Noudjènoumè : «Kérékou, c’est la morale du crime, du mensonge,… »

Le décès ce mercredi 14 octobre 2015 de l’ancien président de la république du Bénin, Général Mathieu Kérékou suscite beaucoup d’émoi et de regret. Notamment de la part des hommes politiques béninois dont le Professeur Philippe Noudjènoumè, premier secrétaire général du Parti Communiste du Bénin (PCB).

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Comme la plupart des Béninois qui ont connu le président Kérékou dont la vie se confond avec celle du pays, le Professeur Noudjènoumè nourri beaucoup de regrets après la disparition du Général Président qui a dirigé le Bénin de 1972 à 1990 puis de 1996 à 2006. « La nouvelle du décès de Mathieu Kérékou a été pour moi une surprise en même temps qu’elle m’inspire de la tristesse », a déclaré le 1er Secrétaire du PCB. Le Professeur Noudjènoumè est triste « parce qu’il s’agit quand même de l’homme qui a présidé aux destinées de ce  pays pendant près de trois décennies et qui s’en est allé  emportant avec lui tout un pan de l’histoire de notre pays ». Cependant le communiste regrette que le président Kérékou soit passé de vie à trépas sans avoir à répondre des nombreux crimes commis sous son régime. « Mais ma tristesse a été surtout grande qu’il ait pu disparaître sans devoir répondre de tous les  crimes commis sous ses différents pouvoirs de 1972 à 2006 », a regretté Philippe Noudjènoumè qui estime que  le Général « Mathieu Kérékou, c’est la morale du crime, du mensonge, de la duplicité et de l’imposture ».

Lire intégralité du message de Philippe Noudjènoumè à l’occasion du décès du Général Mathieu Kérékou

La nouvelle du décès de Mathieu Kérékou a été pour moi une surprise en même temps qu’elle m’inspire de la tristesse. Et à cette occasion, mes pensées vont à toute sa famille qui pleure aujourd’hui un être cher. La tristesse, parce qu’il s’agit quand même de l’homme qui a présidé aux destinées de ce  pays pendant près de trois décennies et qui s’en est allé  emportant avec lui tout un pan de l’histoire de notre pays.  Mais ma tristesse a été surtout grande qu’il ait pu disparaître sans devoir répondre de tous les  crimes commis sous ses différents pouvoirs de 1972 à 2006. Car le Général Mathieu KEREKOU, il ne faut pas l’oublier, c’est l’homme des geôles de Ségbana, des lieux de tortures de PLM Alédjo, PCO camp Guézo et du Petit Palais etc. C’est celui qui a abattu froidement son Ministre de l’Intérieur, Michel AIKPE et a exposé à la vindicte populaire sa propre épouse, alors enceinte de lui  et ce pour raison politique. C’est celui-là qui a fait tirer froidement sur le jeune élève Atchaka Parfait du CEG Gbégamey, qui a assassiné Luc Togbadja etc. La liste des crimes de sang est longue.

Mathieu Kérékou, c’est aussi la destruction systématique du tissu économique du pays .Il en fut ainsi de  1972 à 1989. Le régime de Soglo a essayé de ce point de vue pendant les 5 ans de recoller les morceaux. Quand il revint pendant les dix années suivantes, de 1996 à 2006, il a tout vandalisé, semant son règne de scandales économico-financiers divers : 1es scandales : Affaire HAMANI- affaire SONACOP, affaire PANOCO, affaire KOVACS, affaire TITAN etc.

Avec Mathieu Kérékou, c’est la destruction de l’école et de la culture.

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Enfin Kérékou, c’est l’incarnation du chantage et de l’impunité. Pour éviter d’être jugé et sanctionné, Kérékou sous menace des armes, battu aux élections présidentielles par Soglo en 1991, recourut au chantage odieux  pour arracher l’immunité personnelle votée par le HCR en avril 1991. Tout le monde voit que ce qui constitue le fléau qui plombe le Bénin et qui l’a entraîné dans les enfers où il est actuellement, c’est l’impunité et cela est incarné par Mathieu Kérékou. Le modèle est ainsi campé. Chaque pouvoir commet ses crimes et est assuré d’être impuni. L’impunité des crimes politiques et de sang, l’impunité des crimes économiques, tout ce qu’on vit maintenant voilà le système Kérékou. Le pouvoir de YAYI Boni avec ses multiples crimes politiques et économiques, c’est Kérékou. C’est d’ailleurs lui qui l’a adoubé par dribble en 2006 et nous l’a imposé prolongeant ainsi l’agonie de notre peuple.

Je sais qu’étant le père politique de la plus grande partie des hommes de la classe dirigeante de notre pays actuellement, l’on sera saoulé  pendant des jours, sur les mass media d’un vacarme assourdissant de louanges de toutes sortes. Mais la vérité est têtue. Mathieu  Kérékou, c’est la morale du crime, du mensonge, de la duplicité et de l’imposture. Bref un contre-modèle à combattre. Mon profond regret, c’est qu’il n’ait pas répondu de tous ses actes avant de nous abandonner.

Cotonou, le 15 Octobre 2015

Philippe NOUDJENOUME

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