L’affaire icc-services : un scandale sous le regime du changement-refondation

Le Président Nicéphore Soglo, brillant inspecteur général des finances, ancien élève de l’ENA en France, ancien administrateur de la Banque Mondiale, ministre des finances dans son pays à 33 ans, a le don de lever des lièvres.

Publicité

L’affaire ICC-services serait déjà tombée dans les oubliettes s’il ne s’était pas acharné à faire publier le rapport confidentiel du FMI qui, comme le Rapport Kovacks dont il fut l’auteur, est lui aussi le parangon des turpitudes d’un régime, celui du PRPB en 1975, celui maintenant du régime du changement-fondation. L’affaire ICC-Services, au-delà des implications judiciaires en ce que Guy Akplogan et Emile Tégbénou et leurs comparses sont en prison, n’en demeure pas moins un scandale nauséabond au sommet de l’Etat et l’illustration du niveau de décrépitude morale auquel est tombé notre pays. Vivement une vraie révolution culturelle.

Si l’ancien administrateur de la Banque Mondiale a jeté actuellement son dévolu sur le rapport du FMI qui résuma toute l’affaire dans les divers compartiments de ses implications, c’est qu’il sait que cette deuxième structure des institutions de Bretton-Woods ne peut guère être suspectée de partialité. Donc, sa conclusion met mal à l’aise tout citoyen béninois du sommet de l’Etat où le leadership politique du Président Boni Yayi et la gouvernance de son régime sont indexés, jusqu’à ces citoyens, pas forcément illettrés, mais des élites bon teint qui sont allés jusqu’à détourner d’importantes ressources de l’Etat pour les mettre dans une structure illégale de placement d’argent ! J’ai eu le profil très bas lorsque j’ai lu la conclusion du document ultra confidentiel : « Le cadre d’échange éventuel d’informations entre les institutions de surveillance n’a pas permis la détection précoce et l’arrêt des violations de la loi et l’élimination des menaces contre le public et les institutions financières liées à ces violations de la loi….L’environnement social et humain a aussi permis aux activités illégales et frauduleuses de prospérer sous les multiples radars mis en place par les régulateurs. Les appels à l’épargne publique semblent avoir utilisé ouvertement toutes les voies de communication. La presse écrite et audiovisuelle aurait servi de véhicules pour permettre aux premiers initiateurs de sortir de la communauté qui leur a permis de démarrer leurs activités et d’atteindre une cible beaucoup plus large dans la population. La tolérance, sur une période relativement longue, d’une violation aussi flagrante des lois et règlements par les promoteurs des actes illégaux et frauduleux suggère que les diverses parties concernées, l’Etat et ses démembrements, les institutions financières légalement constituées, la société civile et les populations ont une tolérance élevée pour les écarts aux lois et règlements. Le besoin d’une campagne de sensibilisation et d’éducation de la population est en conséquence une condition sine qua non d’une prévention ou au minimum de la réduction du risque d’occurrence de fraudes financières graves. »

Les sciences sociales modernes nous enseignent qu’il s’agit en l’occurrence d’un fait social total qui a prospéré dans divers compartiments systémiques de toute la formation sociale ; notamment et d’abord dans le système politique avec à sa tête l’Etat dont le chef et le premier responsable est évidemment le Président Boni Yayi ! Son leadership qui doit être visionnaire et son mode de gouvernance de l’Etat et de toute la République sont questionnés dans une affaire mettant à nu un écroulement systémique aussi grave. Personne ne peut se sentir à l’aise lorsque sans fioritures diplomatiques, le FMI recommande «une campagne de sensibilisation et d’éducation de la population. » Honte nationale !

On peut s‘acharner à cogner la tête du chef dans le genre de ce titre tonitruant d’un numéro du journal Le Matinal « Soglo enfonce Yayi dans ICC-Services ( ?) ! » Mais une fois dépassées les extravagances du genre compréhensibles dans une période de démagogie ambiante qu’est la présente période de campagne pour les élections municipales, communales et locales, nous devons nous inviter à réfléchir sur notre Renouveau démocratique après vingt-cinq ans de son fonctionnement. Comme le dit un chansonnier de chez nous dans son dernier album, « Boni Yayi a fini ; attendons ce que va faire le prochain qui va arriver ! » Dans cet ordre d’idées, sachons qu’il ne s’agit plus de « ôte-toi pour que je m’y mette » Tous les Cotonois veulent bien sortir des 3 CI pour venir au CP ; mais les plus sérieux se demandent comment, et ne sont guère prêts à porter leurs suffrages sur le premier démagogue venu ! En effet, depuis 1996 où certains d’entre nous avaient été bernés pour refuser de se contenter de pavés, avons-nous sensiblement évolué ? Il n’y a pas de sauveur suprême ; le peuple est son propre sauveur ; et pour exercer sa souveraineté dans la possibilité qu’il a d’élire ses dirigeants dont le premier, il n’a plus besoin de tribuns au verbe incendiaire. Foin de la démagogie et de l’extravagance !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité