«De Dakar à Dakar» : ce que vaut la «Francophonie politique»

Publié, à l’occasion du dernier sommet des Chefs d’Etats et de gouvernements tenu l’an passé à Dakar, le livre «De Dakar à Dakar» rendant compte de «25 ans d’engagement de la Francophonie au service des droits de l’homme, de la démocratie et de la paix», a été au cœur d’un débat d’idées ce mardi à l’Institut français du Bénin à Cotonou avec Me Robert Dossou et deux éminents professeurs à savoir Mme Christine Desouches et M. Joseph Maïla, qui sont tous trois, de véritables architectes de l’organisation francophone et contributeurs parmi tant d’autres pour sa parution.

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Novembre 2014. Un évènement important des pays ayant en partage le français. C’est le sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement ayant le français en partage qui s’est tenu à Dakar dans la capitale du Sénégal. Cela rappelle également la troisième  édition de ce somment tenu  dans cette même ville et pour la première fois en terre africaine, en mai 1989.  De Dakar mai 1989 à Dakar novembre 2014, 25 ans se sont écoulés. Une sorte de noces d’argent qui n’est pas passée inaperçue. Un «grand» ouvrage  au titre évocateur, y est  consacré : «De Dakar à Dakar». Un livre constitué d’articles de plusieurs acteurs dont des responsables politiques et institutionnels, des personnalités  du monde social associatif ou académique qui  ont animé l’aventure francophone de l’Organisation internationale de la Francophonie. Publié chez «bruylant», cet ouvrage-repère, a fait l’objet d’un enrichissant débat d’idées ce mardi à l’Institut français du Bénin à Cotonou avec des invités de  premier choix que sont Me Robert Dossou, l’ancien président de la Cour Constitutionnelle du Bénin, l’éminent professeur Joseph Maïla et Mme Christine Desouches qui est la directrice du comité éditorial ayant coordonné les travaux éditoriaux. Débat mené sous la modération du conseiller à la Coopération de l’Ambassade de France au Bénin, Jean-Luc Fabre et en présence d’un auditoire hétérogène de diplomates, de ministres, d’autres grands responsables, de journalistes et de curieux venus s’éclairer sur ce qu’est la Francophonie politique et ce qu’elle vaut réellement.

Communauté de pays volontairement unis

Au-delà du fait qu’elle a pour ciment la langue, le français, quand on parle de Francophonie a expliqué Mme Desouches, «c’est d’abord une communauté de pays qui se sont volontairement unis ».  Plus qu’un cadre de coopération culturelle en  référence à l’Agence de coopération culturelle et technique (Acct) créée plus tôt, la francophonie dès le projet du Président Léopold  Senghor,  selon elle, avait déjà une «portée politique». Dès le projet élaboré entre 1960 et 1966, rappelle Mme Desouches, «Pour le président Senghor,  cette communauté devrait permettre de s’affirmer  sur la scène internationale pour pouvoir peser» dans les instances de prise de décision mondiale. Avec ses pairs, ils ont donné écho à cette volonté d’une communauté à portée politique dans la déclaration faite en 1989 à Dakar lors du 3ème sommet des chefs d’Etat et de gouvernement.  «Volonté commune d’œuvrer à l’instauration d’une paix solide  et durable» avaient-ils manifesté.   De nombreuses actions ont été menées dans cette perspective, selon l’ancienne conseillère spéciale chargée des Affaires politiques et diplomatiques du Sg de la Francophonie. Entre autres, l’instauration d’un cadre de « dialogue soutenu, des réformes institutionnelles importantes, la dotation d’un code démocratique ». En 25 ans résume alors Christine Desouches, la Francophonie qui veut répondre aux défis contemporains a eu «la capacité de se modifier et de s’adapter».

Un socle de démocratie

Réfutant les allégations tendant à réduire la Francophonie à une organisation de langue  de culture, un instrument de néo-colonisation au service de la France, l’ancien bâtonnier Me Robert Dossou qui a présidé la conférence ministérielle de la Francophonie a démontré qu’il s’agit d’«un socle de démocratie».  A Dakar 89, souligne-t-il, « les chefs d’Etat et de gouvernement ont pris une petite résolution de deux lignes qui est devenue le programme le plus alléchant de la francophonie : la Démocratie». Ils se sont, a rappelé Me Dossou, engagés à défendre, promouvoir «un Etat de droit, de paix et de démocratie». Dans cet ordre d’idées, un travail remarquable s’est fait avec «la création de réseaux institutionnels et d’Ong». C’est, a-t-il indiqué, le cas de l’Association des Cours Constitutionnelles de pays ayant en partage le français. Un organe qui, dit-il, alerte dès que des pressions sont mises sur une Cour constitutionnelle dans un Etat membre dans le but de tordre le cou à la démocratie. Aussi témoigne Me Dossou, «c’est la Francophonie qui a mis au point la méthodologie d’observation des élections en usage dans la sous-région».

Une synergie d’actions politiques

Pour sa part, le professeur Joseph Maïla a expliqué comment «la francophonie fonctionne par une mise en synergie des actions politiques». Il relève trois choses essentielles réalisées en 25 ans de Francophonie politique. La première des réalisations, est que la communauté s’est dotée d’«institutions efficaces». En deux et en trois, il existe désormais «une doctrine francophone» et «une action fondamentale» en matière de « paix et médiation». -Son  article «Paix et médiation : l’expérience francophone» dans le livre en dit long-. On a selon lui, «à faire à des principes régulateurs ». Pour appartenir à cette communauté affirme-t-il, «On sait qu’il faut  être démocrate». Mais toujours est-il que de son point de vue, beaucoup de choses attendent cette communauté. «Comment se mouvoir dans un contexte de multilinguisme dominé par l’anglais, réfléchir à un espace francophone de migration, une francophonie économique,  une géopolitique des  aires culturelles, une géopolitique de la culture, de la diversité ?»

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