Présidentielle 2016 : la jeunesse, otage de la classe politique

En 2016, comme d’ailleurs les autres années électorales, les jeunes joueront un rôle majeur, celui de l’instrument dont se serviront les hommes politiques pour accéder au pouvoir. Elle sera utilisée, soudoyée, manipulée, divisée contre elle-même et contre ses intérêts. Et dans ce rôle, la jeunesse béninoise semble bien s’y complaire.

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Ce ne doit pas être une fierté de revendiquer sa jeunesse au Bénin. Elle ne vous offre aucun avantage, aucun privilège sauf celui d’attendre les années électorales pour devenir la coqueluche des hommes politiques. C’est l’une des rares périodes où la jeunesse est célébrée et courtisée. Les acteurs politiques tous courent derrière elle et lui promettent ciel et terre dans les discours et les programmes de société. Instable, pressée, sans conviction et sans repère idéologique, la jeunesse se fait enrôler par les politiques de qui elle n’exige pas grand- chose que la seule fierté de se sentir utile aux hommes politiques qui en retour l’intéresse et l’apprivoise avec quelques prébendes et des jetons de présence. N’ayant aucun intérêt à voir les jeunes unis pour défendre les mêmes causes, les politiques jouent les fibres ethniques, partisanes, sur la corde de la division. L’opération de morcellement se déroule avec la complicité des jeunes eux-mêmes. Chaque homme politique prend sa part et s’en va. Ce spectacle observé chaque année où il y a les élections sera réédité en 2016. Depuis le mois de juillet, juste après les élections communales, la pré- campagne pour la présidentielle de 2016 s’est ouverte. Et là ce sont les jeunes qui se mettent en vedette pour susciter les candidatures. Si ce n’est pas Talon, c’est Ajavon ou Koupaki, Houndeté, Golou, Fernand Amoussou. Depuis ce temps, seuls les jeunes passent sur le petit écran pour susciter les candidatures.

Complicité

Il est quand- même curieux de voir les jeunes s’offrir aussi moins chers aux politiques et surtout à une période aussi sensible. En effet, ce sont les mêmes jeunes qui sont confrontés aux affres du chômage, du sous-emploi, de la misère, de la sécurité sociale…On les voit poser ces problèmes à l’université, dans des réunions de jeunes. On les voit courir dans tous les sens pour rechercher de l’emploi. On voit comment ils harcèlent des oncles, des parents pour qu’ils les aident à trouver un gagne-pain. Selon les statistiques, 60¬ % de la population béninoise a moins de 25 ans. Ce chiffre est alarmant et doit inquiéter tous ceux qui aspirent à diriger ce pays. Il suffit qu’une société ou que le gouvernement lance un concours de recrutements d’agents pour s’en convaincre. Pour un concours où on ne veut recruter que 50 personnes, le nombre de postulants peut dépasser les 5000 soit 100 fois le nombre de postes à pourvoir. Qui n’a jamais vu les images traumatisantes de jeunes étudiants ou chômeurs qui, pour passer un concours sont obligés de passer des nuits dans des fils interminables devant les bureaux  de recette- perception de l’Etat pour s’approprier les quittances nécessaires pour la catégorie du concours qu’il veut faire. Et pourtant ce sont les mêmes jeunes qui se mobilisent pour soutenir des candidats qu’ils savent n’avoir rien à proposer à la jeunesse. Et c’est pourquoi on est parfois tenté de dire que la jeunesse est complice du sort qui lui est réservé actuellement.

La misère

Depuis 1991 que le Bénin a organisé sa première élection présidentielle de l’ère démocratique, on n’a pas encore vu les jeunes prendre conscience de leurs situations et faire des revendications sérieuses et pertinentes. C’est ce qui fait les périodes des campagnes pour les différentes élections présidentielles n’ont jamais été pour les jeunes des opportunités pour eux d’exposer aux hommes politiques les problèmes qu’ils ont. Ceci est dû au fait que les jeunes n’ayant aucune formation politique et aucun militantisme, ne savent pas à quoi ça sert les campagnes électorales. C’est justement ce qui explique l’instabilité politique dont ils font montre où on voit les mêmes jeunes se prostituer en soutenant plusieurs candidats à la fois. La deuxième cause de cette situation est la pauvreté. Chômeurs pour la plupart, condamnés à la misère, ils ne résistent pas devant les dons de libéralité et les petits gadgets que les politiques distribuent pendant cette période. Un tee shirt suffit pour soigner son look vestimentaire alors qu’un billet de 1000F ou de 2000F lui permet d’oublier pour une journée les affres de la faim. En 2016, la situation ne changera guère. Les jeunes contraints par la misère, et en manque de formation militante et de repère idéologique ne donneront pas un autre spectacle que celui de jouer le rôle d’instrument et de faire valoir des hommes politiques qui profitent cyniquement de leurs situations pour se hisser au pouvoir

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