Lettre ouverte au Maire de Porto-Novo

Elle ne se fait plus attendre la fumée blanche sur la Mairie de Porto-Novo. L’élection du Maire est arrachée des mains de Dame rumeur. Le nouveau maire de la cité capitale se connaît.

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A défaut d’être connu de tous. Ce ne sera plus qu’une question de temps. Prenons, quant à nous, l’avantage, sans vraiment le connaître, de lui adresser la présente lettre ouverte

Mais pourquoi avons-nous choisi de nous tourner vers le Maire de Porto-Novo ? Parce que l’écharpe de l’édile de la capitale politique et administrative du Bénin lui confère des privilèges et des droits. Parce que, comme diraient les Latins, il est Primus inter pares, c’est-à-dire le premier parmi ses pairs, le premier des 77 maires de notre pays.

Notre lettre ne dira rien des engagements pris par l’équipe communale au nom de la ville. Nous les avons lus dans le livret de campagne sous-titré « Pour un nouveau départ ». Nous les avons également compris. Par exemple, « Renforcer l’éclairage public dans la ville » ? (page 15) Quel maire pourrait s’extraire de ses responsabilités, livrant sa ville, la nuit venue, aux ténèbres ? Par exemple, « Construire des marchés spécialisés, réhabiliter ou construire des gares routières » ? (Page 17). C’est de l’ordre des besoins à satisfaire à tout prix. C’est une évidence. Qu’il nous soit permis, dans cette lettre ouverte, de sortir le Maire des évidences. Nous le voulons sur le terrain des exigences.

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Nous ne rentrerons point dans la polémique, déjà ancienne,   autour du nom de la place qui accueille, dès l’entrée dans la ville capitale aux trois noms – Ajatchè, Hogbonou, Porto-Novo. Disons non à Bayol. C’est un héritage trop lourd à porter. C’est un fardeau lié à notre passé colonial. Pourquoi pas Toffa ? Encore que le choix des noms de places, de rues, d’édifices ou de lieux se doit d’être conduit avec rigueur et esprit de suite. Pour le choix d’un nom, il ne peut suffire d’avoir été ou d’être un ressortissant de la ville, un fils ou une fille de Porto-Novo. La condition nécessaire et suffisante, c’est d’être ou d’avoir été une Béninoise, un Béninois qui mérite d’être célébré pour sa valeur d’exemple.

Pourquoi doit-il en être ainsi ? Parce que Porto-Novo est la capitale politique et administrative du Bénin tout entier. Parce que Hogbonou, c’est le miroir dans lequel doivent se voir et se mirer tous les Béninois, sans exception, du Sud au Nord, d’Est en Ouest. Parce que Adjachè est à tenir pour un Panthéon vivant, un monument à consacrer à la mémoire des grands hommes de notre nation en construction.

Nous attendons le Maire sur deux points tenus jusqu’ici pour des détails. Il s’agit, d’une part, du nom du plus grand lycée de notre pays qu’abrite la cité. Il s’agit, d’autre part, du mausolée du Président Akpity Sourou Migan, sis en sa Maison sur le Boulevard lagunaire. Le lycée ne peut plus continuer de porter le nom déformé de l’un de nos héros nationaux. Dites « Gbèhanzin », pour rester fidèle à l’esprit d’un nom, ce compagnon de vie qui, dans nos traditions, n’est jamais une entité gratuite, une donnée vide de sens. Oubliez « Béhanzin » consacré par le colon. Nous l’entendons depuis des lustres. Il commence à avoir la douteuse vertu de ne plus nous choquer. C’est vrai que la bêtise a des propriétés anesthésiantes. Quant au Mausolée du Président Akpity, œuvrons pour qu’il sorte de l’espace clos d’une propriété privée. Nous devons l’offrir à l’hommage public et sans frontières des Béninois, des Africains. L’hommage de tous ceux-là à celui qui fut le premier Député du Dahomey et du Togo.

En ce moment où notre pays bruit de questions de rail, ayons une pensée pour l’ancienne gare ferroviaire de Porto-Novo. Cet édifice témoin est laissé à l’abandon. Il tombe en ruine. Nous devons pourtant le compter au nombre des pièces constitutives de notre patrimoine matériel historique. C’est notre confrère Alain Foka qui ne cesse de le répéter :  » Un peuple sans histoire, est un peuple sans âme ». Lançons donc un puissant S.O.S, ce signal de détresse qui signifie « Sauve Our Saoul », c’est-à-dire et fort justement, Sauvons nos âmes.

Enfin, qu’aucune personnalité ne foule plus le sol de Porto-Novo, sans faire un détour à la Mairie, à l’Hôtel de Ville. Saviez-vous qu’il manque au palmarès de Ban Ki Moon, Secrétaire général des Nations-Unies, le titre de Citoyen d’honneur de la ville de Porto-Novo ? Pourquoi donc ? Au moment où il rendait visite à la cité, la Mairie, disent les mauvaises langues, faisait l’école buissonnière

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