Le projet dépassé de Bolloré qui va retarder le développement du Bénin

Depuis quelques jours, circulent dans la presse et sur les réseaux sociaux plusieurs documents qui ont fait l’objet à Niamey entre les représentants du Bénin, du Niger et du Groupe Bolloré de négociations ayant abouti à plusieurs projets d’accord. Formellement paraphés et n’attendant plus que la signature pour sa mise en application, l’un de ces documents, le plus important, porte sur la convention de concession du financement, de la conception, la construction, la réhabilitation, la maintenance et l’exploitation de la ligne de chemin de fer Cotonou-Niamey. A la lecture, on se rend à l’évidence qu’il s’agit ni plus ni moins d’un plan du Groupe Bolloré qui n’aura d’autre impact que d’hypothéquer durablement le développement du Bénin.

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 Un élément principal retient notre attention. Aux termes de ladite convention et des documents qui y sont annexés, ce sont des rails métriques, autrement dit d’un écartement d’un mètre (1m) que s’apprête à installer le Groupe Bolloré pour relier le Bénin au Niger. Or, cet écartement datant de l’époque coloniale, ne répond plus du tout aux normes internationales relatives au transport ferroviaire. C’est ainsi que, dans une tribune qu’il a publiée ces derniers jours dans la presse béninoise, l’ancien Bâtonnier Me Jacques MIGAN, s’interroge sur la pertinence du choix fait par le Groupe Bolloré d’imposer au Bénin et au Niger des chemins de fer complètement dépassés, surannés, caduques, alors même qu’avec les gouvernements des deux pays, il prétend mettre en place une « boucle ferroviaire » incluant outre le Bénin et le Niger, le Burkina- Faso, la Côte d’Ivoire et le Togo. Comme si ces pays consentiraient béatement comme le nôtre, à un tel marché de dupe. Les rails à écartement métrique ont en effet été abandonnés dans l’Union européenne depuis des lustres au profit de rails d’écartement standard (1,435m conforme aux normes internationales ISO). En allant ramasser ces tas de ferraille ainsi que les trains correspondants, qui ne sont désormais plus que des épaves ou des pièces de musée pour venir nous les vendre à prix d’or, Bolloré et ses complices se préparent à faire des gains substantifs sur le dos des pauvres contribuables béninois et nigériens, taillables et corvéables à merci. Un autre risque, c’est l’isolement du Bénin et du Niger du transport ferroviaire sous-régional, puisque tous les autres pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ont, soit entamé la mise aux normes de leurs voies ferrées, soit s’apprêtent à le faire. En maintenant le Bénin et le Niger dans une exception précoloniale, c’est tout le développement futur de nos deux Etats que le Groupe Bolloré risque d’hypothéquer.

Face à cette situation, la question se pose plus que jamais de savoir pourquoi les gouvernements nigérien et béninois préfèrent exproprier l’adjudicataire légal du projet, le Groupe PETROLIN de l’opérateur économique béninois Samuel Dossou Aworet, dont les propositions sont pourtant en parfaite adéquation avec les besoins de modernisation et d’extension du corridor ferroviaire Bénin-Niger ainsi qu’avec les normes nationales et internationales en vigueur

 

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