A l’école de la gestion locale

Une élection en chasse l’autre. Nous venons de fermer la parenthèse des législatives. S’ouvre celles des municipales, communales et locales. En attendant, dans moins d’un an, « la mère de toutes les élections », l’élection présidentielle. Pour l’heure, nos villes et nos hameaux, nos quartiers et nos différentes localités bruissent des voix et des tamtams d’une nouvelle campagne. Celle qui conduira à l’élection de nos élus locaux, conseillers, maires, chefs d’arrondissements et autres chefs de quartiers.

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On serait un fieffé menteur si l’on disait que l’on aime le Bénin sans qu’on manifeste la moindre once d’amour pour son quartier, pour son lieu de résidence, pour son lieu de naissance.. Car tout l’enjeu des élections municipales, communales et locales tient à cela. A ce qui nous lie et nous attache à « quelque part », à une portion de terre qui nous identifie et auquel nous nous identifions, qui nous signifie et sur laquelle nous apposons, en tout confiance, notre signature.

La magie de l’enjeu municipal, communal et local tient à trois données majeures. Ces données sont au cœur de tout vrai projet de développement. Il s’agit de la proximité, de la participation et de la subsidiarité. Ce sont là des ingrédients de tout progrès, de tout succès. Avec la vertu magique de faire lever, partout, la pâte d’un développement durable.

La proximité introduit l’idée de distance. Distance géographique d’abord pour dire que l’on est près de quelque chose. Godomè, par exemple, pour un natif de cette localité, ce n’est ni Paris ni New York. Distance psychoaffective d’autre part, parce qu’à Godomè  est située sa maison familiale, vivent ses parents et ses proches, et qu’au fond de la cour commune se trouve enterré son cordon ombilical.

La participation introduit l’idée d’engagement à faire quelque chose, à épouser une cause, à investir le meilleur de soi dans   quelque chose. On refuse d’être un spectateur. Parce qu’on s’engage à mettre la main à la pâte. On s’interdit de rester indifférent. Parce qu’on prend sa part de responsabilité dans ce qui se fait ou qui doit se faire. On s’investit pour le service des autres. Parce qu’on est convaincu que c’est en mouillant le maillot qu’on s’assure le gain du match.

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La subsidiarité introduit l’idée d’efficacité, justifiant par là même tout le bien fondé d’une politique de décentralisation et de développement à la base et par la base. Dans l’ancien système hyper centralisé que nous avons hérité de la France, quand un quartier de Nikki est sale ou mal éclairé, c’est l’affaire du pouvoir central situé à des centaines de kilomètres de là. Dans la politique de décentralisation que nous tentons de promouvoir, le pouvoir local, sur place à Nikki, est seul capable de résoudre ce problème. En foi de quoi, la subsidiarité, c’est l’intelligence, pour une structure supérieure, de confier à une structure inférieure l’exécution d’une tâche qu’elle seule peut conduire à bien et à son terme.

Si ceux qui se battent pour le contrôle des différents rouages du pouvoir local n’avaient pas en tête ces notions fondamentales, pourquoi cherchent-ils à nous convaincre de leur confier le merveilleux outil du pouvoir local ? Ils ne sauront rien en faire. Et la décentralisation que nous avons appelée de tous nos vœux restera comme une coquille vide encadrée de ses tares de toujours.

La première tare fait rimer décentralisation avec   délocalisation de nos querelles politiciennes du centre vers la périphérie. Il ne s’agit plus de promouvoir le développement à la base mais de se lancer dans une course éperdue à la politisation de tout et de rien à la base.

La deuxième tare fait rimer gouvernance et délinquance. Il ne s’agit plus de la gestion de tous et par tous d’un patrimoine commun mais, de l’accaparement en règle par une poignée de maffieux des biens d’une communauté. On gruge celle-ci. On confisque l’avenir de celle-ci. On interdit à celle-ci tout rêve de libération et d’émancipation. On condamne celle-ci à mort.

La troisième tare fait rimer efficacité avec pauvreté. Un système appelé à incarner la vraie souveraineté populaire, socle de toute vraie démocratie, par retour du pouvoir à la base, se vide alors de tout contenu. Il n’est plus qu’un prétexte au banquet ignoble de vils charognards. Est-ce pour cela qu’on sollicite nos suffrages et qu’on nous invite à voter le 28 juin prochain ? Gardons les yeux ouverts. Elevons nos consciences à la hauteur des enjeux

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