Dieu nous aidera à trouver le « président »

« Qui sera le prochain président de la république ? ». Cette question revient sans cesse dans les discussions des compatriotes ces derniers jours.  Elle est le reflet de ce voile d’incertitude qui couvre l’horizon 2016. A six mois de l’élection présidentielle, aucun candidat ne semble sortir la tête du lot face à l’inflation de candidature observée actuellement.

Publicité

L’incertitude a atteint un degré inquiétant au point où même les hommes politiques les plus expérimentés et les analystes les plus avertis n’arrivent pas à trouver le candidat qui pourra gagner l’élection. Ceci est la résultante de l’exigence politique béninois notée depuis des années dans le choix de celui qui conduira la destinée du pays et qui veut le béninois ne trouve guère « son président » dans le lot de ceux qu’il connaît. Il a forcément un grief contre lui et cela l’amène à l’exclure. De l’un, il dit qu’il est peut être trop jeune et manque d’expérience, de l’autre, qu’il est complice de la mauvaise gestion de son prédécesseur dont il a été le ministre. A un troisième il lui reproche son manque de dynamisme, et à un quatrième il le soupçonne d’être un vassal du colon. Et sur un cinquième, il fait peser de forts soupçons de corrompu. Dans la tendance des critères d’exclusion, on en trouve aussi certains de très insolites comme « il n’est pas riche », « son père était très méchant et très ladre, il comptait même les bûchettes d’allumette pour sa maman », « il est de la lignée des esclaves ».

Les critères régionalistes pèsent aussi lourds dans la balance. Au finish, le béninois ne trouve rien de bons dans l’existant. Et comme il amène la barre très haute et n’arrive plus à trouver quelqu’un de bien pour occuper ce poste, il cherche son dévolu sur des opérateurs économiques. Tous des oligarques. « Eux au moins, ils ne vont pas voler nos sous comme les politiciens », affirme-t-ils souvent. C’est ce qui amène à faire recours à l’irrationnel pour trouver le successeur de Boni Yayi. Devins, thaumaturges et autres ecclésiastes sont mis à contribution pour déchiffrer l’avenir politique. C’est ainsi que depuis plusieurs mois, une prophétie d’Ifa- une science divinatoire répandue dans le Golfe de Guinée- faite par un collège de prêtres dirigé par David Koffi Aza annonce le profil du futur président. « Un homme grand de taille, vétéran de la classe politique qui prendra le pouvoir à la surprise générale ». Le prêtre est devenu un consultant spirituel pour maints hommes politiques qui veulent que dans sa boule de cristal il puisse voir en eux le prochain président. Depuis quelques jours un autre prêtre membre du même collège dévoile une autre caractéristique de l’homme.

«  L’arrivée au pouvoir d’un homme au destin de caméléon …et dont la peau a une couleur de noix de palme ». Bonjour encore une autre saison d’angoisse, d’interrogations et de recherche. Le recours de plus en plus constant à l’irrationnel en absence de perspective politique conséquent amène un pasteur à jouer au petit numéro. A Savè ce weekend, ce pasteur qui a fait le bagne pour Icc services annonce avoir reçu un message divin qui dit que Issa Salifou sera prochain président de la république. Comble de détresse. C’est chez les devins et dans les prophéties de pasteur que se fabriquera le prochain président de la république. Point n’est besoin d’aller sur le terrain pour battre campagne et négocier les voix des populations. Face à l’incertitude des politiques, il y a l’irrationnel. A chacun son président. Pourvu que Dieu nous aide à trouver le « président ! »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité