Violence électorale dans la Donga : comment Yayi s’acharne contre ABT

La violence verbale employée par le Chef de l’Etat ce vendredi 26 juin 2015 à Manigri, dans la commune de Bassila, contre le député ABT Ahmed Tidjani Affo, a produit ses premiers effets. Des militants FCBE ont agressé des militants ABT et l’arrondissement de Manigri a été fortement militarisé.

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Ce lundi 29 juin, l’Alliance ABT à travers deux de ses responsables a dénoncé les propos belliqueux et injurieux du Chef de l’Etat, tout en prenant à témoin l’opinion nationale et internationale. Boniface Chacran, directeur des opérations au sein du cabinet du Président Abdoulaye Bio Tchané, revient ici sur les propos violents de Boni Yayi ce jour-là. Originaire de Manigri et témoin des faits, il dénonce l’acharnement du Chef de l’Etat contre le leader et les militants du président Abdoulaye Bio Tchané

Déclaration de Boniface Chacran 

Bienvenue aux amis de la presse. Nous avons voulu vous entretenir cet après midi sur l’incident qui s’est tenu depuis vendredi dernier dans l’arrondissement de Manigri en particulier, et généralement dans la commune de Bassila. J’ai la chance d’avoir participé à cet événement en tant que fils de ce village là. Et c’est à ce titre que j’interviens cet après midi pour relater les faits comme je les ai vus et comme je les ai ressentis. Le vendredi 26 juin 2015 coïncidait avec la fin de la campagne les élections municipales, communales et locales. Comme dans de pareilles circonstances, c’est un jour assez cher. L’Alliance pour un Bénin Triomphant a programmé deux meetings dans ce village qui est séparé par une rivière. Un meeting devrait avoir lieu à l’entrée du village, un autre meeting pratiquement de l’autre côté à la fin du village. Les meetings devraient commencer à partir de 16h. Donc nos militants étaient massés à l’entrée de la ville pour que nous puissions faire le déplacement vers le village voisin pour tenir ce meeting là. Donc le point de départ était de ce côté-ci, du parc auto si voulez que je m’exprime de cette façon. C’est à ce niveau là que le regroupement devrait avoir lieu pour que nous fassions marche vers le village voisin. Je rappelle tout de suite que la seule voie, la seule issue qui nous permet d’aller de notre point A au point B, c’était une seule route. Or à l’occasion, nous avons décidé d’organiser une caravane. Nous avons mobilisé une vingtaine de voitures. Nous en étions là à nous organiser pour faire ce déplacement, lorsque subitement, nous avons aperçu des véhicules qui venaient de l’arrondissement de Bassila, et 4 véhicules se sont déplacés vers le village et quelques secondes plus tard, on a vu un avion planer dans le ciel pour finalement descendre à l’école centre de ce village là. A vrai dire c’est à ce moment -là qu’on a compris que le Chef du parti, l’alliance des forces cauris pour un Bénin émergent organisait aussi un meeting et le Chef de l’Etat était avec eux. Donc personne ne nous a informés de l’arrivée du Chef de l’Etat dans notre village. Donc nous étions évidemment surpris que cela se passe de cette manière. Mais étant donné que nous avions déjà organisé notre meeting, les véhicules étaient positionnés, les femmes et les hommes étaient là, c’est la seule route qui passe par le marché et c’est au marché que le meeting des Forces cauris pour un Bénin émergent devrait avoir lieu. Donc nous avons décidé d’aller quand même dans notre second village où nous devrons débuter nos meetings. Et tout ce passait bien jusqu’à une vingtaine de mètres, c’est trop juste, 50 mètres peut être, quand on s’est rendu compte que la voie était barrée. Je rappelle encore que c’était la seule issue. Arrivé sur place, on a demandé qu’on nous aide à frayer un passage pour que tranquillement on puisse continuer notre chemin. Les forces de l’ordre qui étaient là se sont opposées à notre demande. Nous n’avons plus d’autre issue. Soit nous passons, parce que le dernier virage, c’était dans le village là-bas, soit , nous restons sur place. Alors, à ce niveau, il y a eu beaucoup de bruit. Le Chef de l’alliance Fcbe était en train de tenir son meeting, et les militants qui étaient avec nous, qui étaient très nombreux aussi, voulaient le passage pour aller de l’autre côté. Donc il y a eu quelques difficultés entre les forces de l’ordre et les premières personnes qui étaient sur place. Il y avait un brouhaha indescriptible ce qui faisait même que le discours que faisait le Chef de l’Etat, le Chef des Fcbe n’était plus perceptible. C’est dans ces conditions là donc que, submergés par les bruits venant de toutes parts, les responsables de ce parti ont décidé de frayer un passage pour notre délégation qui allait à cette rencontre. La voie a été donc libérée et nous avons pu nous déplacer avec nos véhicules pour aller de l’autre côté du quartier. Et nous avons pu tenir notre meeting. Ça s’est bien passé. Nous étions en train de tenir notre meeting lorsque le Chef de l’Etat, chef Fcbe est parti. A la fin du meeting, nous sommes revenus à notre siège pour partager un peu quelques réflexions avant de débuter la seconde qui devrait avoir lieu au siège. C’est à l’occasion que nous avions appris que le Chef de l’Etat a tenu certains propos que nous avons jugés inacceptables. En fait, le Chef du parti Fcbe disait de façon claire et nette puisque nous avons des éléments sonores que notre député, c’était un enfant bâtard que notre député, serait un enfant mal élevé, que notre député allait se procurer des sous du coton qu’il venait distribuer aux populations, que notre député a pactisé avec les gens pour faire perdre aux Fcbe le perchoir de l’Assemblée nationale, et de ce point de vue, c’était un député pour lequel il ne fallait plus voter. Les gens avec lesquels il pactise pour aller chercher de l’argent et distribuer, eux mêmes, en auront pour leur compte. Alors je dis une fois encore que les éléments sonores sont là et on peut les consulter à tout moment. Nous étions dépassés, complètement déçus et démoralisés parce que pour nous, ces propos ne devraient pas venir d’un Président de la république, Chef de l’Etat. De la part d’un homme politique, d’un président de parti, c’est peut être encore acceptable. Si ce n’était pas le président de la république et que c’était un leader quelconque, je pense qu’il aurait du mal à partir de ces lieux, parce qu’ il aurait été traité comme il nous a traités. Mais nous avons en face le Chef de l’Etat. Nous avons beaucoup de respect pour le Chef de l’Etat surtout que le Chef de l’Etat est nago comme nous. D’ailleurs, le meeting a eu lieu en langue. Et on s’est étonné parce que on se posait la question de savoir si tous, nous sommes allés à la source de la même éducation parce que pour nous, un chef est respecté. Pour nous, le chef est très important. Et celui qui occupe le fauteuil présidentiel est plus qu’important, puisque pour nous le trône est sacré. Si donc on se met dans cette direction, on s’est posé beaucoup de questions par rapport à ce que notre Chef a eu à dire à l’occasion de ce meeting qu’il a tenu lui-même. Donc nous sommes venus pour porter ces informations, parce qu’en partant, le Chef nous a promis de nous envoyer des militaires le lendemain. Effectivement, le lendemain, donc le samedi, nous avons eu droit à une horde de militaires qui ont envahi l’arrondissement de Manigri principalement mais toute la commune. Ils étaient là et nous avons pu voter. Dans notre analyse et c’est ça qui est le plus important nous avons dit que ces forces étaient venu pour nous perturber, pour empêcher l’alliance de pouvoir gagner ces élections puisque la peur du gendarme est le début de la sagesse dit-on souvent mais ici principalement, nos populations généralement analphabètes ont une peur du gendarme et à la vue de cette troupe pour avoir envahir le village, beaucoup de nos militants puisque c’est de ça qu’il s’agit, ne sont pas sortis accomplir leur devoir civique. Mieux, c’est que une stratégie a été mise en place également. Nous avons des militants qui, pour la plus part sont favorables et votent pour l’alliance. Et hier matin, on a appréhendé deux d’entre eux, on a envoyé à la gendarmerie, sous prétexte que ils étaient des étrangers. Et ces personnes qu’on a arrêté, qui sont dans le village depuis plus d’une vingtaine d’année, qui sont dans un camp où l’Etat a construit une école, a réalisé des puits, étaient quand même des personnalités qui trainaient du monde. A partir du moment où on a pris donc ces personnalités qui sont là depuis 20 ans, qui sont inscrits sur les listes électorales, donc voté pendant les élections écoulées, les militants ont pris peur et beaucoup d’entre eux ne sont plus sortis. Cette information est aussi importante. Mais au-delà de tout, les élections ont eu lieu sans incidents majeurs et dans l’arrondissement nous sommes sortis victorieux parce que nous sommes les premiers par rapport à l’alliance Fcbe parce que dans notre commune, il y a deux grandes alliances Fcbe et alliance pour un Bénin triomphant. Nous les avons distancés de 164 points hier. Ce résultat là est connu de tous. Au niveau de la commune elle même, nous avons également distancé. Donc logiquement si les résultats tels qu’ils sont sortis des urnes restent intacts pour aller à la Cena et qu’il n’y a plus d’autres manœuvres autours de ces résultats, je pense qu’on peut considérer la commune de Bassila comme étant tomber dans l’escarcelle de l’alliance Abt. Nous tenons à le dire de façon la plus solennelle et prendre le peuple béninois à témoin et la communauté aussi internationale pour dire que en dépit des intimidations, de part les militants voisins, en dépit de toutes stratégies qui ont été mises en œuvre pour que nos militants ne puissent pas sortir massivement, en dépit de tout cela, l’alliance Abt est sortie victorieuses de ces élections. Maintenant ce que nous voulons, c’est que le pays entier nous aide à faire en sorte que notre suffrage soit protégé. Je voudrais finir en disant que non seulement que nous avons vécu ces intimidations, le mot d’ordre qui consistait à dire que si notre député venait ici on allait l’arrêté, on pourrait même l’attacher, les gendarmes viendraient l’attacher, a conforté nos adversaires, qui n’ont pas hésité puisque ce jour là même, certains de nos militants ont été poignardés et sont actuellement à l’hôpital. Voilà donc succinctement ce que je peux dire par rapport à la situation que j’ai vécue à Manigri qui est aussi mon, village. Je connais l’histoire de ce village, je connais son histoire politique, je peux vous en parler.

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