Alougbine Dine : C’est bien possible de faire un beau Fitheb en si peu de temps

Lnt : La prochaine édition du Fitheb est annoncée pour février prochain. Une date que d’aucuns trouvent précipitée. Sur la base de vos expériences dans le milieu notamment en tant qu’ancien directeur de ce festival, quelle est vous votre appréciation ?

Publicité

Alougbine Dine : Quand on sait ce que c’est que le Fitheb, et qu’on entend ce délai, on se demande ce qui ce passe. C’est très proche. Ça c’est sûr. Dès que je l’ai appris ça m’a interpellé. Mais le Directeur – le nouveau directeur du Fitheb ndlr- s’est rapproché de moi, il m’a expliqué les raisons pour lesquelles ça a été choisi ainsi. Il m’a dit qu’il faut que les gens de bonne volonté viennent pour que la chose puisse être possible, qu’organiser ce Fitheb à la veille des élections, c’est une manière de rallier le monde, de calmer les gens, d’adoucir les mœurs avant ces présumés échauffourées qui vont avoir lieu parce que pendant les élections on ne sait pas ce qui peut se passer et tout le monde a peur. Le théâtre est fondamental par rapport à la démocratie ; le théâtre prépare à tout. Il est de bon ton que de bons spectacles puissent avoir lieu avant ces élections qui, on ne sait pas ce que ça va être. On croise les doigts. Là où moi je suis apaisé, c’est que ces derniers mois, j’ai connaissance de beaucoup de spectacles qui sont créés dans la sous-région. Et si même c’était un Fitheb sous régional, ce ne serait pas mal. Je trouve aussi légitime qu’un ministre qui est nommé et qui ne sait qu’il ne restera que quelques six mois, même pas, et qui veuille organiser un Fitheb avant, et que lui-même ait un fitheb à son actif. Ce qui serait grave, ce serait de mal l’organiser. Ce serait de ne pas trouver de bons spectacles, ce serait de bafouer le Fitheb. Mais je crois que, comme ce directeur essaye de regrouper des gens -il m’a consulté déjà- pour qu’on l’aide à porter la chose comme cela se doit, je crois que ça ne peut pas être un mauvais Fitheb, loin de là. C’est ce que je garantis de toute façon. Je suis d’accord avec les gens que c’est très proche mais je pense en même temps que c’est une épreuve, c’est une équation à résoudre. Si l’on se met vraiment ensemble, on peut résoudre cette équation et faire en sorte que ça soit une très belle fête. Une fête qui, je suis d’accord avec lui –le directeur ndlr-, peut amener une certaine douceur, amitié et joie avant ces élections qui s’annoncent assez importantes et presque même périlleuses.

Lorsque vous étiez Directeur du Fitheb, avez-vous organisé une édition dans un délai pareil ?

Jamais ! Cela ne s’est jamais réalisé de cette façon. Le fitheb 2002, j’ai eu quand même six mois pour le préparer. Pour l’édition 2004, le l’ai préparé tout le temps après 2002. Mais je pense que ce n’est pas impossible si on s’y met. Aux grands maux les grands remèdes. Puisque c’est décidé qu’on doit le faire, on va s’y mettre. Il y a des spectacles qu’on connaît sur le terrain. J’ai été travailler au Burkina-Faso ces derniers temps, je suis passé par le Mali, j’ai fait une tournée que j’ai arrêté il y a 4 ou 5 mois avec mes étudiants, on a parcouru la sous-région, on a vu des spectacles, je crois qu’il y a de la matière pour nourrir le prochain Fitheb. C’est la programmation de bons spectacles qui fait la qualité du Fitheb. En dehors de cela, il y a les activités périphériques, l’animation. C’est des choses qu’on peut concocter, aménager, assaisonner pour que ça prenne. C’est bien possible, on le fera.

Un mot à l’endroit de ceux qui sont pessimistes ?

Publicité

Ils ont peut être raison de ne pas croire. Mais bien que ce soit très proche, c’est possible de faire un beau Fitheb en si peu de temps. J’invite les gens au calme. Il faut aussi oser des choses parfois. Par rapport à ce que j’ai entendu, c’est un Fitheb d’urgence. En urgence on peut faire de belles choses. Figurez-vous, il y a des Fitheb qu’on  a pris le temps d’organiser dans ce pays, il y a eu de très bons spectacles, mais qui ont été très mal organisés. Le tout ne suffit pas d’avoir de très bons spectacles. Les bons spectacles, il faut savoir aussi dans quelle salle les programmer. Si on  prend  un spectacle qui doit être joué dans une salle de 100 personnes qu’on va jouer dans une salle de 1000 places, ce n’est plus le même spectacle, ce n’est pas le même rendu, ça tue ce spectacle, c’est ne pas respecter la fiche technique du spectacle. Ça par exemple, c’est une mauvaise organisation.

L’épine dorsale du festival, c’est la qualité de la programmation, c’est la qualité de l’accueil. Accueillir le spectacle, c’est de le mettre dans le cadre où il doit être. Cela a beaucoup manqué ces dernières années parce qu’on a mis par fantaisie ou par clientélisme ou par cupidité des spectacles n’importe où et n’importe comment. Ça ne peut plus être comme ça. Ça ne va pas être comme ça maintenant. Chaque spectacle aura la salle qu’il mérite.

Et puis, les activités périphériques vont être choisies et menées comme il le faut

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité