Corridor ferroviaire Bénin-Niger : Gustave Sonon défend du faux

Les informations qui ont circulé dans la presse ces dernières semaines, ont prouvé à suffisance la justesse des revendications du Groupe Petrolin, déclaré adjudicataire de l’appel d’offres international lancé par les Etats nigérien et béninois à propos de la réhabilitation et de l’extension du chemin de fer Cotonou-Niamey. Il est pourtant bien curieux après tout cela de voir le ministre des travaux publics et des transports Gustave Sonon tenir des propos qui rament à contre courant de la réalité connue de tous et dire des contre- vérités sur une émission de grande écoute.  

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Que n’a-t-on pas déjà démontré au sujet du bras de fer qui oppose les gouvernements nigérien et béninois et le Groupe Bolloré d’une part au Groupe Petrolin d’autre part à propos du projet de réhabilitation, d’extension et d’exploitation du chemin de fer Cotonou-Parakou-Dosso-Niamey ?  Un projet dont le Groupe Bolloré a pourtant convaincu les deux Etats de le faire partenaire stratégique, en dépit de l’accord de non-concurrence et de non-contact avec les Etats qu’il avait signé avec le Groupe Petrolin, adjudicataire du projet et au mépris de tous les engagements antérieurs des deux Etats vis-à-vis de ce dernier. Des manquements qui ont été décriés et dénoncés de part et d’autre sans que jamais le Bénin, le Niger et le Groupe Bolloré ne donnent l’impression de vouloir revenir au droit et à la raison.

Le nouveau Ministre des travaux publics et des transports (Mtpt) du Bénin, avant son passage sur l’émission Ma part de vérité de Golfe Télévision, savait-il à quel sujet il lui avait été demandé de s’intéresser ? En connaissait-il les tenants et aboutissants ? Assurément non. L’intervention de Gustave Sonon ce dimanche, plutôt que des vérités, a véhiculé de nombreuses contre-vérités dont certaines méritent une mise au point.

Quelques contre-vérités

En premier lieu, le Mtpt a semblé accréditer l’idée selon laquelle le Groupe Petrolin, une fois déclaré adjudicataire de la concession du chemin de fer Cotonou-Niamey, n’a pas daigné créer de société devant prendre la charge de cette concession, ce qui aurait poussé les deux Etats et le Groupe Bolloré à envisager à partir d’avril 2015 la dissolution de l’Organisation Commune Bénin-Niger (Ocbn) et son remplacement par la « Bénin-Niger rail infrastructure », en abrégé « Benirail ». Cette lecture de Gustave Sonon ne repose pourtant sur aucune base véridique. Contrairement aux allégations du Ministre, le Groupe Petrolin a bel et bien créé en janvier 2014, une société dénommée la « Transafricaine des Transports et des Chemins de Fer Bénin-Niger (2TCBN) sise à Cotonou, carré 7008 Les Cocotiers Route de l’aéroport, dont l’objet est précisément la réhabilitation, l’extension et l’exploitation du chemin de fer Cotonou-Parakou-Dosso-Niamey en conformité avec les décisions du comité de pilotage du projet de chemin de fer Bénin-Niger qui en a reconnu le bien-fondé. La création de cette société avait déjà été précédée de la réalisation de toutes les études de faisabilité par les plus grands prestataires mondiaux des chemins de fer. En conséquence, la 2TCBN n’avait nullement pour objet la réalisation des études de faisabilité du projet, contrairement aux allégations du Ministre.

Un autre des mensonges de Gustave Depo Sonon, c’est quand il affirme que contrairement au Groupe Petrolin, le Groupe Bolloré entend réaliser le projet entièrement sur fonds propres. Une chose est évidente, au regard de sa surface financière, le Groupe Petrolin dispose plus que largement des moyens pour financer par lui-même la réalisation de tous les aspects du projet, de la réhabilitation à l’extension du chemin de fer de Cotonou jusqu’à Niamey. Mais, il est toujours mieux pour tout opérateur, dans ce genre de cas, d’être accompagné par des partenaires avec lesquels partager les risques et avantages du projet. Et autant que le Groupe Petrolin, le Groupe Bolloré même s’il dit en détenir les moyens, ne va pas exécuter un tel projet seul et sur fonds propres exclusifs.

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La faute au gouvernement

Enfin, sur la signature de la convention de concession au Groupe Petrolin, signature qui n’est jamais intervenue malgré les nombreux rappels de l’adjudicataire du projet qui, dans ce cadre a effectué de nombreux déplacements à Cotonou, il est inexact de la part du Ministre d’imputer la responsabilité de cette non signature au Groupe Petrolin. A plusieurs reprises, invité à venir signer la convention de concession de l’Ocbn, le Président Directeur Général du Groupe Petrolin, le béninois Samuel Dossou Aworet a bien souvent dû repartir bredouille suite à des contretemps excipés par la partie gouvernementale. A défaut de la signature de cette convention déjà apprêtée par le Comité de pilotage conjoint Benin-Niger, coprésidé pour le Bénin par Monsieur Martin Gbedey, et pour le Niger par Monsieur Abdoulaye Ida, la lettre de confort engageant les deux Etats a autorisé l’adjudicataire Petrolin à engager des travaux en attendant la signature du contrat, ce qu’il a fait à ses frais. Mieux, Monsieur Samuel Dossou Aworet, à la demande expresse du Président béninois Boni Yayi, a engagé en toute confiance et entièrement achevé la réalisation du Port sec de Parakou sur fonds propres, dans l’attente de la signature de la convention de concession, ce dont peuvent témoigner des membres du gouvernement actuel parfaitement au fait de la réalité des événements et que Gustave Sonon aurait dû consulter avant son grand oral.

Au regard de ces éléments qui battent en brèche les déclarations du Ministre des Transports, il est tout simplement souhaitable que les autorités béninoises et nigériennes dans une moindre mesure, finissent par admettre leurs erreurs, en rétablissant l’adjudicataire légitime dans ses droits.

Un projet dont le Groupe Bolloré a pourtant convaincu les deux Etats de le faire partenaire stratégique, en dépit de l’accord de non-concurrence et de non-contact avec les Etats qu’il avait signé avec le Groupe Petrolin, adjudicataire du projet et au mépris de tous les engagements antérieurs des deux Etats vis-à-vis de ce dernier. Des manquements qui ont été décriés et dénoncés de part et d’autre sans que jamais le Bénin, le Niger et le Groupe Bolloré ne donnent l’impression de vouloir revenir au droit et à la raison.

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