Le devoir de s’asseoir

Vingt cinq-ans déjà. Le pays a su alors, pour une fois, s’asseoir autour de l’essentiel. Et le pays fit des miracles. Et le pays   étonna le monde. A cet égard, ce que l’histoire retient comme la « Conférence des forces vives de la nation » en 1990, reste et restera l’illustration parfaite et tangible du devoir de s’asseoir.

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Aucune fatalité ne pèse sur notre pays. Aucun problème, si complexe soit-il, n’est au-dessus de nos intelligences articulées en un faisceau de forces. Et pour libérer nos énergies imaginatives et créatrices, nous n’avons qu’une seule chose à faire : nous asseoir autour de l’essentiel. Mais pourquoi donc s’asseoir ? Cinq raisons pour le justifier formellement. Cinq raisons pour nous l’imposer impérativement.

Première raison. S’asseoir, c’est se mettre dans une posture d’appui. On peut ainsi se tenir plus ferme. On peut ainsi se sentir plus stable. C’est une posture physique de sécurité et d’efficacité. Face aux difficultés qui nous assaillent, face aux impasses, pour emprunter le titre d’un ouvrage de feu le Président Sourou Migan Apithy, commençons par nous asseoir. C’est le préalable à l’échange confiant, à l’écoute active et si possible à la coopération harmonieuse. Ceux qui acceptent de s’asseoir se donnent l’avantage de n’être ni dispersés, ni dissipés. Réunis en un endroit, ceux-ci peuvent mieux se concentrer sur leur sujet. L’échange est autorisé. L’écoute est facilitée. L’entente est possible.

Deuxième raison. C’est parce que nous avons accepté de nous asseoir, il y a vingt-cinq ans, que nous avons eu la force nécessaire pour déclarer à la face du monde, avec une mâle assurance, que nous avons vaincu la fatalité. Si les mêmes causes produisent les mêmes effets, qu’il nous suffise de retrouver la posture assise d’hier autour de l’essentiel et nous nous ouvrirons les portes de tous les possibles. Le Bénin, notre pays, pourrait retrouver les chemins de l’audace, pourrait s’ouvrir les voies d’un sursaut salvateur.

Troisième raison. Il est impératif que chaque Béninois, qui qu’il soit et où qu’il se situe, s’assume comme un Béninois. Cela veut dire qu’il doit se sentir concerné par tout ce qui touche le Bénin. Cela veut dire qu’il doit prendre sa part de tout ce qui concerne le pays. Notre pays, à l’image de tous les pays de la terre, a d’énormes problèmes. Des problèmes de tous ordres, des problèmes face auxquels pourrait être levée, à tout moment, une armée forte de 10 millions d’âmes, une armée qui a la solution ou qui est la solution à tous nos maux. Cette armée-là, comment déployer ? Comment l’organiser ? Comment la faire tourner à sa pleine capacité ? Comment en faire notre planche de salut ? Une seule et unique réponse à nos interrogations : imposons-nous d’abord et avant tout, le devoir de nous asseoir autour de l’essentiel.

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Quatrième raison. La diversité est l’une des lois de la vie. Le Dr Basile Adjou-Moumouni la place au rang des évidences, c’est-à-dire des choses qui s’imposent avec une telle force qu’il n’est point besoin de preuve pour en connaître la vérité. Un jardin de fleurs offre au regard une variété infinie d’espèces, avec des couleurs fort diverses. Mais le jardinier, pour composer un   bouquet de fleurs de toute beauté, doit s’engager à conjuguer cette diversité naturelle à tous les temps et sur tous les tons. C’est exactement cela l’une des vertus majeures du devoir de s’asseoir : faire se côtoyer les différences pour qu’elles éprouvent leur destin solidaire, au-delà des apparences, par-delà les préjugés. Car, ensemble, nous sommes plus forts et nos résultats sont plus significatifs.

Le devoir de s’asseoir est le plus sûr moyen de lever les malentendus, de comprendre les non-dits, d’effacer les équivoques, d’évoluer vers des compromis dynamiques, de faire l’accord sur nos désaccords. On ne fume pas le calumet de la paix tout seul ou debout. On ne fume pas non plus le calumet de la paix en courant dans tous les sens. Le calumet doit passer d’une main à l’autre. Le calumet doit augurer d’une vraie paix marquée de la volonté de paix de tous les protagonistes. Pour qu’il en soit ainsi, un préalable s’impose :   s’asseoir ensemble autour de l’essentiel.

Le Bénin est malade, répétons-nous à longueur de temps. Inutiles jérémiades, oiseuses lamentations dès lors que la thérapie est à la portée de nos mains. Asseyons-nous autour de l’essentiel, comme nous sûmes le faire naguère. Et le reste, tout le reste nous sera donné de surcroît

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