Une démission en trompe l’œil

Dans une récente déclaration, l’ancien ministre Kassa a tenté d’expliquer sa démission du gouvernement, une démission qui, en vérité, s’apparente à un jeu habile de limogeage. Il a estimé que ce départ du gouvernement est une action de haute portée morale accomplie pour sauver l’honneur de la Patrie.

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Il écrit : « pour montrer l’amour que nous avons pour cette patrie, nous avons décidé de démissionner pour que les  partenaires qui ont pris des sanctions contre le Bénin puissent voir que nous sommes de bonne foi. Lorsque nous  disons que nous ne sommes pas impliqués dans la gestion du dossier, on doit le matérialiser avec un certain nombre d’actes et c’est ça qui a été fait. » Ainsi, à en croire Mr Kassa, sa démission est l’expression de l’amour qu’il nourrit pour sa Patrie, cet amour est si fort qu’il s’est offert en victime pour persuader les partenaires.

Explication embarrassante pour le moins et qui ne peut convaincre personne, car comment comprendre qu’un ministre, responsable de son ministère, ne soit pas impliqué dans la gestion des dossiers traités dans son ministère ? Comment un Ministre peut-il se présenter comme un simple figurant et décliner ainsi toute responsabilité dans un dossier dont il a la charge ? Cela paraît inconcevable et nous donne une idée sur la profondeur des turpitudes des ministres du régime actuel.

Mais dans ses conversations privées, le ministre donne-t-il les mêmes explications ? Que pour sa sécurité, le ministre ne puisse pas dire toute la vérité, qu’il fasse l’économie d’un aveu qui puisse lui coûter cher, tout cela se comprend.

En vérité, qu’avait-il à hasarder une explication du genre si cette explication n’avait pas pour but d’établir la vérité ? Au fait, la conduite du ministre comme celle de beaucoup de cadres ayant exercé ou exerçant une responsabilité sous ce régime, c’est d’inventer, quand éclate un scandale de leur gestion, tous les mensonges pour épargner le vrai destinataire des détournements, c’est de subir toutes les privations de liberté, dont la prison, pour ne pas éclabousser le patron dans l’espoir que le temps, exerçant son pouvoir d’oubli, les réhabilitera d’une manière ou d’une autre. Si la réhabilitation de Mr Kassa a été très rapide puisque l’intéressé devenu député jouit automatiquement de l’immunité parlementaire  que lui confère son nouveau titre de représentant du peuple, d’autres auteurs de scandale, après leur longue traversée du désert, peuvent espérer une réhabilitation pour rebondir dans la vie civile avec un casier judiciaire sans tâche.

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Ce régime nous aura donc appris une forme d’impunité toute nouvelle et inédite ; il pourra toujours  se vanter d’être un pouvoir incorruptible, puisqu’il sanctionne apparemment tous les auteurs de vol ; il les met à l’ombre pour un temps d’oubli, le temps que leur dossier soit noyé dans tel ou tel service chargé d’enquête pour leur redonner une certaine virginité sous l’œil complaisant de leur protecteur.

Voir la vidéo sur la déclaration de Barthélémy Kassa

Voilà aujourd’hui le raffinement inouï de la corruption tel que l’a organisé le régime en place et voilà aussi le comportement innommable des cadres qui ont perdu toute  notion de dignité humaine. On joue des pieds et des mains pour être à la tête d’une société d’Etat ou d’un service public important non pour en assurer la bonne marche, mais pour en assurer la ruine, avec un rare cynisme et un art consommé du vol, en envoyant sans aucune trace des sacs billets de banque à leur patron, billets de banque qui servent à organiser la corruption généralisée, qui en ces temps de malheur, gangrène tout le pays.

Devant cette corruption généralisée et inédite, tout le monde se pose avec angoisse cette question : « Allons-nous nous en sortir ? » On ne s’en sortira pas avec des lamentations aussi pieuses que celles des faiseurs de paix qui sont en vérité les vrais complices de cette corruption. On s’en sortira lorsque tout le peuple debout criera sa hargne et la manifestera, non seulement par des mots, mais par une action conséquente qui obligera le pouvoir établi à changer sa politique en la matière. Oui y a une honte à prôner la paix quand la paix demandée est complice du mal. Venant surtout des chrétiens, cette paix demandée est contraire à celle de l’Evangile, car la vraie paix n’est pas celle  qui repose sur les mensonges et les compromissions c’est-à-dire celle ‘’monde’’. La vraie paix est celle que chante le psalmiste lorsqu’il dit :

« Amour et Vérité se rencontrent Justice et paix s’embrassent ».

Oui la vraie paix est celle du  Christ qui affirme : « C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne; ce n’est pas à la  manière du monde que je vous la donne ».

La vraie paix, celle du  Christ : « ma paix » repose sur la Justice et l’Amour.

Roger BOSAVI
Professeur de lettres
Cotonou

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