Dantokpa : D’énormes dégâts pour une affaire de 2000 F Cfa, faux rétorque la police

L’émoi est encore perceptible  ce dimanche sur les visages, dans la voix des usagers du marché international Dantokpa de Cotonou qui a été partiellement ravagé par un incendie dévastateur aux premières heures de ce samedi.

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Au milieu d’un mélange de gravats, d’articles consumés,  de feuilles métalliques et autres matériaux précaires restant des boutiques, hangars  partis en fumées, des usagers et autres curieux demeuraient encore hébétés face à l’étendue du ravage.  On parle d’au moins  155 places consumées selon un bilan provisoire. Sur les  lieux, les pertes s’estiment à des dizaines de millions de francs Cfa. « Quel drame ! Que de pertes ! Que de dettes ! Oh mon Dieu ! » S’est exclamée une passante.

Aucune perte en vie humaine n’était enregistrée dans l’incendie. Mais, a-t-on appris d’une jeune commerçante à proximité du périmètre consumé, une congénère à elle s’est éteinte pour cause de dette. La victime, une des grandes commerçantes, musulmanes communément appelée Alaja, selon notre source, s’est écroulée après avoir crié « mes 50 millions F Cfa ». Dans leur furie, les flammes d’essence frelatée ont consumé articles de commerce et billets de banque dissimulés dans les affaires, assure, la jeune commerçante arrivée aux environs de 04h (heure locale). « Les flammes étaient énormes et incontrôlables », témoigne-t-elle. Sur la liste des victimes, celle-ci et son époux, un Ibo, commerçant nigérian. Dans les flammes, apprend-elle, ils ont perdu environ une dizaine de millions d’articles, fruits de nombreuses années de labeur.  Assis face à l’emplacement noirci où était sa boutique, Saliou Fagbèmi, commerçant de pièces détachées de voiture, parle de pertes inestimables de son côté.

Tout ça pour 2000 F Cfa ?

Pourquoi tous ces dégâts est-on en droit de se demander ? La jeune dame dont la maison familiale  se retrouve au cœur du grand marché international en rage et accusent les policiers : « Articles de commerce et argent, tout est parti. Pourtant ce n’est pas la faute de nous, usagers du marché. C’est la faute aux policiers qui nous harcèlent et nous rançonnent au quotidien ». Comment comprendre qu’un policier pourchasse un camion rempli de bidons d’essence à travers un marché, fut-il la nuit ? demande  la jeune dame qui estime que tout ça ne serait pas arrivé si les policiers n’avaient pas manqué de jugeote.  « Et c’est à cause de 2000 F Cfa. Parce qu’ils tenaient coûte que coûte à 2000 F, ils ont plongé tout le monde dans une affliction dont, seul Dieu nous soulagera » dit-elle. Selon celle-ci, le camionneur qui revenait de Sèkandji a été sommé de payer 12 000 F Cfa mais il a dit qu’il n’avait que 10.000 F Cfa. Ce qui serait la pomme de discorde à l’origine de la course poursuite qui aurait conduit à l’incendie. Explication qui ne serait pas juste à en croire les responsables de la police qui disculpent leurs agents. Toujours est-il, que dans toutes les versions qui circulent, les policiers sont cités dans cet incendie dramatique

Des billets de banque partis en fumée

Il n’y avait pas que des articles et des dégâts matériels dans l’incendie qui a ravagé une partie du marché Dantokpa. Les sinistrés disent avoir aussi perdu des billets de banque partis en fumée. Par une étrange précaution, selon l’une d’entre elles qui a requis l’anonymat, « nous gardons de l’argent dans des coffres cachés dans nos boutiques ». Une de ses congénères apprend qu’elle garde ses recettes dans une caisse qu’elle a enfouie dans une galerie creusée à l’intérieur de sa boutique. Cet état de choses visiblement a sa source dans un malaise entre les commerçants de Dantokpa et les établissements financiers. « Quand tu vas régulièrement déposer de l’argent à la banque, les gens te traitent de manière bizarre comme si tu étais un cybercriminel et enquêtent sur toi» dit-elle. La crise de confiance est plus profonde. La commerçante soupçonne les agents de banque d’être de mèche avec des braqueurs. « Nous sommes régulièrement victimes de braquage sans savoir comment les auteurs sont informés de nos transactions financières » a lancé la jeune commerçante. Vendeuse de pièces détachées comme son mari, elle dit avoir subi des interrogatoires d’enquêteurs qui cherchaient à comprendre si elle ne fait que ça comme activités génératrices de revenus. Pour elle, « Au Bénin, il y a trop de protocoles ». C’est dire qu’elle n’est pas prête à adopter les banques, en dépit du drame qui l’a frappée

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