Délestage au Bénin : Maria Gleta, le mauvais joker du Gouvernement

D’une capacité de 80 Mw, la centrale à turbines à gaz de Maria Gleta a été construite pour augmenter la capacité énergétique propre du Bénin. Cependant, depuis sa réception par l’Etat, l’infrastructure n’a jamais tourné. Le délestage de longue durée est de retour.

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Le Bénin est dans le noir. Depuis plusieurs jours, ménages, entreprises et administrations broient du noir. Tout fonctionne au ralenti. Dans certaines localités du pays, les populations sont privées d’énergie électrique pendant douze heures et plus. La Société béninoise d’énergie électrique (Sbee) explique cette situation invivable par des perturbations dans le secteur électrique du Nigeria, l’unique fournisseur d’énergie électrique au Bénin et même à son voisin de l’ouest, le Togo. Débutées samedi 23 mai, ces perturbations sont liées à une panne du système de production énergétique qui alimente le Bénin depuis le Nigeria, via la Tcn (Transmission company of Nigeria). Du coup, au lieu de 200 Mw, le géant de l’Est n’injecte dans le réseau de la communauté électrique du Bénin (Ceb) que 50 Mw que se partagent le Bénin et le Togo.

Pour amoindrir la souffrance des populations, la Sbee dit recourir aux capacités de production additionnelles dont dispose le Bénin. Ce sont les groupes électrogènes des sociétés Mri et Aggreko et la central de turbines à gaz de Maria Gleta. Située dans la commune d’Abomey-Calavi, la centrale de Maria Gleta est mentionnée par les autorités du gouvernement et de la Sbee, chaque fois que le Bénin fait face à une crise énergétique. Pourtant, depuis la fin de sa construction, cette centrale n’a jamais fonctionné normalement. Bon nombre d’observateurs de la vie publique béninoise la qualifient d’ailleurs d’un éléphant blanc qui ne dit pas son nom.

En effet, d’un côut global de 40 milliards fcfa entièrement finnancés par le budget national, cette centrale est censée avoir une capacité de 80 Mw. Elle est composée de huit turbines à gaz de 10 Mw chacune. Les travaux de construction de cette centrale ont été lancés en 2008. Prévus pour ne durer que trois, ces travaux ont dépassé le délai d’exécution pour ne prendre fin qu’en 2013. Finalement, ce n’est qu’au dernier trimestre de l’année 2013 que l’infrastructure a été réceptionnée par le gouvernement béninois. L’entreprise en charge des travaux, Cai, qui explique ce retard par un certain nombre de facteurs liés au contrôle, se targue d’avoir livré à l’Etat béninois une infrastructure de qualité. Mais depuis, Maria Gleta se fait toujours désirer. La centrale a été conçue pour fonctionner au gaz naturel ou au Jet A1. Mais avec le Jet A1, le côut de l’énergie qu’elle produit est assez élevé, comparativement au prix auquel la Sbee vend le courant au consommateur. Faute de gaz naturel donc, l’infrastructure est condamnée au sort d’un éléphant blanc. En mars 2014, lors d’une autre crise énergétique, le désormais ex-ministre de l’énergie Barthélémy Kassa avait avoué que la centrale de Maria Gleta était un échec.

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Le ministre du sous-sol avait estimé que si le projet Maria Gleta avait été bien conduit, la centrale atténuerait les problèmes de délestages cycliques que connait le Bénin. Jusqu’à preuve du contraire, Maria Gleta est un échec. 40 milliards de fcfa du contribuable béninois en l’air. La centrale sert pas à ce pourquoi elle a été construite. Néanmoins, chaque fois que le délestage refait surface, les autorités se plaisent à brandir Maria Gleta comme preuve de leur volonté à résorber la crise énergétique. L’infrastructure sert plus à masquer l’échec du régime Yayi en termes fourniture de courant qu’à apaiser la galère énergétique des populations. Maria Gleta, le joker de Yayi, le malheur des Béninois

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