La Démocratie nous a-t-on enseigné, est l’expression de la volonté du peuple, dans sa majorité. C’est aussi la gouvernance du peuple par le peuple qui choisit librement ceux qui doivent présider à sa conduite. Mais sous nos cieux, la démocratie telle qu’elle est conçue par les grands penseurs avec des standards universellement admis et mis en œuvre dans le monde n’arrange pas toujours nos dirigeants.
Aussi, certains essaient-ils de lui donner la couleur locale, celle de leur courte vision ou de lui imprimer leur volonté de continuer à gruger le peuple par la ruse, le mensonge et autres tractations de toutes sortes, contraires à l’intérêt du grand nombre exprimé dans les urnes. Ainsi, certains qui ne méritent même pas de tenir des responsabilités, sont-ils propulsés sous la ruse et les tractations malsaines et gênantes à des postes pour servir les intérêts inavoués et incompatibles avec la volonté des populations.
Le cas de l’élection présidentielle du 13 Février 2011
On n’en parlera jamais assez, à moins de vouloir, comme l’autre qui se veut candidat à la prochaine échéance présidentielle, de passer cette importante question qui touche à la vie et au destin du peuple entier, en perte et profit. Quel sens a-t-on de l’Etat quand on réfléchit comme ils le font? Je parle bien de ceux qui ont fait l’affront au peuple béninois, d’insinuer et même de proclamer que “l’Affaire Icc Services’’ relève du passé. Mais de cela nous en reparlerons à l’heure de vérité.
Mais je voudrais surtout revenir sur les conséquences inoubliables du KO de février 2011 qui ont plombé les chances pour notre pays d’opérer des avancées économiques et sociales, inhibe les initiatives et expose notre pays à la risée de la communauté internationale, malgré des déclarations diplomatiquement correctes qu’on entend ici et là. La vérité est qu’on ne peut pas continuer à mentir, à manipuler les institutions, les textes et les suffrages pour avoir à certaines fonctions, des personnalités que les populations n’ont pas choisies. Sur cette élection qui continuera de faire couler de l’encre et des salives en raison de son impact négatif sur l’économie de notre pays, nous devons y revenir, en analyser les tenants et les aboutissants et en tirer les grandes leçons pour que plus jamais dans notre pays, personne, quelle que soit sa volonté, sa puissance financière, son influence politique et des réseaux par ailleurs, ne puisse avoir cette facilité de faire embrigader le vote des Béninois et enfermer leur volonté dans une entreprise ou aventure solitaire, avec en sous-mains, une poignée d’individus stipendies qui n’ont pas le sens de l’intérêt général ou de ce qu’il faut pour faire avancer un pays en plein 21è siècle.
L’élection et la mise en place de la nouvelle équipe municipale de Cotonou
Si beaucoup ne trouvent pas à dire quant à l’élection du Maire de la ville de Cotonou en la personne de M. Léhady Soglo, en raison de la longueur d’avance déjà obtenue par l’alliance Rb-Fp après la proclamation des résultats du vote, il est tout de même nécessaire de s’interroger sur la configuration actuelle de l’équipe du Conseil municipal. Encore une fois, la présence des Fcbe qui ont obtenu quatre sièges de conseillers sur 49 après le même vote, reflète-t-elle la volonté des populations de la ville de Cotonou? Ce n’est pas parce que nous sommes un petit pays que nous devons encourager ou perpétuer ces détours ou contorsions politiciens qui annihilent la volonté des populations d’obtenir des changements qualitatifs dans la gestion de leur cité. Sur les réseaux sociaux, de nombreux compatriotes ont manifesté leur agacement face à ce scénario digne des films Western. Pendant combien d’années allons-nous encore assister à de telles anomalies dont les effets collatéraux pourront se traduire dans les années à venir par la lassitude des populations d’aller aux urnes. Dans combien de pays démocratiques au monde assiste-t-on à un tel dénouement après que le peuple a dit non à des formations politiques en raison de la médiocrité de leurs résultats, pour ensuite les retrouver dans des positions de les diriger, Une prouesse dont sont capables les politiciens béninois, habitués à des compromissions et au manque de respect pour les suffrages de leurs concitoyens.
Des réformes sont nécessaires
A toutes ces dysfonctionnements du jeu démocratique, nous devons réfléchir et nous organiser pour engager de vraies réformes. Nous devons à partir d’avril 2016 ouvrir le vaste chantier des réformes constitutionnelles, législatives et institutionnelles qui doivent baliser le terrain du jeu démocratique pour offrir à notre peuple des chances de se sentir à l’aise par rapport à ses choix. Comment y parvenir dans un environnement où certains préfèrent le statu-quo qui les arrange est une autre paire de manches. Mais à tout le moins, certains compatriotes, préoccupés par le recul des valeurs démocratiques dans notre pays au cours de la décennie 2006-2016 et soucieux du meilleur devenir institutionnel, politique, économique et social de notre pays et de son peuple doivent se joindre à la réflexion. Il ne sert à rien de continuer à tenir le discours flatteur que nous servent des diplomates étrangers, plus soucieux de leur carrière professionnelle que de l’avenir de notre peuple. Même s’il est difficile de faire pour pousser à l’amélioration de la démocratie, ce que le peuple Néerlandais et ses dirigeants viennent de faire pour exiger des comptes dans le scandale du Ppea II, on peut au moins s’attendre à ce qu’un cadre constitutionnel et législatif soit mis en place pour leur permettre de faire mieux qu’ils ont fait pour la Lepi de 2011 qui n’a pas encore livré tous ses secrets. Un pays moderne se construit par les réformes courageuses et non par des acrobaties qui foulent au pied la volonté et l’intérêt du peuple.
C’est aussi une condition indispensable à une émergence économique. Nous y parviendrons
Coffi Adandozan
Economiste-Planificateur
Lille, France
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