Présidentielle de 2016 : plaidoyer pour la résistance au pouvoir de l’argent

A quelques 7 mois de la présidentielle  de 2016, le Front citoyen pour la sauvegarde des acquis démocratiques s’est vu davantage renforcé avec  l’adhésion de nouveaux membres accueillis ce mercredi 22 juillet 2015 au Codiam à Cotonou.

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Evènement marqué par un retentissant appel du professeur Antoine Détchénou, président du Front, invitant les Béninois à résister à l’achat de conscience et aux manipulations de politiciens sans scrupule. Lire le discours luminaire du professeur Détchénou.

DISCOURS LIMINAIRE

Je ne vous cacherai pas ma joie d’être avec vous ce matin et je voudrais tout simplement la traduire avec ce mot qui, malgré sa banalité, est pourtant l’un des mots les plus forts qui soient : MERCI. Vous le savez, en effet, dire merci et le dire vraiment, non pas du bout des lèvres, ce n’est pas seulement  reconnaitre une dette, c’est lancer une passerelle. Merci met en route un processus de relations, et notre rencontre de ce matin est ce genre de rencontre qui tisse des relations.

En disant cela, je vous livre ainsi toute la signification de votre présence ici. Car nous sommes réunis pour tisser des relations, pour affirmer  notre conviction en l’avenir de notre pays. Dans la lettre d’invitation que vous avez reçue, nous vous disions «… c’est au cœur de la tempête, au cœur des contrariétés de toutes sortes, au cœur du tumulte, que l’homme d’espérance se lève, et jette un cri d’espérance d’un relèvement. »

Notre pays vit dans la détresse, une grande détresse. Tout le monde se plaint et personne ne semble croire que nous puissions jamais sortir notre pays de sa déchéance actuelle. Oui ! A échelle humaine on ne voit pas comment les pauvres que nous sommes, nous pouvons lutter contre la machine infernale qui nous écrase et nous broie : la machine à sortir des sous, de l’argent sale. Nos consciences aujourd’hui semblent peu promptes à réagir contre l’attrait indécent de l’argent et notre peuple apparaît comme un troupeau parqué, vendu aux enchères. Des dirigeants politiques sans  scrupules, à propos de tout et à propos de rien, avec cinq cent ou mille francs peuvent déjà hypothéquer  notre liberté avec notre complicité active. Quand toute une partie importante du peuple en arrive ainsi à vendre son âme, que reste-il de ce peuple qui vaille la peine d’être défendu. Oui  vraiment tout semble perdu. Mais votre présence ici ce matin est comme une lumière qui luit dans les ténèbres. Vous constituez ce petit reste, non encore gangrené, atteint encore par le mal et de qui, j’en suis sûr, viendra le salut. L’expérience acquise par le Front Citoyen, nous démontre, s’il en était encore besoin, que ce pays peut encore changer. Car il y a à peine trois ans, qui pourrait s’imaginer qu’on assisterait au bouillonnement d’idées que connaît le pays aujourd’hui ? Même la parole semblait interdite. Mais il aura fallu simplement la détermination de quelques patriotes pour libérer la parole et dire que l’homme n’est homme que lorsqu’il peut se saisir de la parole pour se libérer. C’est ainsi qu’a été créé le Front Citoyen qui a eu le courage de dire non au pouvoir établi en dénonçant son projet de révision constitutionnelle et en dénonçant aussi la grande imposture que constitue la LEPI. Si la bataille contre la révision constitutionnelle est en passe d’être gagnée, celle contre la LEPI  est encore à conduire avec âpreté et détermination, car jusqu’à l’heure actuelle, il n’y a, dans ce pays, aucune liste électorale fiable qui autorise des élections crédibles. Et ce ne sont pas les dernières élections législatives et régionales qui prouveraient le contraire. C’est dire que la lutte contre la liste électorale, qu’elle se nomme LEPI ou COS-LEPI, doit continuer, car cette liste couvre notre pays de ridicule quand des élections se font sur cette base. C’est donc au nom de notre dignité de citoyen que nous devons continuer le combat pour obtenir une liste électorale au-dessus de tout soupçon. C’est au nom de notre dignité d’homme tout court que nous devons aujourd’hui intégrer à notre combat la lutte implacable contre ce pouvoir de l’argent qui fausse les consciences et fait de nos concitoyens des sous-produits humains. Nous osons affirmer que celui qui vote pour 500f ou 1000f  n’est pas digne d’être considéré comme un homme, pas plus, du reste, que celui, quel que soit son rang social, qui fausse les consciences en distribuant de l’argent, qui ne connait que le langage de l’argent et qui pour tout argument ne donne que de l’argent.

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C’est à ce combat, chers amis, que nous vous invitons ce matin, vous tous ici présents. Le Front Citoyen pour la Sauvegarde des Acquis Démocratiques vous convie à sortir des critiques justes, mais stériles, pour rejoindre les rangs de cette grande organisation de veille citoyenne. Là vos critiques  prendront tout leur sens ;  là vos talents s’exprimeront avec efficacité. Cette organisation de veille citoyenne n’est pas un parti politique et n’en sera jamais un. Elle n’est en rivalité avec aucun parti. Mais parce que citoyenne, elle est politique pour autant qu’elle inscrit son action dans la cité des hommes, pour autant que la politique n’est autre chose que la gérance des affaires de la cité.

N’ayez pas peur. Seule la vérité paye. Soyez de ceux-là qui disent vrai. Soyez de ceux-là qui refusent le mensonge. Soyez de ceux-là qui refusent de pactiser avec Mammon ou d’en être les complices.

Je vous remercie.

Cotonou, le 21 juillet 2015

Antoine Robert DETCHENOU

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