ICC Services : Sévérine Lawson s’évertue à laver Yayi et demande les preuves

Suite à la dénonciation du député Janvier Yahouédéou sur le détournement de huit milliards de Francs CFA de ICC Service et consorts, Sévérine Lawson présidente du comité du suivie a tenu, hier au Palais des Congrès, une conférence de presse pour mettre au défi quiconque d’apporter la preuve d’un détournement

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Avec un visage fermé, un ton ferme et parfois hésitant, Sévérine Lawson présidente du comité de suivi s’est présentée devant la presse pour laver Boni Yayi de tout soupçon de détournement. «Tout d’abord, le président de la république n’est aucunement mêlé à la gestion opérationnelle du dossier», clame-t-elle. Ensuite, elle s’est évertuée à expliquer comment le dossier est conduit depuis le juin 2010. Trois structures ont été mises en place à savoir la Commission autonome d’enquête judiciaire (Caej), le Comité de crise (Cc) et le Comité de suivi (Cs), avec des missions bien déterminées.  La Caej a fait son enquête et selon le point fait au Cs, 5 182 066 267 FCFA ont fait objet de gel dans les banques primaires pour le compte d’ICC-Service et d’autres structures illégales de placement d’argent. Au titre des avoirs saisis et consignés au trésor public par la (Caej) on note une somme de 236 846 200 Francs pour ICC-service. Le Cs a encadré les structures qui ont accepté de s’engager dans le processus de remboursement. Ainsi, 48 structures ont été encadrées et 82 418 déposants ont été désintéressés pour un montant total de 13 028 433 201 Francs CFA. «Ce montant provient essentiellement des fonds dégelés, des avoirs consignés et des apports personnels des promoteurs», indique la présidente. En ce qui concerne les meubles, la première vente a enregistré une somme brute 284 338 000 FCFA et une somme nette de 226 712 880 FCFA après déduction des honoraires et autres frais. Cette somme est versée dans le compte spécial ouvert dans les livres du trésor public. La seconde vente a enregistré un montant net de 254 587 000 Francs CFA consigné au greffe du tribunal de Cotonou. Alors, Sévérine Lawson relève que ce n’est pas le produit de la vente des biens meubles et immeubles saisis dans le cadre de l’affaire qui a servi au remboursement des déposants. Mieux, «Aucun fonds n’a été détourné et je mets au défi quiconque d’apporter la preuve contraire. Du reste, la traçabilité de tous les fonds est vérifiable tant au niveau des banques primaires que du trésor public». Et elle martèle que la somme de 8 milliards FCFA que le député dit avoir été détournée par le président de la république n’est qu’une accusation grave sans preuve. Prête à un débat contradictoire, elle demande que le député Yahouédéou apporte les preuves du détournement

Sévérine Lawson entre économie de vérité et confusion des chiffres

Contrainte à sortir de son long mutisme par Janvier Yahouédéou, Sévérine Lawson a encore parlé. Venue pour démentir les allégations du député de Covè et laver l’honneur du Chef de l’Etat, Sévérine Lawson est malheureusement passée à côté de la mission. Car au lieu de convaincre, elle a juste fait l’option de la confusion grâce à l’abondance des chiffres donnés.

De Yahouédéou à Sévérine Lawson, c’est toujours la même école. Celle des déclarations sans preuve. Si l’accusateur n’a pas brandi de preuves, « l’avocate de Yayi » non plus n’en a servies. Pour laver l’affront infligé au Chef de l’Etat par le député Yahouédéou, il fallait plus qu’une déclaration. Plus que cet étang de confusions dans  lequel  Sévérine Lawson a nagé allègrement hier. Comme pour endormir les journalistes, la très brave présidente du Comité a choisi de donner beaucoup de chiffres afin de détourner leur attention de l’essentiel. En dehors de la belle phrase « Au sujet de ces allégations, tout est faux et demeurera faux car rien de ce qui a été dit n’est et ne sera jamais vrai ».  Une si belle phrase mais pas suffisante pour convaincre du fait que depuis 2011 rien n’a évolué dans ce sens et que les fonds déposés dans le compte N° 1042432/04 au trésor  ne sont palpables. Car en vérité, un compte au trésor n’est pas une urne transparente dans laquelle on dépose de l’argent et que tout le monde peut aller vérifier. Et les principes de l’unité et de la fongibilité des comptes de l’Etat amènent bien à penser et à croire que les fonds issus des opérations de dégel des comptes, des ventes des biens meubles et immeubles des responsables des structures de placement incriminés versés dans le compte sus-cité pouvaient bien être utilisés à d’autres fins. Alors ; il n’est pas évident qu’une simple déclaration face à la presse puisse surmonter ces soupçons de détournement comme il n’est pas non plus évident que la déclaration d’un député à l’hémicycle suffit pour croire que les fonds ont été utilisés à autre chose. Ce qui ravive ici les soupçons c’est le mystère entretenu autour du montant restant dans ce compte. Pendant toute sa conférence, Sévérine Lawson n’a pu dire combien il reste dans ce compte. Au contraire, elle s’est mélangée les pédales en disant par exemple qu’il y a des fonds gelés par les banques primaires alors qu’ils sont  par la commission d’enquête judiciaire. 

Economie de vérités

Parlant de Icc services qui n’a remboursé aucun épargant, Sévérine Lawson dit que « La seule issue reste le procès pénal ». Pourtant, c’est la même dame qui a entretenu  l’illusion de paiement des épargnants  pendant des mois et des années avant de finir par se référer à la même justice que beaucoup de juristes à l’époque doigtaient comme solution.  Parlant de résistance des responsables de Icc services, Sévérine Lawson fait économie de vérité. Elle sait bien que les responsables de Icc services en l’occurrence Guy Akplogan, réclament que leur ordinateur confisqué et mis sous scellé leur soit donné afin qu’ils puissent avoir accès aux statistiques de leur structure. Elle sait aussi que le gouvernement a commis entre temps la maladresse de retirer les forces de l’ordre qui sécurisaient le siège de Icc services à Abomey Calavi et que ceci a permis aux épargnants révoltés et aux vandales de saccager et de détruire les preuves matérielles. Sur les fonds de fonctionnement mis à la disposition du comité de suivi, Sévérine Lawson n’a pu dire le montant. De même qu’elle a fait fi du montant des souscriptions prises chez les épargnants lors des opérations de recensement des épargnants par l’Insae. En conclusion, il reste beaucoup à dire sur ce scandale et la sortie de Mme Lawson est loin de convaincre les Béninois

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Marcel Zoumènou 

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