Elections au Burkina : Des mesures sécuritaires ardues contre les forces du mal

Impressionnant dispositif sécuritaire pour encadrer les élections prévues se tenir au Burkina Faso ce dimanche 29 novembre 2015. Il n’est un secret pour personne que ces élections présidentielles et législatives couplées s’organisent dans une situation sécuritaire particulièrement inquiétante marquée par une insurrection populaire doublée d’un putsch.

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Il s’agit également de scrutins sensibles dont la crédibilité revêt un intérêt capital pour le pays étant donné que les Burkinabès ne sont visiblement plus près à admettre que l’imposture s’installe dans leur pays. Les élections se tiennent également dans une situation sous-régionale marquée par des attaques terroristes. Les forces de sécurité et de défense semblent avoir pris la mesure de la situation.

Ce jeudi 26 novembre 2015, c’est le commandant Somda Evrard de la Commission sécuritaire qui a présenté aux observateurs et à la presse le dispositif de sécurité prévu pour sécuriser les élections. « Notre mission globalement c’est d’assurer la couverture sécuritaire de ces élections par la mise en place d’un dispositif efficient durant tout le processus » a d’abord déclaré le commandant qui informe que ladite mission est subdivisée en trois phases. La première phase c’est « la sécurisation de la campagne électorale ». Tous les candidats à l’élection présidentielle bénéficient d’agent de sécurité rapproché et à leurs domiciles. Tous les meetings sont sécurisés.

Il y a des patrouilles sur tous les axes que ce soit à l’intérieur des villes ou sur les grands axes pour ceux qui veulent voyager. Cette phase-là renseigne l’agent de sécurité « va de J-30 depuis le 31 octobre à J ». La deuxième phase, c’est « la phase de sécurisation du scrutin proprement dit ». Cette phase concerne la sécurisation de toutes les parties prenantes, la Ceni, ses démembrements, les installations sensibles, les observateurs, les journalistes, toutes les parties qui rentrent en ligne de compte de l’organisation des élections. Ça prend également en compte la sécurisation de tous les bureaux de vote. « A J-1, nos agents seront déployés dans les bureaux de vote pour attendre le matériel, ils vont lever leurs dispositifs après le dépouillement, accompagner les présidents de bureaux de vote dans les Ccm et les Ceci avec les résultats » a expliqué commandant Somda. Cette seconde phase a déjà commencé depuis J-6 et va « monter en puissance pour atteindre son point culminant le jour des élections » a-t-il précisé. La troisième phase, « c’est la phase de sécurisation des instances chargées de la proclamation des résultats et des recours contentieux ». Cette phase va courir de J+4 à J+15, et va prendre en compte de manière particulière, le conseil constitutionnel qui est chargé de vider le contentieux. Pour les forces de sécurité tout est mis en œuvre pour « faire régner la sécurité partout où besoin sera ».

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Des menaces envisageables

La stratégie de sécurisation trouvée est à la fois préventive et proactive. Les forces de sécurité et de défense burkinabè ont pensé à de multiples formes d’attaques pouvant venir d’individus ou de groupes d’individus mal intentionnés. Surtout que rappelle le commandant, « Il n’y a pas très longtemps des brigades de gendarmerie notamment au Nord et à l’ouest ont fait l’objet d’attaques par des individus armés, non encore identifiés ». Parlant donc de ces menaces qui pourraient survenir il apprend : « Nous avons imaginé que d’éventuelles personnes qui n’ont pas intérêt à ce que les choses se passent très bien pourraient tenter de perturber le déroulement de la campagne électorale, pourraient tenter de menacer l’intégrité physique des leaders politiques ou de certains acteurs de la commission électorale nationale indépendante ou encore de certains observateurs ou journalistes. Nous avons imaginé également qu’ils pourraient tenter d’empêcher l’acheminement du matériel électoral dans les différentes localités mais cette opération se déroule bien jusque-là. Ils peuvent tenter de créer des tensions dans les bureaux de vote, s’attaquer au convoi des urnes ou des résultats, voler le matériel électoral, utiliser les médias pour faire les propagandes néfastes ou encore refuser de reconnaître les résultats qui seront proclamés par les instances habilités ».

25.000 agents de sécurité

Face à ces menaces éventuelles qui ne sont pas exhaustives, selon le responsable de la Commission sécuritaire, il sera mis en place, un important dispositif sécuritaire de « 25.000 agents de sécurité ». Ce dispositif regroupe toutes les forces de sécurité et de défense du Burkina Faso à savoir « les forces traditionnelles de sécurité que sont la police et la gendarmerie nationales ; les forces militaires que sont l’armée de terre, l’armée de l’air, le groupement central des armées et les forces para-militaires que sont les eaux et forêts, la douane, la police municipale, les gardes de sécurité pénitentiaire ». En renfort le personnel retraité des forces armées et des forces para-militaires sera sollicité.

Quadriller tout le Burkina

Pour ces scrutins sensibles, au Burkina Faso, il n’y aura pas à en croire les explications que donne la commission sécuritaire, de localité laissée en rad. Le plan de déploiement des 25.000 agents prévus est calqué sur le plan de déploiement de la Céni qui suit l’organisation administrative du pays. Le Burkina Faso est divisé en 13 régions administratives, 45 provinces et 368 communes.  Au niveau régional il y a trois coordinations régionales. A Ouagadou, à Bobo-Dioulasso et à Kaya. Ils ont 13 postes de commandements opérationnels dans les 13 chefs-lieux de régions administratives. De même 45 postes de commandements opérationnels dans les 45 provinces. Tous ces commandements sont reliés à une coordination nationale de la sécurité dirigée par le chef d’Etat-major Général de la gendarmerie, avec comme vice-président le directeur général de la police.

Quelques contraintes

Le travail ne sera pas pour autant du beurre. Les forces de sécurité relèvent des contraintes liées au nombre élevé d’agents à déployer. elles vont devoir faire avec des militaires qui vont assurer des missions de sécurité et qui seront assistés par des professionnels de la sécurité. Il y a également « une insuffisance de moyens logistiques » pour laquelle la commission sécuritaire entend adapter sa stratégie de déploiement en fonction. Aussi s’ajoute, l’impraticabilité de certaines routes due à la saison de pluie qui vient de finir. Malgré ces contraintes, les forces de sécurité et de défense du Burkina donnent des gages pour un scrutin sans anicroche majeure pouvant empêcher le choix d’un nouveau président démocratiquement élu véritablement après 27 ans de pouvoir sans partage de Blaise Compaoré.

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