Suspension du quotidien « Le Matinal » : Une entorse grave à la liberté de presse au Bénin

A quelques mois de la présidentielle 2016, Adam Boni Tessi reprend son œuvre de bâillonnement de la presse. Il vient de prendre la décision de suspendre le quotidien Le Matinal. La décision N° 15- 045/Haac prise hier à cet effet suscite assez d’étonnements tant par  son contenu, la méthode utilisée pour sa prise et l’objectif visé.

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Adam Boni Tessi est de retour ! Comme par un hasard de calendrier il y a un an jour pour jour qu’il a présenté ses excuses aux journalistes. On se rappelle bien que c’est le 03 novembre 2014 que, persécuté et critiqué par la presse pour avoir interdit aux journalistes de parler du Cos-Lépi, qu’ il a fini par présenter les excuses à la presse. On avait cru qu’il s’est assagi et que désormais il va mieux rehausser l’image de l’institution mais erreur, le président de la Haac semble opter pour  une guerre ouverte avec la  presse. Et pour cause, cette nouvelle décision ressemble telles deux gouttes d’eau à la première du 30 octobre 2014. L’objectif visé est le même : tordre le cou à la liberté de presse. La méthode n’a rien de celle en usage dans les institutions. Elle est autocratique. En effet, c’est accorder plus de crédit à cette décision que de dire qu’elle émane de la Haac. Elle en donne l’impression d’être une prise de décision  de manière unilatérale sans consulter les autres conseillers. La preuve c’est qu’il n’y figure aucune trace de cette concertation avec les autres conseillers. Par exemple, un rapport sanctionnant le travail d’un ou de plusieurs conseillers sur cette préoccupation. Le président s’est personnellement enfermé dans son bureau ou à défaut a sollicité un administratif pour rédiger cette décision. Comme dans le cas de la décision du 30 octobre 2014, tout a été aussi fait en catimini sans que bon nombre des autres conseillers ne soient informés.

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Cour martiale

Mais il y a plus grave. Cette décision donne un visage hideux de cette institution de régulation. Les fautifs n’ont jamais été écoutés avant la prise de la décision. A lire la décision, on voir visiblement que c’est maintenant que la Haac, du moins son président, manifeste le désir d’écouter le Directeur de publication et les auteurs des articles incriminés (confère article 2 de la décision). Drôle d’institution créée pour « garantir et assurer la liberté et la protection de la presse, protéger et réglementer la liberté » mais qui se transforme en une cour martiale qui juge sans écouter. Deuxième grosse insuffisance notée dans cette décision c’est l’imprécision qui étale de fait le manque de connaissance criard des textes régissant le métier de journaliste au Bénin. Nulle part dans la décision, confère article premier, il n’est fait cas des articles du code de l’information et de la communication violés, code dont on sait par ailleurs qu’il fait objet de controverses amenant même les organisations professionnelles à demander sa relecture. Alors, si les articles violés ne sont pas connus comment le président de la Haac s’est arrangé pour attribuer la sanction ? Adam Boni Tessi semble bien faire de la magie en imaginant les fautes et en jugeant lui seul. Pour justifier son forfait il fait un recours maladroit à l’article 55 de la loi organique de la Haac. Or, cet article ne peut être appliqué dans ce cas. Selon un juriste consulté à ce sujet, cet article n’est applicable que pour les médias sonores, et il n’y a aucune urgence puisque les responsables de l’organe n’ont pas été préalablement invités à se conformer à une quelconque disposition de la loi et les thèmes tenus ne constituent en rien à une menace à la paix et la sureté. En résumé, on est face à une décision arbitraire et excessive prise par la Haac. Les organisations professionnelles n’hésiteront pas à sauter sur cette « patate chaude » qui brûlera à coup sûr  les doigts de Adam Boni Tessi

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