Pour la femme

On ne peut aller plus loin dans l’injure faite aux femmes. Les équipes communales sortantes n’ont pu élire qu’une seule femme à la tête d’une seule commune. C’est-à-dire une femme et une seule femme maire sur les 77 communes que compte notre cher et beau pays.

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Comme dirait l’autre, « On est où là ?« . Nous sommes bel et bien au Bénin. Aussi sommes-nous impatients, avec la saison de la désignation des nouveaux maires qui s’ouvre, de connaître le nombre de femmes maires à l’actif de la troisième mandature de la décentralisation.

Ce ne sera pas un test banal. Les urnes nous fixeront sur la sincérité de nos déclarations d’amour aux femmes du Bénin. Les choix que nous opèreront nous indiqueront à quoi tient tout le tapage entretenu autour de la fête des mères, tout le ramdam orchestré autour de la Saint Valentin. Car, il y a dans l’air comme une odeur persistante de bluff. On dit une chose. Mais on fait tout le contraire de ce qu’on dit. La femme un jour célébrée. La femme presque tous les jours trahie, reléguée dans les culs de basse fosse d’une société désespérément masculine.

Nous ne pouvons continuer de nous servir de la femme comme d’un paravent pour justifier un machisme qui ne dit pas son nom. A comprendre comme l’idéologie selon laquelle l’homme domine socialement la femme et a droit à des privilèges de maître. Nous ne pouvons non plus continuer de tenir un discours menteur sur la femme. Il faut prendre les Béninois pour des gogos pour croire qu’ils goberont, ad vitam eternam, nos bobards. L’heure des interpellations a sonné. Nous devons cesser de cacher les maux qui nous rongent et qui nous minent, telle une poule qui couve des œufs pourris. Il est de l’intérêt de la femme béninoise de se voir, telle qu’en elle-même, dans le miroir de sa vérité, sinon de la vérité. Il est de l’intérêt de notre pays de s’inviter à une introspection profonde et de mettre, sans hésiter, le doigt dans la plaie.

Une seule femme maire sur les 77 communes que compte notre pays, c’est suffisant pour remettre à plat toutes les politiques publiques conçues et conduites depuis l’indépendance à nos jours pour promouvoir les femmes.  Une montagne parturiente. Une souris accouchée.

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Une seule femme maire sur les 77 communes que compte notre pays, c’est suffisant pour que le Parlement béninois se déclare en session extraordinaire permanente. Il y a lieu d’évaluer le décalage entre les lois votées et la réalité vécue. Car il ne sert à rien de voter des lois qui ne servent à rien, qui ne changent rien, qui ne produisent rien.

Une seule femme maire sur les 77 communes que compte notre pays, c’est suffisant pour envoyer en enfer le ministère de la Femme, suivi de l’Institut de la Femme. Des coquilles vides, des baudruches vite dégonflées, nous n’en avons rien à cirer.

Une seule femme maire sur les 77 communes que compte notre pays, c’est suffisant pour exiger de toutes les associations de défense des droits des femmes une autocritique sans complaisance sur une mission qui peine à atteindre ses objectifs. A quoi sert-il, en effet, de continuer de se battre avec des armes qui tirent ailleurs ?

Voilà quelques unes des vérités simples qui doivent tarauder la conscience des responsables politiques à tous les niveaux, des élus locaux à divers titres. Car, dès aujourd’hui, s’ouvre la saison des élections pour la mise en place des équipes dirigeantes communales et municipales. La nouvelle carte du pouvoir local sera tirée. Il faut souhaiter qu’elle reflète les nouveaux rapports de forces politiques dans les différentes localités de notre pays. Il faut souhaiter également qu’elle ne passe pas par pertes et profits le rapport démographique homme/femme, dans l’esprit d’une représentation équitable de la « moitié du ciel » dixit Mao Tsé Toung, désignant la femme.

Nous disposons d’un triste repère : une seule femme maire sur les 77 communes que compte notre pays. Mais c’était hier. A comptabiliser comme un record honteux, celui enregistré par  la deuxième mandature de la décentralisation (2008-2015). A quoi devons-nous nous attendre avec la troisième mandature ? Une seule femme maire à la tête d’une seule commune de notre pays, on ne peut envisager pire. Nous ne pouvons descendre plus bas. Faisons mieux. Le mieux que nous pouvons. Du mieux que nous pouvons. Le pays nous regarde

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