faire l’objet d’un reportage en bonne et due forme dans nos colonnes les jours prochains, m’a ouvert les yeux sur ce petit pays du Sahel chauffé du lever au coucher du jour par un soleil des plus ardents qui est aujourd’hui le premier producteur d’or blanc du continent avec 700.000tonnes ,loin très loin de notre production nationale dont personne ne sait s’il va dépasser ou atteindre ou les 300 .000 tonnes . « Un pays où on fait pousser la pomme de terre qui inonde nos marchés sur du caillou » dixit Adotevi. Le gala auquel j’étais convié était organisé pour célébrer les 100 meilleures entreprises les plus performantes du pays .C’est là que j’ai eu la surprise de constater par exemple que la banque la plus performante n’est pas la filiale locale d’une banque à vocation ouest africaine qui a pignon sur rue chez nous mais une banque nationale du Burkina qui a des succursales en Côte d’Ivoire !J’ai découvert aussi que la société d’assurance et de réassurance la plus performante aussi est l’ancienne société d’Etat aujourd’hui d’économie mixte qui porte exactement le même nom que celle créée et démantelée sous le régime du Prpb. Le Burkina, je l’ai appris là-bas, dispose d’une compagnie aérienne qui dessert sans discontinuer tous les pays de la sous région depuis 48ans. Comment s’étonner alors que de ce pays, puisse émerger une entreprise de Btp qui a conquis des marchés très importants pas seulement au Bénin mais dans la sous-région? Et le ministre guinéen est arrivé tout droit de Conakry pour en témoigner. Là-bas, on a compris que l’Etat Burkinabè, à l’instar de la France qui s’investit totalement dans la vente des produits français comme le fameux avion Rafale, a l’impérieux devoir de soutenir ses entreprises nationales comme privées. D’ailleurs, le gala diffusé sur la chaîne nationale de télévision et une chaine privée panafricaine était présidé par le chef d’Etat de la transition Michel Kafando en personne, en compagnie du Premier ministre Isaac Yacouba Zida. Tous les deux, arrivés avec une bonne heure de retard, ont pris le dîner de gala en marche, le temps de prendre toutes les dispositions sécuritaires. Aucun des deux n’a prononcé de discours ce jour- là. Cette corvée a été réservée au ministre des infrastructures économiques. A la fin de la cérémonie qu’ils ont suivie de bout en bout, les deux personnalités sont sorties de l’immense salle de spectacle du Laïco Hôtel sans tambour ni trompette et tous les convives dans leur foulée, sans aucun protocole ! Spectacle inimaginable sous nos cieux !
L’idole et le fan
Le clou de mon séjour de 24h a été sans conteste cette visite à mon idole des années 70 que je n’avais jamais rencontré. L’homme aujourd’hui âgé de 81 ans est tel que les photos l’ont toujours présenté, cheveux tout blancs et hirsutes , le regard toujours vif et les yeux inquisiteurs de celui qui passe tout le temps à méditer. L’entrevue eut lieu au pas de charge, dans son immense bibliothèque attenante à sa villa à un étage décorée de nombreux objets d’art et plantée d’une multitude de fleurs dans le quartier bien nommé du Gondwana qui ne paye pourtant pas de mine. Arrivé à midi à l’heure du repas pour un entretien à bâtons rompus prévu pour durer une trentaine de minutes et qui fera l’objet d’une publication dans nos prochaines parutions, je suis restés plus de deux heures avec lui à remonter le temps et à parler de notre pays dont il est si fier. A l’annonce de la mort intervenue deux jours auparavant de Jean Pliya, grand homme de culture, il n’a pu retenir son émotion, annonçant qu’il ferait le déplacement de Cotonou à l’occasion de son inhumation. Et, au détour d’une question sur l’actualité politique nationale avec ce vrai faux débat sur la révision de la constitution il a martelé sa conviction « contrairement aux autres pays africains qui nous entourent, nul ne peut modifier la constitution pour s’éterniser au pouvoir chez nous. C’est un acquis que nous avons le devoir de préserver » a-t-il conclu.
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