L’urgence de la réforme du financement des partis politiques

Le 28 février prochain se tiendra au Bénin le premier tour des élections présidentielles. A huit semaines de cette échéance cruciale, les partis politiques en sont pour la plupart, encore au stade des tractations pour la désignation leurs candidat

Publicité

Et pendant qu’ils sont affairés à cette tâche, la question du projet de société à soumettre au peuple est reléguée aux calendes grecques. Le débat aura probablement lieu, mais de manière accessoire, réduit à sa portion congrue, entre deux invectives. Quelle farce ! Quelle guignolade face à de grands enjeux de société,avecun peuple en attente de réponses etsurtout de perspectives. Comment le fonctionnement de notre démocratie si enviée clamons-nous, en est arrivé là, dans ce cul de sac miteux ? Deux raisons principales à cela : la structure patriarcale des partis politiques et la question de leur financement. L a Charte des partis politiques consacre le multipartisme intégral voulu par la Constitution du 11 décembre 1990. Replacée dans son contexte historique, cette volonté va de soi : permettre l’expression totale de la parole libérée, confisquée durant les années d’expérimentation marxiste. Le résultat ne s’est pas fait attendre. Chaque leader d’opinion pour exister et se faire entendre a tôt fait de créer son parti politique.

C’est le début de l’avènement des partis politiques ancrés localement avec leur structure forcément patriarcale où toute forme de contestation de l’autorité finit par une exclusion. Le banni en réponse, crée son propre parti. C’est ce mouvement perpétuel qui conduit à cette myriade de micro partis où,pour certains d’entre eux,leurs membres peuvent tenir à peine dans une cabine téléphonique. Mais l’essentiel est d’exister et l’objectif de conquête du pouvoir est devenu la finalité. En lieu et place de projet de société, l’origine géographique et l’appartenance ethnique deviennentles principaux atouts dans la conquête du pouvoir. La question fondamentale de la gouvernance est complètement éludée et la déliquescence s’installe à tous les niveaux, y compris dans les mœurs. Exit l’homo politicuset place aux prédateurs de l’économie nationale. La structure patriarcale des partis politiques dans notre pays a fini de réduire le débat politique à pour ou contre. C’est tout le contraire de ce que l’on est en droit d’attendre du multipartisme intégral. Mais en soi, ce paradoxe ne devrait pas surprendre. En effet, pendant que la cour des obligés des chefs de partis s’adonne à la génuflexion, elle n’est plus encline à faire des propositions courageuses. C’est le propre de la dictature du parti sous sa forme la plus détestable : le chef en est le principal bailleur et collecteur de fonds. Le danger pour notre démocratie vient aussi de là, de la structure de financement des partis politiques. En effet, en l’absence de financement public, les partis politiques ont recours à des financements privés,rarement désintéressés. Le peuple croit choisir ses élus, mais la plupart du temps, il valide à l’insu de son gré les choix d’intérêts occultes.

Résultat, en bout de course, la mal gouvernance où l’intérêt général est souvent mis à mal devant des intérêts privés. Cette collusion entre la politique et le monde des affaires, a toutes les chances de continuer de prospérer sur le dos du peuple si, rien n’est fait en matière de financement des partis politiques. Et avec elle, son corollaire d’écrémage par l’argent de la classe politique. La démocratie doit consacrer le triomphe des idées et non celui de l’argent roi. Elle doit permettre l’émergence d’hommes de conviction dévoués quel que soit leur condition sociale. En prenons-nous le chemin ? Assurément, non. Le principal chantier du prochain Président de la République en matière de consolidation de notre démocratie est moins d’engager l’épineux processus de révision de la Constitution que d’ériger les bases du financement public des partis politiques. Cette réforme est à la fois urgente et nécessaire compte tenu de l’état comateux de notre système démocratique. Elle doit permettre à terme l’émergence de grands partis politiques nationaux, rien à voir avec les alliances politiques éphémères de circonstance. Elle doit porter un coup au multipartisme intégral enfavorisant la constitution de grands partis politiques nationaux au sein desquels des courants puissent exister et cohabiter pour un meilleur fonctionnement de notre système démocratique

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité