Dieu, Allah je proteste !

La mort, personne n’y échappe. Cela dans l’entendement de chacun, ne fait l’ombre d’aucun doute.  Jésus, Mahomet, et bien avant eux, tous les grands prophètes ou chefs spirituels ont déjà emprunté le chemin de vie à trépas.  

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N’empêche que quand elle frappe, elle sème  grincements de dents, tristesse, et douleur dans les cœurs des proches de victimes et même parfois d’inconnus, malheureux témoins de la scène de fin de vie. Le monde, 24 septembre dernier, en a été ébranlé. Des centaines de vies se sont tragiquement éteintes dans la ville saoudienne de Mina dans une bousculade survenue pendant le rituel de  la lapidation symbolique de Satan, le diable représenté par une stèle. Marquant ainsi d’une grosse  et indélébile tâche noire, l’édition 2015 du traditionnel pèlerinage à la Mecque. A  la  date du 13 octobre, le dernier bilan selon les chiffres officiels d’une trentaine de pays évoquant leurs ressortissants tragiquement fauchés, est lourd  de 1608 morts. Ce qui fait au moins 5 crashs d’avion Boeing 777 de type Malaysia Airlines. Rien qu’en parler, épouvante. Quelle tragédie ! Les médias parlent de la catastrophe la plus meurtrière de l’histoire du Hajj. Alea jacta est. Seulement, il y a pire. Des  réactions relatives à cet historique drame sont d’un fatalisme atrocement déconcertant. Au Bénin, des responsables religieux approchés ont  laconiquement placé ce drame sous le compte d’une incompréhensible volonté divine. « C’est une grâce divine » ont cyniquement expliqué  d’autres selon qui « il ne faudrait plus en parler », « beaucoup prient pour aller mourir à la Mecque » afin d’aller au « paradis ». L’affliction atteint son comble et on se rend à l’évidence que l’humanité déserte le forum, plus de trace d’humain dans des congolos. Hormis les considérations religieuses, ceux qui ont perdu la vie appartiennent à la classe des humains. En chacun d’eux, tout enfant distinguerait un « Homme » grand H.

Et qu’est-ce que l’Homme ? Les religions s’accordent à dire qu’il est la créature d’un « Dieu » créateur en qui, par qui et pour qui tout existe. Ces mêmes croyances proclament urbi et orbi « la sacralité de la vie ». Cela s’illustre davantage avec l’exemple d’Abraham ou Ibrahim -selon sa convenance-, à qui Dieu a fini par donner un mouton à sacrifier pour lui en lieu et place de l’unique fils qu’il lui a donné après une longue  vie d’infertilité. Cette anecdote, est, répète-on, dans les milieux musulmans, à l’origine de la fête d’Aïd el-kébir communément appelée Tabaski simultanée au pèlerinage à la Mecque. Qu’à cela ne tienne, comment comprendre que ce même Dieu consacrant la sacralité de la vie accepte le sacrifice de près de 1600 personnes à la fois ? Il y a matière à réfléchir et Allah n’est pas obligé, selon l’écrivain ivoirien Ahmadou Kourouma. La raison, le bon sens en chacun est, autant la liberté d’en user.  Pour Dieu et par Dieu ; pour Allah et par Allah je proteste. Pas question de compromettre Dieu, Allah. Ce fatalisme cynique est déshumanisant. Au demeurant, cela couvre un relent de fanatisme qu’il faut étouffer dans l’œuf pour préserver le vivre ensemble malgré les convictions religieuses disparates. Tout fatalisme qui rend Dieu moteur d’atteinte à la vie, à l’humanité porte en soi un germe de fanatisme. Et dans le  contexte sous-régional actuel marqué par les propagandes djihadistes, laisser, s’ancrer dans les mentalités l’idée  selon laquelle  mourir dans des conditions tragiques dans un coin du monde, aussi sain et saint qu’il  soit, est un raccourci vers le paradis ; c’est baliser le terrain à des barbares sans foi ni loi de l’espèce Abubakar Shekau. Et ça, le Bénin, nation jalouse de sa laïcité  légendaire, n’en a pas besoin

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