Une si triste fin de règne

Le Président d’honneur de la RB chevauche actuellement un nouveau cheval de bataille : l’affaire ICC-Services ravivée par un rapport confidentiel du FMI. Voilà le bouquet final du régime du changement-refondation.

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Le leadership du Président Boni Yayi et la gouvernance au somment de l’Etat sont certes à être questionnés, mais je persiste et signe : nous sommes en face de l’affaissement de tout un système sociétal et bien sûr du système politique.

D’abord, la classe politique qui s’est regroupée derrière Maître Adrien Houngbédji les 19, 20 mai 2015 pour le hisser au perchoir, brisant ainsi le rêve hégémonique du régime du changement-refondation est loin d’être une vraie opposition à Boni Yayi (à part l’UN et le PRD) ; mais avec ses 42 députés contre 41 pour la mouvance, elle a porté le désir de changement de ces couches urbaines durement frappées par toutes sortes de pénuries et de facteurs de péjoration de leurs conditions de vie. Ces 42 députés ont consacré la soif des classes moyennes de chez nous pour l’alternance. L’eau, l’électricité et l’essence étaient en effet devenues des denrées rares, et des délestages sans précédent s’étaient abattus sur tout Cotonou contraignant les ménages jusqu’à 20 heures sans électricité, les privant de tout, même de ces émissions de radio et de télévision sans lesquelles une maison devient vite un cimetière.

En même temps, des lacunes graves dans la gouvernance politico-institutionnelle et économique ont occasionné comme en effet boomerang un triste climat de fin de règne ; ce qui s’exprime d’abord par une léthargie et un laisser-aller sans pareils dans toute notre administration publique. Tout ronronne, mais rien ne tourne ! Cependant, estimons-nous heureux ; car dans les mêmes conditions, certains hommes d’Etat d’Afrique Centrale n’ont pas froid aux yeux et réclament sans vergogne le tripatouillage de leurs Constitutions afin de se pérenniser au pouvoir. Il y a longtemps que ce débat était clos au Bénin, même si par manque d’imagination politico-idéologique, toute la classe politique s’était arc-boutée sur ce thème (pour ou contre la révision) pendant toute la campagne pour les élections législatives de 2015 ; alors que tout le monde se doutait bien que les FCBE et alliés n’auraient jamais pu obtenir les 4/5 ou au moins les 3/4 des sièges nécessaires pour impulser un projet ou une proposition de révision constitutionnelle. Ne faisons pas la fine bouche. C’est déjà à ce niveau une première victoire de notre démocratie. La deuxième victoire est comme cela arrive souvent aux Etats-Unis, d’empêcher l’Exécutif de détenir une majorité au Parlement et de contrôler le Bureau de l’Assemblée Nationale. Cet échec fut amèrement ressenti par le Président Boni Yayi ; même si comme toujours il a fait contre mauvaise fortune bon cœur en félicitant le Président Adrien Houngbédji l’invitant à une collaboration sincère entre les deux institutions pour la paix dans notre pays.

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Comme cela arrive dans toutes les situations de défaite, les FCBE ont été prises d’une pathologie paranoïaque cherchant un bouc-émissaire commode pour expliquer leur défaite. Comment ne pas moufter contre cette pratique humiliante : arracher des procurations aux députés du même bord politique dont on ne serait pas sûr ? Pourquoi ? Le choix du candidat de la mouvance, le jeune Komi Koutché, est certes loin de faire l’unanimité ; mais peut-on pousser l’outrecuidance jusqu’à exiger des procurations de barons du régime comme Marcel de Souza, Nassirou Arifari Bako, Barthélémy Kassa et surtout du Professeur François Abiola ? Tout cela a créé un micmac qui a fait les choux gras des réseaux sociaux. Mauvais ! L’intensité de cette ambiance délétère monta d’un cran lorsque le Chef de l’Etat mis fin aux services de ses éminences grises que sont Alexandre Hountondji et surtout Amos Elègbè considéré comme le diable en personne alors que cet universitaire ne ferait de mal même pas à une mouche !

Comme pour tous les autres partis ou regroupements autour d’un leader charismatique à la tête de l’Etat, est-ce que les FCBE connaîtront-elles le même destin que la RB et l’UBF réduites à une peau de chagrin pour la première ou carrément a disparu pour la seconde après la fin du régime du leader charismatique? Répondre par l’affirmative serait sous-estimer l’actuel locataire du Palais de la Marina qui comme un prestidigitateur de cabaret vient de nous gratifier d’un tour de passe-passe que seuls savent le faire les grands politiques. Ouais ! Au risque de voir son regroupement politique connaître le sort fatal de tous les regroupements du genre, il a réussi l’exploit titanesque de jeter dans la balance un homme nouveau ; et ceux qui connaissent le goût prononcé des Béninois pour le démiurge venu d’ailleurs et non un olibrius issu de la classe politique locale discréditée parce que corrompue, savent bien que Lionel Derlin Zinsou a toutes les chances de finir par être le seul candidat aussi bien des FCBE que du PRD

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