Sébastien Ajavon : attention au triomphalisme !

Il était annoncé pour faire figure d’outsider. Aujourd’hui, c’est lui qui caracole en tête des intentions de vote pour le premier tour. Dans presque toutes les communes du Bénin, les hommes politiques se rallient à lui et l’acronyme « Asg » est partout scandé. Seulement, il y a lieu d’être prudent et de ne pas crier trop vite victoire, le jeu politique, surtout béninois, étant fait de sinuosités, de surprises et les acteurs ne sont guère maîtrisables.

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Le dimanche 17 janvier, revenant de Bonou où il a assisté aux festivités de Ouèmèxwé, Sébastien Ajavon a marqué une escale politique à Porto- Novo où l’attendaient des centaines de sympathisants. Ceux-ci voulaient en savoir un peu sur les accusations faites à son encontre la veille par Me Adrien Houngbédji. Après avoir contredit en grande partie les propos du président du Prd, il a affirmé très fièrement soupçonner un brin de jalousie dans les propos du leader charismatique des tchoko-tchoko, ajoutant que : « On n’a jamais vu ça au Bénin. Cela ne s’est jamais passé et c’est pourquoi ils ont peur. Ils savent qu’en cinq ans, je vais réaliser ce qu’ils ont fait en trente ans et c’est pourquoi ils ont peur ».

Quelques jours plus tard, au cours d’une autre rencontre avec des sympathisants, il a affirmé gagner par un K.o le 28 février prochain. L’homme de Djèffa n’a pourtant pas exagéré. De tous les présidentiables, il est le seul qui peut se targuer d’avoir eu des soutiens dans presque toutes les communes du Bénin. De Sèmè- Kpodji à Grand-Popo et de  Cotonou à Malanville, ses fans essaiment le pays et le réclament au pouvoir. On en compte une dizaine de députés et des centaines de conseillers communaux et des maires de plusieurs communes du Bénin. Parmi eux de vrais faucons de la classe politique comme Mathurin Nago, Janvier Yahouédéou, Valentin Houdé et surtout Rachidi Gbadamassi …tous des députés. Il a aussi le soutien de grandes formations politiques comme le Psd, l’And, l’Udbn, le Fdu. Des maires influents comme Sévérin Adjovi, Nicaise Fagnon, Cyriaque Domingo. Qui dit mieux ? Avec tout cela dans son escarcelle, il y a de quoi bomber le torse et dire fièrement qu’on peut gagner.  Seulement, il y a un grand fossé entre les déclarations médiatiques des grands électeurs et les réalités de terrain. De loin, on a comme l’impression que tout s’arrête aux déclarations et que rien n’est fait pour entretenir les bases afin de transformer ces sympathisants en de vrais militants et combattants pour la cause d’Ajavon. Mieux, quelle garantie l’homme de Djèffa a  que les militants qui sont derrière ces hommes politiques vont suivre. La preuve, le choix fait par le Psd de le soutenir est de plus en plus contesté par les militants à la base. A Djougou, on raconte que ce sont les mêmes conseillers qui l’ont adoubé dans un premier temps qui ont rejoint un autre candidat. Entre le soutien des grands électeurs et le soutien populaire, il y a un fossé. Sébastien Ajavon et son staff doivent travailler en sourdine pour fidéliser leurs sympathisants. Sans que ce travail n’est pas fait, les nombreux soutiens dont Ajavon bénéficient pourraient ne pas se traduire en vote de militants sur le terrain. En 2011, presque toute la classe politique s’était rangée derrière Houngbédji mais dans leurs bases, les militants n’ont pas suivi les consignes de vote de leurs leaders au point où Houngbédji a perdu les élections. Vivement que Ajavon ne vive pas le même sort

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