A peine ouvertes ce mardi sous haute surveillance de soldats cagoulés au Tribunal de première instance de Cotonou, et après deux suspensions de quelques minutes, les assises spéciales pour connaître de l’affaire Dangnivo ont été interrompues et ajournées au 10 novembre 2015 sur demande de la partie civile et de la défense qui ont relevé l’absence d’importantes pièces constitutives du dossier.
Statu quo dans le dossier Dangnivo. Les assises spéciales prévues pour s’ouvrir hier mardi et devant connaître de cette rocambolesque affaire n’ont pas prospéré au Tribunal de première instance de Cotonou. Sur insistante demande des avocats de la défense et de la partie civile qui ont relevé des « irrégularités et incohérences » dans la procédure, Félix Dossa, le président du tribunal a ordonné l’ajournement au 10 novembre prochain des assises. Après avoir annoncé s’être spécialement réuni pour l’«Affaire N°004/PG 2012 du ministère publique contre le sieur Alofa Codjo Kossi et Amoussou Donatien dit « Dona » accusés, le premier d’assassinat et le second de complicité d’assassinat » et malgré la volonté manifeste du président Dossa de tenir dans le délai de 72 heures initialement fixé, le tribunal aura siégé pendant moins de 90 minutes. Un laps de temps durant lequel, intrépides, les avocats de la défense et de la partie civile ont débouté le ministère public représenté par le procureur général en personne, le magistrat Gilles Sodonon.
Le cabinet militaire de Yayi convoqué
Pour ce procès qui s’annonce épique, les avocats de la partie civile veulent la comparution des proches du président Boni Yayi. Me Djogbénou a cité à comparaître Sévérin Koumassegbo, chef du cabinet militaire du président de la république et ses adjoints au moment des faits de même que le directeur de service de liaison et de documentation de la présidence de la République. Cette exigence comme les autres, ont fait savoir les avocats de la défense et de la partie civile, est indispensable pour que la vérité se révèle. « Nous sommes ici en quête de vérité, nous ne sommes ici en quête de délivrance d’un certificat d’impunité » a souligné l’avocat de la partie civile qui est contre toute course contre la montre à des fins inavouées.
Dossier mal ficelé
Selon ces avocats, le dossier est mal ficelé et d’importants actes devant permettre un véritable procès sont absents. En premier lieu, Me Théodore Zinflou, l’avocat commis d’office à la défense du sieur Alofa, le principal accusé a noté l’absence d’acte de décès consacrant la mort de la victime, Pierre Urbain Dangnivo, ce cadre du ministère de l’Economie et des Finances disparu depuis 2010. « Mon client est accusé sans preuve de l’assassinat, d’un crime qui n’est pas réellement prouvé par un acte de décès » lance l’avocat décidé à en découdre avec le ministère public qui est le plaignant. A ce sujet, le ministère public accuse le coup. « Pas d’acte de décès, mais le décès est largement constaté » répond, le procureur général. « Absolument choquant » rétorque Me Djoseph Djogbénou de la partie civile qui condamne cette réponse du ministère public. « La partie civile est choquée par les déclarations du ministère public, le représentant de nous tous » a ajouté Me Djogbénou. A part l’acte de décès, la défense a remis en cause le dossier d’évasion du présumé principal assassin, Codjo Alofa en février dernier. « Où se trouve le dossier pour qu’on sache les raisons qui justifient que dans une forteresse comme celle de la prison de Missérété, quelqu’un -comme Alofa- arrive à s’évader » demande l’avocat de la défense qui estime qu’il ne sera qu’« un simple accompagnateur » dans ce procès sans l’acte d’évasion. « S’il s’est trouvé des gens qui l’ont fait sortir de la forteresse avancée de Missérété pour des raisons qu’eux seuls savent, dans l’intérêt de la justice, avocat commis d’office, je me dois de vous réclamer tout ce qui peut contribuer à la l’éclosion de la vérité » a aussi dit l’avocat .Pour lui, « Ce dossier est un sacré dossier ».On ne peut « saucissonner » ce dossier commente Me Djoseph Djogbénou qui explique que le dossier relatif à « l’évasion prétendue de M. Alofa est nécessaire sans doute pour la partie civile que pour la défense ». Dans la même veine, Me Zinflou, veut voir clair dans le procès-verbal d’enquête préliminaire faisant état de ce que le sieur Alofa aurait été arrêté avant d’être remis en liberté le 26 novembre 2010 pour une affaire de vol de moto. Sur ce, la défense relève des confusions. C’est le cas d’un commissaire en poste à Akpakpa qui est présenté comme commissaire en poste à Godomey. Ledit commissaire serait admis à la retraite depuis 04 ans et serait hors du territoire national. Me Zinsou dit vouloir ce procès-verbal pour voir une possibilité de démêler l’« écheveau savamment tissé ».
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