Deux fois ajournées, les assises spéciales de l’affaire Pierre Urbain Dangnivo ont finalement débuté ce mardi 10 novembre à la Cour d’appel de Cotonou. A la barre, les deux présumés assassins ont fait des confidences qui font froid dans le dos.
Rebondissement dans l’affaire Dangnivo. Alofa Codjo Kossi et Donatien Amoussou dit « Dona », les deux présumés assassins nient en bloc le crime qui leur est attribué et font de troublantes révélations touchant des autorités au sommet de l’Etat béninois. C’est le début d’un long marathon judicaire qui s’est ouvert ce mardi 10 novembre à la Cour d’appel de Cotonou. La Cour présidée par Felix Dossa, est composée de deux assesseurs, Saturnin Avognon et Jacques Hounsou, du greffier Christophe Tchéou et enfin, du ministère public représenté par Gilles Sodonon, procureur général de l’Etat. Après l’installation du juré, les deux présumés assassins ont été invités à la barre.
La vérité des faits, selon Alofa Cossi
Une fois à la barre, le présumé assassin de Pierre Urbain Dangnivo dit ne pas se reconnaître dans cette affaire. Mieux, il dit ne pas connaitre le nommé Urbain Dangnivo. «Cette affaire, c’est du théâtre», s’insurge t-il. Pour lui, c’est dans la journée du 16 août 2010 qu’il avait planifié le vol d’une moto avec ses amis. Alofa fait comprendre que c’est suite au vol de la moto d’une dame qu’il a été arrêté puis conduit au commissariat de Godomey le même jour. Selon les propos de Cossi Alofa, au lendemain de son arrestation, le commissaire Aledji est venu le chercher pour le ramener dans son commissariat à Akpakpa. Pendant le même temps, dit-il, le commissaire Aledji a saisit puis passer des appels avec son téléphone portable quatre jours durant. Ensuite, il explique qu’une fois à Akpakpa, le commissaire l’a emmené au Hall des Arts de Cotonou dans l’espoir de mettre la main sur un éventuel complice à qui, il aurait donné rendez-vous.
Une affaire de 25 millions
25 millions de francs Cfa pour porter le chapeau de l’assassinat de Pierre Urbain Dangnivo. C’est, ce qu’a affirmé Alofa Codjo Cossi, le présumé assassin de ce cadre du ministère de l’économie et des finances porté disparu depuis plus de cinq et dont l’affaire fait grand bruit au Bénin. L’homme qui est accusé d’avoir commis le meurtre dit avoir reçu la promesse par l’entremise d’un certain commissaire Aledji. Cossi Alofa raconte comment le commissaire Aledji lui a promis une remise en liberté dans un intervalle d’un mois grâce à l’intervention du ministre Grégoire Akoffodji et des hauts gradés de la police nationale. « Il me demandait seulement de collaborer, que rien ne va m’arriver car j’ai la justice de mon coté », confie t-il. Il affirme avoir reçu des menaces du commissaire Aledji si il refusait de collaborer
Des intimidations et pressions
« Si je n’accepte pas, on va m’abattre…me jeter à la mer », aurait affirmé le commissaire Aledji. Ainsi, Alofa fait comprendre que c’est sous le coup de cette pression qu’il avait lors du procès du 5 octobre 2012 reconnu avoir tué le sieur Pierre Urbain Dangnivo. Il a ensuite relaté ces propos du commissaire Aledji: « Ce que je n’ai pas réussi à faire à Amani et dont on m’accuse, je le ferai. Il me reste deux ans avant ma retraite ». Il raconte qu’on lui a fait boire une boisson supposée lui donner le courage pour avouer le forfait. Cette boisson, dit-il a été donnée par le même commissaire, Aledji.
Affaire évasion
Parlant de son supposé évasion de la prison de Missérété en février denier, Alofa Cossi, présumé assassin de Pierre Urbain Dangnivo a fait des revelations qui font froid dans le dos. Selon ses propos, ce sont des policiers qui sont venus le chercher à la prison et lui ont fait croire qu’ils allaient au Parquet. Sur le chemin, raconte t-il, les policiers lui ont demandé où est-ce qu’il voulait partir. Et c’est suite à cela qu’il leur a fait comprendre qu’il pensait allait au Togo. « Ils m’ont déposé à la frontière du Togo et m’ont donné 50.000 Fcfa pour fuir » révèle Alofa Codjo. Une fois au Togo, il a contacté ses parents qui lui ont fait comprendre qu’on le dit évadé de la prison. «Cela m’a très surpris. Je ne comprenais plus rien», a-t-il ajouté. Ensuite, Alofa déclare que c’est lui-même qui a contacté les gens au Bénin afin que leur indiqué sa position au Togo et c’est comme cela que les militaires sont venus le chercher. In fine, Alofa ne reconnait pas s’être évadé de la prison de Missérété.
D’anciens collaborateurs de Yayi cités
Amoussou Donatien dit « Dona » accusé de complicité d’assassinat de Pierre Dangnivo, une fois à la barre, a fait d’autres révélations. Des noms de personnalités ont été cités dans l’affaire Dangnivo au Tribunal. Bernard Lani Davo, ancien ministre de l’enseignement secondaire de Boni Yayi aurait également joué l’entremetteur dans l’affaire. Dona affirme avoir reçu Bernard Lani Davo dans sa prison. « Bernard Davo est venu me voir. Il m’a donné 20.000 F Cfa, puis 80.000 F Cfa le lendemain et 200.000 F Cfa camouflés dans un livre trois jours plus tard afin que je collabore » a laissé entendre Dona, avant d’expliquer que le prétexte utilisé par Davo était le fait qu’il était malade et qu’il tenait à le soutenir. Il n’y a pas que Bernard Lani Davo, selon l’accusé, Théophile N’Da, un ancien ministre de l’intérieur de Kérékou, l’aurait aussi contacté pour la même cause. « Théophile N’Da, un ancien ministre de Kérékou m’a donné 250.000 F Cfa pour que je collabore », confie Dona.
Dans le même registre des révélations, Amoussou Donatien, accusé de complicité d’assassinat fait d’autres déballages. « Le colonel Sévérin Koumassegbo m’a amené au palais de la Marina et devant un directeur de Cabinet du président Boni Yayi, on m’a proposé 250.000.000 fcfa en plus de ma protection si je collabore», révèle Dona. Il faut noter la comparution de trois témoins dont deux médecins. Les assisses se poursuives ce jour, toujours à la Cours d’appel de Cotonou.
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