Le doigt de Dieu

Terrible nuit que cette nuit du mardi 19 mai 2015. Nuit à suspense ! Nuit chargée d’angoisse à l’Assemblée Nationale comme dans des maisons particulières sur toute l’étendue du territoire. On attendait, chacun à sa manière, les résultats d’une élection pleine d’enjeux. Les uns étaient rivés à leurs radios ;

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les autres accrochés à leurs portables appelaient éperdument tel ou tel correspondant. Les plus pieux égrainaient leurs chapelets. Dans certains coins de rue, des jeunes gens avaient fait leur provision de pneus et d’essence et étaient prêts à l’émeute. Dans un bâtiment administratif, à Porto – Novo, Mammon, avec ses liasses de billets enfouies dans des sacs, lourdement protégé par des chars et des canons, faisait monter les enchères. Il y a une semaine, dans un hôtel de Parakou, la mise était de 50 millions ; ce mardi au matin, c’était 100 millions, il fallait trouver le dernier traitre, il fallait absolument découvrir le singleton qui pouvait faire pencher la balance. Ce n’était pas pour rien qu’on l’avait repêché, car il  n’était pas élu et il fallait se livrer à toute une gymnastique pour le proclamer. Nuit d’angoisse ! Depuis 10 heures la vieille Présidente avait tenu bon. Mais tard dans la nuit, elle a fini par crier : « Mr le Président donne nous à manger ». Et ce fut fait.

Quelque part dans un quartier à Akpakpa, une dame musulmane priait avec ferveur en égrainant son chapelet. Piégée sans doute par la fatigue et le sommeil, elle laissa tomber son chapelet. Elle qui, d’habitude, pouvait égrainer trois fois de suite les 500 grains du chapelet n’a pu en finir un. Signe prémonitoire d’un échec ? L’angoisse se fit encore plus forte. Mais elle ne savait pas qu’à ce moment précis sonnait l’heure de la victoire. Nuit d’angoisse humaine car, comme pour lui dire que sa prière est montée au ciel, l’Archange Saint Michel avait dégainé son épée et avait assené le coup décisif à Mammon.

Nuit d’angoisse humaine ! Nuit d’un combat céleste où les anges de Dieu, prenant le parti des justes sur la terre, assurèrent la victoire en terrassant Mammon qui dut s’enfuir de Porto-Novo avec le reste des liasses de billets et ses chars. La salle de séance des députés puait la bouse de vache mêlée à une odeur nauséabonde difficilement respirable. Soudain au 42ème H, retentit un énorme cri de joie mêlé à un parfum qui mystérieusement envahit les lieux. Comme une traînée, la liesse se propagea de l’Assemblée à toutes les maisons particulières et fit chasser l’angoisse. Enfin on respire. Enfin on souffle.

Nuit de liesse où ciel et terre en communion peuvent chanter : Gloire à Dieu au plus haut des cieux. En effet, beaucoup ont vu dans cette victoire le doigt de Dieu. Beaucoup ont compris que cette nuit là Dieu était aux commandes. Du reste la grande confusion qui a accompagné ce vote historique, les accusations de trahison qui ont fusé de partout sont la preuve manifeste que quelque chose de mystérieux, quelque chose d’incompréhensible venait de se passer. Qui a trahi ? On peut se perdre en conjecture. En tout cas, Mammon a perdu la partie, du moins pour l’instant.

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Oui que des élus du peuple en soient arrivés à ce point de déchéance morale, que la recherche à tout prix de l’argent soit la raison principale de l’engagement politique, cela donne la nausée et donne la mesure de la déchéance morale de beaucoup de nos élus. On peut en tirer prétexte pour désespérer de ce pays. Cependant la nuit du 19 mai nous montre à l’évidence qu’il ne faut jamais désespérer. Le chemin qui conduit à la vie, à la vraie vie passe par le Golgotha. Prions pour que nous puissions retrouver ce chemin de vie comme les disciples qui allèrent à Emmaüs avec l’inconnu qui leur aura redonné la joie et l’espérance

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