Présidentielle 2016 : la sévère dévaluation du candidat Gbian

Depuis 2013, le nom du général Robert Gbian est fortement agité comme un des favoris pour la présidentielle de 2016. La presse – une certaine – et les réseaux sociaux ont tôt fait de lui le nouveau « patron du  Nord », crédité d’une côte de popularité certaine et de moyens financiers illimités. Mais au fil du temps, le Général a livré ses limites. Et telle une pièce de monnaie, on a vu le « Ggr » tant craint , aller de dépréciation en dépréciation.

Publicité

Dans la floraison des candidats potentiels pour la présidentielle de 2016, il y en a un qui ne doit plus compter parmi les favoris. Pour un présidentiable annoncé très sérieux, prétendument décrété digne remplaçant de Yayi, perdre le contrôle de la mairie de sa commune natale après y avoir livré une rude bataille et élu difficilement député avec le concours d’un suppléant de luxe, ne sont pas des éléments qui militent en sa faveur. Il ne devrait plus coûter grande chose sur le marché politique en 2016. Les courtiers politiques devront pas trop courir dans ce sens, conscients d’avoir affaire à une pièce en pleine dépréciation. C’est pourquoi, en dépit de son élection comme deuxième vice- président de l’Assemblée nationale avec tout le prestige que lui confère ce poste, il peine à avoir une aura de présidentiable sérieux sur l’échiquier politique nationale. Pourtant, entre 2013 et 2014, il était le candidat le plus en vogue au Bénin. Une certaine presse – que l’on sait désormais en  mission de propagande politique – parle de  son raz-de- marée au Nord. On l’annonce tantôt au contrôle d’une telle ville, puis d’une autre. Une à une toutes les communes du Septentrion seraient tombées dans son escarcelle politique. Il est présenté comme le candidat naturel des Baribas( l’ethnie majoritaire au nord, du moins dans le Borgou et l’Alibori). On agite aussi un sondage imaginaire qui constate que Pascal Irenée Koupaki et Abdoulaye Bio Tchané ont perdu tous leurs soutiens du Nord au profit du Général Gbian. Auréolé d’une si forte campagne médiatique, il devient de facto un favori de taille. Plusieurs hommes politiques, désorientés par cette supposée popularité accordée au Général ont dû activer leurs réseaux pour rencontrer l’homme et explorer avec lui les perspectives d’un accord politique dans le cadre de la présidentielle de 2016. Personne n’a résisté à cette prétendue percée du Général. Même pas Yayi qui, dans un premier temps a semblé banaliser la chose avant d’en prendre peur. Il a d’abord envoyé des agents secrets, des lieutenants politiques comme Rachidi Gbadamassi et Komi Koutché au Nord pour voir l’ampleur du phénomène « Ggr » avant de s’attaquer lui-même à cela. Il a même poussé ses inimitiés plus loin en éjectant de son gouvernement le ministre des finances Jonas Gbian, le frère du général « récalcitrant ».

Déception électorale

Ainsi fait favori de la présidentielle 2016 dans les médias et l’opinion nationale, c’est imbu de lui-même que le Général Gbian décide de participer aux élections législatives et communales de 2015. Il devrait confirmer par les urnes sa prétendue popularité acquise dans les médias. Ceci lui permettrait de confirmer tout le bien qu’on pense de lui afin de peser lourd pendant la bataille présidentielle. Sans barguigner, il se lance dans la course, participe à la création de l’Alliance Soleil, la nouvelle force politique créée dans le Septentrion par les mécontents de Yayi. Il est positionné tête de liste de cette Alliance dans la 7è circonscription électorale et ravit la vedette à Djibril Débourou, originaire comme lui de Bembèrèkè et élu député depuis cinq législatures ( Bembèrèkè, Kalalé, Nikki, Sinendé). Beaucoup avaient prédit une victoire écrasante de cette liste avec trois ou deux députés mais au finish, elle s’en est sortie difficilement avec un seul siège. Comment un député en exercice, un présidentiable et plusieurs autres personnalités politiques se mettent ensemble pour arracher difficilement un siège de député. Cela amène plusieurs observateurs à revoir à la baisse la force et l’influence du phénomène « Ggr ». D’autres pensent que c’est une baisse de régime accidentelle et que lors des prochaines élections, le Général va rattraper les meubles. Mais les dernières élections communales ont confirmé Gbian n’était qu’un épiphénomène. Il perdra lamentablement la mairie de Bembèrèkè après une rude bataille. Désavoué ainsi dans son propre fief, Gbian perd progressivement sa face. C’est qu’entre temps aussi, les billets de banque du généreux général se sont raréfiés. Le « one man show » a laissé place à une austérité économique qui isole la foule des profiteurs. Ce Gbian des médias est bien loin de celui qui s’est révélé en politique. C’est le sort réservé aux hommes politiques fabriqués  de toutes pièces par la presse.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité