Décryptage de « La Nouvelle conscience » : du plomb dans l’aile de Koupaki

Au nombre des candidats auto – déclarés à l’élection présidentielle de 2016, figure Monsieur Pascal Irénée KOUPAKI, banquier de formation et ancien Premier ministre. 

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Si cette élection est à l’image d’un examen ou d’un concours académique, les résultats proclameraient  le candidat Pascal Irénée KOUPAKI, au pire parmi les deux meilleurs, au mieux le premier, aussi bien à l’écrit qu’à l’oral. Pour la raison partagée que ses compatriotes s’accordent à certifier l’excellence de la capacité intellectuelle, de la compétence technocratique,  de la dense connaissance des dossiers majeurs de l’Etat, de l’inattaquable intégrité morale  et de la maîtrise de la langue de Victor HUGO que l’homme a invariablement affichée dans le sérail du Président Thomas Boni YAYI pendant près de 7 ans.

Il y a que l’élection présidentielle est un concours d’une nature toute particulière, en ceci que les prestations des candidats sont notées,  non pas par des enseignants d’un niveau  intellectuel supérieur au leur, comme c’est le cas pour les épreuves académiques, mais plutôt par les électeurs,  c’est-à-dire, de milliers de citoyennes et de citoyens remplissant les conditions légales. De ce seul fait, tout candidat doit se convaincre de ce que ses qualités intrinsèques ne suffisent pas pour lui garantir le triomphe.

S’y ajoute, pour le candidat Pascal Irénée KOUPAKI, un handicap pesant, celui-ci d’ « idéologiser » sa démarche électorale en prêchant  » La Nouvelle Conscience » avec une ardeur qui contraste avec son calme olympien.

Au passage, il n’est pas superflu de faire observer que Monsieur KOUPAKI est l’unique candidat connu qui imprime une idéologie à sa pré-campagne électorale, ses challengers,  plutôt réalistes avec les électeurs, ayant compris que l’ère des idéologies est  révolue au Bénin avec  la Révolution du 26 octobre 1972, le marxisme – léninisme du 30 novembre 1975 , le Changement du 6 avril 2006 et la Refondation du 6 avril 2011. Historiquement, l’idéologie a montré qu’elle joue un rôle de voile ou d’opium.         
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Selon les propres termes de Monsieur Pascal Irénée KOUPAKI publiés sur Facebook,   » La Nouvelle Conscience  » est la culture et l’assimilation des vertus cardinales, sociales ou humaines comme guide dans la gestion des affaires publiques ». 
Ces vertus cardinales sont au nombre de quatre :
  « – la prudence; 
  – la force morale (fortitude, néologisme dont il est l’inventeur);
   – la tempérance;
   – la justice. »

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Plus globalement, il s’agit, pour Monsieur KOUPAKI, d’une invite aux gouvernants et gouvernés pour rompre, par et dans la pratique de la vertu,  avec des habitudes individuelles et collectives qui arrièrent l’homme et la société.

Les limites de « La Nouvelle  conscience »

L’illusion est immense d’isoler l’esprit du corps pour le remodeler, le restructurer, le façonner à l’aune du bien.

La vertu gît et vagit en tout être humain. Et c’est l’environnement  qui dicte à la conscience de l’éclore ou de l’étouffer. Cette assertion est valable pour le vice, contraire de la vertu.

Karl MARX soutenait que  » Les circonstances font l’homme tout autant que l’homme fait les circonstances. » Dans son Allemagne natale,  plus exactement dans la partie orientale , l’ancienne République Démocratique Allemande sous la guerre froide, les policiers et gendarmes s’ennuyaient à leur poste de travail. Pourquoi ? Parce que les infractions à la loi par les citoyens allemands se comptaient, ceux-ci disposant du minimum nécessaire pour mener  » une vie décente dans la dignité ». Ce minimum avait élevé leur conscience pour les éloigner du mal et, en retour, celle-ci les avait motivés à se battre pour conquérir la liberté.

La pratique de la vertu est difficile – je ne dis pas impossible – sans un minimum de bien-être.

Alexis CARREL affirmait que « L’esprit n’est pas aussi solide que le corps » et que « Nous sommes  construits à la fois par notre milieu et nous – mêmes. « 

La conscience, produit de l’esprit exclusivement orienté vers l’art du bien, est la fille de l’environnement où l’homme vit à l’abri du besoin, et, de ce fait, se retrouve plus armé pour s’améliorer et améliorer sa cité.

Les idées et réalités foisonnent pour montrer et démontrer à Monsieur Pascal Irénée KOUPAKI qu’il tient, dans sa marche virile vers le Palais de la Marina, un discours peu réaliste, un discours peu persuasif, un discours auquel les Béninois de ce début du 21 ème siècle, abstraction faite des fourbes, ne peuvent pas adhérer.

Les leçons de morale politique ou civique, que prône Monsieur KOUPAKI,  sont puissamment impuissantes à impacter ou à appâter l’homme et, plus exactement, la conscience de l’homme, tant qu’elles  sont dispensées à des auditeurs préoccupés par le pain quotidien. Elles ne peuvent donc être  « assimilées » que si l’homme trouve, au préalable,  satisfaction à ses besoins physiologiques. C’est la raison pour laquelle les commentaires, véhiculés par les réseaux sociaux – véritable baromètre de l’opinion publique – , au sujet de  « La Nouvelle Conscience », sont expressifs du mépris,  du dégoût, du désintérêt, de la déconsidération voire de la raillerie qui n’a pas de place dans le débat politique national.

Recommandation

Pendant qu’il est encore temps, Monsieur Pascal Irénée KOUPAKI gagnerait à changer de cheval de bataille qui trahit sa candeur et le plonge dans la solitude politique. Il gagnerait à réajuster son thème de campagne électorale aux préoccupations et attentes vitales des populations rurales et urbaines de notre pays.

Le Général Charles de GAULLE disait :  » Il n’y a de politique qui vaille en dehors des réalités. » Nelson MANDELA renchérit :  » Le réaliste, aussi horrifié et déçu par les faiblesses de ceux qu’il adore, observe le comportement des hommes sous tous les angles et avec objectivité, et il se concentre sur les qualités édifiantes des individus, celles qui élèvent et exarcerbent l’envie de vivre.« 

Pour paraphraser René DUMONT, dont le best-seller aurait été lu par le chantre de  » La Nouvelle Conscience  » sur les bancs universitaires, PIK  » est mal parti « . 

Gérard Zannou (Administrateur civil à la retraite)

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