Bénin : quatre anciens présidents face à l’histoire

Heureux Bénin. Celui ou celle qui présidera aux destinées de notre pays, à partir d’avril 2016, aura à bénéficier, pour conduire sa lourde mission, du soutien de quatre anciens Présidents vivants.

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Il s’agit des Présidents Emile Derlin Zinsou, Mathieu Kérékou, Nicéphore Dieudonné Soglo et Boni Yayi. Chacun de ces quatre présidents est représentatif d’un pan significatif de l’histoire politique de notre pays. Si un jeune béninois manifestait le désir d’en savoir davantage sur l’évolution de son pays, un véritable cours d’histoire pourrait se mettre en place. Nos quatre anciens présidents en seraient les animateurs-témoins. Ils guideraient ainsi ce jeune par les plaines, les vallées, les monts et les collines d’une histoire vivante, mais bien souvent agitée.

Le Président Emile Derlin Zinsou est l’ultime survivant d’un quatuor historique. Avec Hubert Maga, Apithy Sourou Migan et Justin Tométin Ahomadégbé, le Président Zinsou a eu à écrire les premières pages de l’histoire du Bénin à la veille de son indépendance et aux premiers matins de sa liberté reconquise. Les uns et les autres sortaient de l’école coloniale. Même s’ils en avaient eu le cœur, ils n’étaient pas assez outillés, assez préparés pour dessiner l’architecture d’un jeune Etat et à lui assurer une place de choix dans la jungle des nations du monde. Le défi était énorme. La tâche était immense. Tout était alors à concevoir. Tout était lors à inventer. Sans référence assurée. Sans expérience établie. On hésita beaucoup. On se chamailla tout autant. Dans le désordre qui s’en suivit, le pouvoir kaki crut bon donner raison à ceux estimaient que la nature a horreur du vide.

Le Président Mathieu Kérékou restera comme la double figure emblématique du pouvoir militaire et du pouvoir révolutionnaire. Car l’Armée, face à ce qu’elle estimait être la faillite des civils, prit une part notable dans la gestion du pouvoir d’Etat. Elle s’illustra alors par des coups d’Etat à répétition. Ce qui fit désigner notre pays du triste sobriquet « d’enfant terrible de l’Afrique ». Ce fut à l’issue de l’un de ces coups d’Etat que Mathieu Kérékou, à la tête d’une junte militaire, fit l’option de construire un Etat révolutionnaire. Le marxisme-léninisme en fut le guide philosophique et le socialisme scientifique la voie de développement. Le pays, anciennement Dahomey, devint Bénin. L’école fut transformée en unité de production et tout cadre fut proclamé enseignant. Mais dans cette République des « camarades », la révolution finit par s’essouffler, refluant à marée descendante avant de laisser la place au Renouveau démocratique.

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Le Président Nicéphore Dieudonné Soglo inaugura une nouvelle ère qui se voulait de liberté, de démocratie, de multipartisme intégral et de respect des droits humains. Le renouveau démocratique ainsi mis sur les rails depuis 1990, au terme de la Conférence des forces vives de la nation et sous l’éclairage d’une nouvelle constitution, poursuit son petit bonhomme de chemin. Il a déjà bénéficié de la contribution de trois présidents, Dieudonné Nicéphore Soglo, Mathieu Kékérou et Boni Yayi.

Le Président Boni Yayi, justement, restera dans l’histoire de notre pays comme l’homme d’un triple objectif : le changement, l’émergence et la refondation. Trois chantiers majeurs pour dix ans d’action, avec des résultats divers. Il faut attendre que tout se décante avec le temps. Apparaîtront des strates de réalités difficiles à circonscrire et à saisir aujourd’hui. Pour l’heure, Boni Yayi n’aura pas réussi, en dix ans de pouvoir, à réviser, comme il le souhaitait, la Constitution. Il aurait dû s’y prendre plus tôt.

L’émergence rêvée est un projet de longue haleine. Les graines de maïs mises en terre aujourd’hui ne peuvent se transformer, comme par magie, en épis de maïs. Quant à la refondation, elle aurait pu se faire autour de la restauration de nos valeurs essentielles et d’une lutte sans merci contre la corruption. Estimons, néanmoins, qu’un chantier est ouvert et qu’à chaque jour suffit sa peine. D’autres mains, plus jeunes, plus expertes, plus ambitieuses, viendront boucher les trous de la jarre

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