Bénin : vouloir une chose et son contraire

Intelligence, ruse ou vice ? Le Béninois excelle dans l’art de vouloir une chose et son contraire. Cela fait penser à cette chanson congolaise à succès qui dit que « Tout le monde veut aller au paradis, mais personne ne veut mourir. ».

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Nous aurions besoin de mieux nous discipliner. Que gagnons-nous à zigzaguer de compromis en compromissions, à dire une chose et son contraire, à faire quelque chose et à le défaire ? Nous ne saurions passer le plus clair de notre temps à tricher avec nous-mêmes. Quelques exemples, puisés dans notre grenier national, aident à illustrer notre propos.

Le Bénin s’enorgueillit, à juste raison, d’être en Afrique, le berceau des conférences nationales. C’est vrai, il a ouvert, avant tous et pour tous, l’ère du Renouveau démocratique. De cet acte fondateur, historique et majeur, le Bénin ne retient que l’écume des choses. Il se proclame terre de démocratie. Mais se montre incapable de faire pousser dans son jardin des fleurs de démocratie. Il martèle que la première denrée qu’il a à vendre a nom démocratie. Mais est loin d’appréhender les exigences de celle-ci. On ne peut construire une démocratie sans démocrates. Il n’est point de démocratie sans de bonnes pratiques démocratiques.

Sont-ils des démocrates tous ceux-là qui jettent par-dessus les moulins tous les textes qui balisent notre chemin de vie ? Ils préfèrent écouter la voix de leurs intérêts égoïstes. Sont-ils des démocrates ces bourreurs d’urnes, ces tripatouilleurs de constitutions ? Sont-ils des démocrates ces distributeurs automatiques de procuration, tous ceux-là qui réduisent le Bénin aux dimensions de leurs villages, de leurs régions ? Ils ont choisi, pour la plupart, d’asseoir leur ventre sur tout projet de démocratie ou d’éteindre de leur ventre tout rêve démocratique.

Nous sommes modernes et nous avons raison de vouloir être de plain-pied avec les réalités de notre temps. On ne saurait nous reprocher cette option en faveur du progrès. Mais cela fait vingt ans que nous ergotons sur la Liste électorale permanente informatisée. Ceci, à coup de milliards de nos francs, mais sans résultats probants ni convaincants. Notre voisin, le Nigeria, qui pèse 170 millions d’âmes, a voté le matin et a affiché les résultats l’après-midi. Le Bénin, 10 millions d’âmes, a voté le 28 juin dernier. Les résultats se font toujours attendre. Comme si l’informatique ou le numérique au Bénin, c’est silence radio, c’est motus et bouche cousue.

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L’Ecole, dans notre entendement, est et reste l’un des hauts lieux de l’éducation. Dans ce foyer universel qui aide à s’ajuster à la vie et à être producteur de vie, l’apprenant n’est pas un vase que l’on remplit. Il est et doit être une lampe que l’on allume. Et c’est fort de cela que nous avons créé, dans les différents gouvernements de notre pays, un ministère de l’Education nationale. Et c’est justement au moment où la demande d’éducation s’accroît, sous la pression des contre valeurs que charrie une mondialisation de mauvais aloi, que nous changeons tout. Depuis quelques années, en effet, sans raison apparente, nous avons biffé le mot éducation, remplacé, depuis, par celui d’Enseignement ».  Le grand domaine de l’Education, désormais fracassé et tronçonné, cède la place à de douteux rejetons : ministère de l’enseignement maternel et primaire, ministère de l’enseignement secondaire et technique, ministère de l’enseignement supérieur… A moins de croire que l’enseignement suffit à éduquer. A moins de penser que gagner sa vie par la vertu d’un savoir acquis vaut de réussir sa vie grâce à un savoir être accompli.

Nous avons trouvé utile et efficace d’établir une relation étroite entre le suivi technique des comptes de l’Etat, sous l’angle de la gouvernance et la moralisation de la vie publique, en punissant, certes, mais en faisant connaître les bonnes pratiques, en magnifiant les modèles qui les incarnent. La Cellule de moralisation de la vie publique s’était alors donné une telle vision. Mais vlan, nous avons décidé de changer notre fusil d’épaule. Nous préférons sévir, réprimer que construire une conscience du devoir et du bien public.

Au cas où on l’oublierait, le vol est d’abord une idée. Et Dieu sait qu’on n’emprisonne pas une idée. Le voleur ira peut-être en prison. L’idée de vol, à moins d’être traité dans l’esprit du voleur, rattrapera celui-ci à la fin de son séjour en prison. Et   le vol continuera. Et le voleur récidivera. Voilà comment l’on choisit, consciemment ou inconsciemment, de construire sa maison sur du sable mouvant. Bonjour, les dégâts

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