Yayi – Abiola : confiance degré zéro

La dernière élection des membres du bureau de l’Assemblée nationale avec son record de procuration a révélé à la face du monde le degré de méfiance et de suspicion au sein du gouvernement. Le plus disant est le cas Abiola. Bien que ministre d’Etat et numéro deux du gouvernement, il a connu une fortune peu élogieuse révélatrice d’un désamour entre lui et son chef.

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A l’instar de plusieurs de ses collègues membres du gouvernement, le ministre d’Etat François Abiola n’a pu participer à l’élection des membres du bureau de l’Assemblée nationale. Sous injonction du président de la république, il a été contraint à donner une procuration à son collègue des travaux publics et des transports Natondé Aké et s’est privé de facto du vote. Il n’a pas peut être voulu faire comme son collègue Marcel de souza qui est resté dans l’hémicycle pendant le scrutin bien  qu’il ait déposé sa procuration. C’est donc le ministre Aké qui a voté à sa place pour le ministre Koutché. Là-dessus, il y a plusieurs interrogations. En effet, quelques jours avant cette élection, les médias et même des sources proches du ministre Abiola ont agité sa candidature pour le poste de président de l’Assemblée nationale. Il n’est pas évident qu’ils puissent le faire avec autant de frénésie si cette ambiance ne traverse l’homme car comme on le dit, il n’y a pas de fumée sans feu. Ainsi, on peut croire et dire qu’il avait une volonté de candidature au niveau du ministre d’Etat. Si donc cette candidature n’a pas prospérée c’est sûr qu’elle n’a pas bénéficié du soutien du Chef de l’Etat, le vrai gourou qui a téléguidé tout depuis la Marina. Yayi a donc préféré son jeune ministre des finances, sans aucune expérience parlementaire au détriment de son ministre d’Etat, numéro deux du gouvernement, et bien au fait des méandres parlementaires pour avoir été déjà élu deux fois. Comme pour pousser la suspicion et la méfiance au comble, Abiola est ciblé parmi les hommes qui n’inspirent pas trop confiance et qui doivent remettre des procurations à d’autres jugés pour confiants et plus rassurants. Un ministre d’Etat, premier de fait, représentant du Chef de l’Etat à maintes occasions, relégué aussi méchamment au rang de collaborateurs douteux, souvent en intelligence avec l’ennemi politique à abattre. Etre ministre d’Etat par ici c’est ce que cela représente. Le Chef de l’Etat vient ainsi de prouver qu’il ne fait pas confiance à son ministre d’Etat et ne le voit pas jouer le rôle de président de l’Assemblée nationale. Ceci ne devrait guère étonner. Abiola n’est pas le profil recherché par Yayi. Professeur titulaire d’université, il pourrait retrouver une trop grande indépendance d’esprit et une propension à l’affranchissement présidentiel une fois qu’il sera de l’autre côté. L’exemple de son collègue Mathurin Nago, lui aussi universitaire, ne milite pas en sa faveur. Yayi a besoin lui d’un « docile », un « larbin » qui va diriger l’Assemblée comme une institution « complice » du gouvernement et fait passer, comme une lettre à la poste, les projets de loi et demandes de ratification venant du gouvernement. A la charge d’Abiola, on soupçonne trop de familiarité avec cette opposition dont il est un produit. Ce désamour et ce manque de confiance entre ces deux hommes forts du gouvernement désormais évident tranche avec les sourires et la courtoisie des audiences et des réunions conviviales du palais. Si Abiola nourrit d’ambition présidentielle pour 2016, il ne doit compter sur lui-même et personne d’autre.

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