L’Eglise Catholique, vers une Foi alternative ?

Une sacrée veine que celle des pères synodaux qui n’ont pas à attendre pour voir s’élever quelque couleur de fumée marquant l’issue heureuse de leur mission qui est de répondre aux questions de l’Eglise catholique sur la Famille.

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Certes, les vues de la Sainte Eglise sur la vie, sur la famille, sur les enjeux du monde ont toujours été questionnées et même contestées. Mais redessiner la frontière entre ce qu’est l’Eglise catholique et le monde du XXIème siècle tient de la gageure.

Le débat sur ladite évolution tourne autour des préoccupations au sujet de la famille comme l’évolution attendue sur la question de la procréation, de l’avortement et sur l’interrogation au sujet de l’euthanasie. Mais les questions qui se posent et qui dérangent le plus sont celles du célibat des prêtres, de l’accueil de exclus de l’Eucharistie et surtout l’accompagnement vers Dieu de celles et ceux qui sont en rupture de ban du fait de leurs orientations sexuelles.

Le verrou des dogmes et du droit canonique

Le Synode sur la Famille a démarré ce 27è dimanche du Temps Ordinaire où les textes et spécialement l’Evangile abordent sinon débattent des thèmes de l’amour, du mariage et du divorce.

Si l’intention du Saint-Père est d’ouvrir le débat, alors il l’a réussi. Mais si son intention est également celle de faire voir que les thèmes appelés à évoluer se heurtent à la rigueur des textes du jour, il y est parvenu. Car, la plupart sinon la quasi totalité des prêches de ce dimanche n’avaient pas la latitude habituelle qui leur permet assez facilement de contourner les difficultés.

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Dans une homélie dont la consistance et la profondeur le hissent au rang de ses aînés comme Feu Quenum Alphonse, Pénoukou et Adoukonou, le père Roger Houngbédji de la Fraternité Saint Dominique d’Abidjan établit en exégète de l’Evangile trois points majeurs.

La première chose, c’est la différence sexuelle qui apparaît comme une marque déterminante du premier couple créé par Dieu: «Il les créa homme et femme».

La deuxième chose importante que nous révèle la Parole de Dieu par rapport aux origines est la conséquence logique de ce qui précède: «A cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme ».

La troisième chose que nous révèle la Parole de Dieu, c’est le lien d’union ou de communion qui caractérise l’amour entre l’homme et la femme: « L’homme s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront qu’une seule chair. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair».

S’il y a donc un débat à lancer, c’est sur l’aptitude de l’Eglise catholique à accueillir ou recueillir en son sein celles et ceux qui se sentent exclus de la maison de Dieu. Un débat sur la redéfinition de la famille chrétienne qui ne heurte pas la doctrine même de l’Eglise et ne soit inévitablement boudée par les puristes et les gardiens du temple.

Afin que soit sauvée la totalité des brebis

Les questions du mariage, du divorce, de la polygamie et même celle un peu plus délicate de l’homosexualité ne sont pas nouvelles. Les considérations éthiques sur la vie et la fin de vie ne constituent pas des questions nouvelles.

Les débats sur la procréation avec ses corolaires que sont la gestation pour autrui et la procréation médicalement assistée provoquent des clivages au sein de l’Eglise mais les réponses à donner aux questions relatives aux mœurs sont les plus délicates. Ce qui semble nouveau, c’est plutôt l’orientation que l’on voudrait obstinément voir l’Eglise catholique donner à ses réponses.

II est clair que certains défis peuvent être relevés. Mais reste à savoir comment et surtout pour quoi, autrement dit pour quel dessin.

L’institution se doit de voir et de juger le monde ou la société avec plus d’indulgence ou moins de sévérité. Faute de quoi, il manquera des femmes et des hommes pour agrandir la famille, professent certains.

Mais au regard des textes, il serait par exemple bien difficile d’accueillir, fussent-ils des enfants de Dieu, les femmes et les hommes dont les orientations sexuelles contreviennent de façon irréductible à la règle de la différence sexuelle.

Mais que faire de ces brebis qui, enjambant de manière délibérée les barrières de l’enclos, sortent de la bergerie ?

Dieu reconnaîtra les siens

Les saintes paroles du Pape François, « Dieu sanglote en pensant à vos souffrances », prononcées au cours de son périple dans les Amériques montrent combien le Saint-Père peine face aux inconduites grossières de sa propre famille.

Et il est évident que le culot du père polonais Krysztof Olaf Charams, qui vient de dévoiler son homosexualité, exhibant son partenaire au début du Synode sur la Famille, fait un peu désordre.

La pédophilie et l’homosexualité dans le clan des serviteurs du Dieu déforment le visage de l’institution que représente l’Église catholique.

Cependant, pour dire vrai, les individus qui posent ces actes dans l’Eglise catholique ne sont pas pédophiles ou homosexuels ou les deux du fait et en raison des règles supposées rigides du catholicisme.

Si telle est leur nature, ces déviants, au propre et au figuré, seraient les mêmes personnes dans n’importe quelle communauté, et y compris même dans nos couvents des Linsuxwési de Gléxwé ou d’Agbomè.

Adorer et servir Dieu sans condition

Ouvrir le débat sur la famille ne devrait pas nous enfermer dans une querelle infondée qui consisterait à nous demander pourquoi le célibat aurait une incidence sur le comportement des prêtres.

Il est important de souligner que le statut du prêtre dans l’Eglise reste une question centrale.

Mais, l’un des fondements de la vocation, passe, semble-t-il, par l’acceptation d’une vie ascétique qui est une aptitude à sacrifier un intérêt personnel au profit d’un idéal religieux supérieur. Cela va du dénuement volontaire pour s’élever à cet idéal.

Les hommes d’église ayant pour vocation de servir Dieu, s’ils le font en toute liberté, doivent alors entrer dans les ordres sans condition.

Et quelle l’option offrirait la levée du célibat des prêtres ?

Les prêtres qui refusent de choisir se verront-ils forcés de servir dans des paroisses de « non célibataires » ou de régime mixte ?

Enfin, doit-on voir le mot « évolution »comme l’aptitude de la Sainte Eglise à ouvrir plus grande la porte pour le retour des brebis qui s’échappent de l’enclos et ou comme l’attitude susceptible d’attirer la foule de celles et ceux que certaines lois chrétiennes ont jetés de fait en dehors de l’Eglise ? La bienveillante recherche de foules pour les messes, de femmes et d’hommes pour animer la maison de Dieu devrait-elle conduire à la désarmante innocence qui verrait l’Eglise réviser son droit et assouplir sa doctrine ?

Et cette multitude de non chrétiens, cette foultitude de non croyants qui ont tout simplement réglé leur vie sur cette boussole que constituent les 10 commandements ?

Qu’ils aillent tout bonnement au diable ?

Dr Florentin CODO
Merci à l’Abbé Roger Houngbédji qui m’a gracieusement envoyé le texte de son homélie.
Mes remerciements à MM. Le Pr Houénou Pascal, Agboton Jules et Houéssinon Hector pour leur excellente part dans notre débat.

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