Susciter les candidatures, un piège à cons

La pratique est devenue légion depuis l’approche de l’élection présidentielle. Les opportunistes et autres flatteurs ont trouvé une belle parade pour attendrir le cœur de certaines personnalités de la République, en recourant à une pratique politique propre aux régimes totalitaires qui consiste à appeler le dirigeant à se représenter comme pour démontrer que sa candidature suscitée, jouit d’une grande légitimité populaire.

De telles prémisses devraient justifier les conclusions qui ne peuvent être que la victoire du dirigeant aux élections. Mais en reprenant cette pratique à leur compte, les candidats qui planifient ces appels à candidatures ou qui se laissent emballer par ces appels de pied qui sont plus motivés par des ambitions alimentaires que rationnelles, ne comprennent pas souvent le piège dans lequel ils s’embarquent en optant pour cette approche caduque de la recherche de l’adhésion populaire.

Lorsqu’on parle d’une élection et de surcroit présidentielle, on suppose que chaque citoyen a conscience qu’il s’agit d’une pratique de sollicitation du peuple à désigner celui qu’il juge apte à conduire la gestion des affaires publiques et capable de rechercher et de poursuivre l’intérêt général. Il s’agit en quelque sorte d’un projet de construction du palais de l’unité du peuple. Les architectes qui se reconnaissent aptes à le faire défilent devant le peuple pour lui expliquer le type de bâtiment qu’ils entendent construire, le temps que cela mettra, le coup des travaux, leur durée et les garanties de la solidité de l’édifice. Ce que le peuple devrait rechercher, c’est d’écouter les différents plans de construction et de choisir librement le plus pertinent. On voit bien mal que c’est ce même peuple qui se mette à la recherche des architectes en les convainquant de déposer leurs candidatures. Le danger évidemment serait que l’architecte que le peuple aura suscité et peut être choisi, puisse justifier sa mauvaise réalisation de l’édifice.

En faisant remarquer que : «je savais que je n’étais pas inspiré pour ce travail, mais c’est le peuple lui-même qui m’a contraint à candidater et qui m’a confié le projet pour lequel, je n’avais pas grande inspiration».Cet architecte aura raison et le peuple ne devra s’en prendre qu’à lui-même. Puisqu’il s’est immiscé dans un rôle qui n’est pas le sien. Son rôle étant de porter des choix après que des personnes aient librement présenté leurs candidatures. L’illustration de la construction de l’édifice par les architectes, n’est qu’une image pour montrer que le peule, chaque fois qu’il est appelé à choisir un candidat parmi tant d’autres, à qui l’on confiera la gestion  du pouvoir, doit se garder d’appeler lui-même des personnes à postuler.Mais le citoyen qui laisse susciter sa candidature est convaincu de bénéficier d’une côte de popularité, pourtant il perd de vue certaines considérations qu’entraîne cette espèce d’engagement par procuration.

Procuration parce que le candidat suscité, semble dire qu’il n’avait pas lui-même d’intention ni d’ambition à se porter candidat et qu’il n y est parvenu que parce que les populations l’ont sollicité.

Seulement, dire qu’il se jette dans la course à travers l’appel du peuple, suppose aussi que le dit candidat, n’avait pas initialement de projet pour ce qu’il entend faire, qu’il n’a pas de vision de ce qu’il entendgérer et qu’à la dernière minute, il a bricolé avec l’aide des flagorneurs, un simulacre de projet qu’il présente souvent lui-même avec beaucoup de peine. Un tel candidat devrait normalement recevoir une bonne déconvenue, de sorte qu’il comprenne que la candidature à une compétition ou à une élection doit demeurer une affaire d’engagement personnel, de préparation minutieuse et de l’assurance de rassembler  les moyens humains, matériels, et psychologiques pour affronter cette échéance. Cela se voit clairement dans le domaine du sport où les athlètes physiquement en forme, renoncent à prendre part à une compétition parce qu’ils estiment soit qu’ils n’ont pas fait la préparation requise pour produire les meilleures prestations soit parce qu’ils ont des problèmes d’autre nature qui ne leur permettent pas de garder la concentration tout au long de la compétition. A moins donc que les candidats et les populations n’aient banalisé l’élection présidentielle, la logique de candidatures suscitées reste un piège à cons aussi bien pour les candidats que pour le peuple.

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