Boni Yayi dans la logique d’assujettir le pouvoir judiciaire

Depuis lundi dernier, maître Evelyne da Silva Ahouanto est aux commandes du ministère de la justice. Pour qui ne la connaît pas, le nouveau Garde des sceaux est l’avocate personnelle du chef de l’Etat. Une réalité qui fait craindre un assujettissement de la justice béninoise.

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Voir concentrer dans ses seules mains tous les pouvoirs. C’est le rêve anti-démocratique que semble caresser le chef de l’Etat béninois, Thomas Boni Yayi. Depuis son arrivée au pouvoir en avril 2006, le président de la république s’est toujours évertué à réaliser, tant bien que mal, ce rêve aux relents tyranniques. Ce, avec ses tentatives jusqu’à la plus récente, de placer un de ses lieutenants au perchoir de l’Assemblée et en nommant des ministres prêts à tout pour satisfaire ses désirs, même les plus insoupçonnés à la tête du stratégique ministère de la justice. Et bien qu’étant à quelques mois de la fin de son régime, le chef de l’Etat, qui persiste et signe qu’il n’est pas encore fini ne semble pas abandonner son rêve de contrôler en plus du pouvoir exécutif, le législatif et le judiciaire. La nomination le 18 juin dernier, de maître Evelyne da Silva Ahouanto, Garde des Sceaux, ministre de la justice, de la législation et des droits de l’homme s’inscrit bien dans cette logique. La nouvelle patronne du ministère de la justice qui succède à Valentin Agossou Djènontin dont le bilan et la gestion liberticide ont été décriés par les magistrats béninois, est en effet l’avocate personnelle du président de la république.

Conflit d’intérêts

Elle, pour rappel, a défendu le chef de l’Etat dans bien de dossiers notamment l’affaire d’offense au président de la république dans laquelle son confrère Lionel Agbo a été condamné avant d’être gracié. Madame le Garde des Sceaux faisait également partie du collège d’avocats qui a défendu le chef de l’Etat dans les rocambolesques affaires de tentative d’empoisonnement du président Yayi, de coup d’Etat et d’atteinte à la sureté de l’Etat dans lesquels l’homme d’affaires béninois, Patrice Talon, est accusé d’être le commanditaire. C’est dire qu’entre le chef de l’Etat et sa nouvelle ministre de la Justice, il y avait jusqu’au pardon présidentiel dans l’affaire dite Talon, une relation de client et de défense. Ces dernières relations d’antan pourraient bien déteindre sur la collaboration entre le président de la république et le Garde des sceaux. La ministre pourrait, confondant torchon et serviette, être tentée de défendre son « client » qui n’est autre que celui grâce à qui elle est à cette position : le chef de l’Etat. Il n’est point besoin de dire que dans cette nomination, il y a un conflit d’intérêts qui pourrait conduire, si on n’y prend garde, à la vassalisation de l’appareil judiciaire. Et cela, n’est pas pour arranger la démocratie béninoise.

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