Cartes d’électeurs : Les Osc alertent sur un chaos préjudiciable à la paix au Bénin

Attentive au déroulement du processus électoral en cours pour la présidentielle dont le premier tour est fixé au 6 mars prochain, la Plateforme électorale des Osc du Bénin a tenu ce mardi 16 février une conférence de presse à Cotonou pour alerter l’opinion publique nationale et internationale sur le grand désordre dans lequel la distribution des cartes d’électeurs se déroule et qui constitue un terreau favorable à la fraude électorale et s’avère préjudiciable à la paix dans le pays.

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Cafouillage dans la distribution des cartes d’électeurs au Bénin. La situation est d’autant plus inquiétante que la Plateforme électorale des Osc du Bénin est montée au créneau ce mardi 16 février pour alerter l’opinion publique nationale et internationale à travers une conférence de presse qui a eu lieu à la Maison de la Société civile à Cotonou. « Il y a d’énormes difficultés que nous notons dans la distribution sur le terrain… Regardant de fond comment ça se déroule, il faut noter avec insistance que d’énormes dysfonctionnements, d’énormes difficultés sont déjà remarqués sur le terrain » a dénoncé avec insistance Julien Oussou, coordonnateur national de Wanep-Bénin appartenant à la Plateforme des Osc. Preuve à l’appui, il a parlé du cas d’un électeur qui s’est retrouvé avec une carte d’électeur sur laquelle figure la photo de son grand-frère. « Dans un contexte où les délais de recours sont en train d’être épuisés, c’est si grave qu’on vous le montre parce que simplement par défaut de la photo, on peut simplement l’empêcher d’accéder à l’isoloir pour émettre son vote » a-t-il dit à ce propos. Au-delà des erreurs de photos, a-t-il poursuivi « c’est des erreurs de nom, ou de date de naissance, c’est aussi des erreurs de préparation de colis à envoyer dans les localités qu’on remarque ».

Processus dans un cafouillage inédit

De façon générale, la distribution selon Osc « La distribution des cartes d’électeurs a démarré et est en cours dans certaines communes du pays ». Mais cela se passe dans un cafouillage déconcertant . La cause de cette confusion selon les Osc est due à l’inexistence de chronogramme de distribution. « On peut tout lier au défaut de chronogramme de distribution » a indiqué Julien Oussou. Le juriste Prince Agbodjan estime à ce sujet qu’il y a une « opacité qui entoure les opérations ». Julien Oussou s’en offusque « Personne n’a l’information et ça ne permet pas de faire un suivi ». La première conséquence de l’inexistence de chronogramme constate-t-il, « il y a des centres de distributions qui sont désœuvrés, visiblement attendant que les populations viennent. Mais de l’autre côté, il y a les populations qui ne sont même pas informées que la distribution a démarré dans leur commune parce qu’il n’y a pas eu un chronogramme » devant les informer au préalable. Pourtant il faut noter que l’article 183 du code électoral qui régit fondamentalement la distribution des cartes d’électeurs précise clairement la distribution doit se dérouler sur 15 jours et ça commence de 08h à 18h. Le juriste Agbodjan rappelle aussi que la loi n’a pas prévu « une distribution en îlôts » des cartes d’électeurs comme l’a enclenché sans chronogramme le Cos-Lépi finalement balayé par la Cour Constitutionnelle.

Des cartes retirées en lot

Une anomalie particulièrement inquiétante révélée par M. Oussou, c’est le retrait de plusieurs cartes par une seule personne. « Il y a énormément de retrait de cartes en lot » dénonce le coordonnateur de Wanep-Bénin qui apprend que des gens se présentent avec cartes d’identité de personnes dont on ignore s’ils sont encore en vie ou mort. Une situation que le législateur a pourtant interdit selon le juriste Agbodjan qui s’appuyant sur des passages du code électoral en vigueur au Bénin souligne qu’il revient exclusivement à chaque citoyen d’aller retirer sa carte d’électeur.

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Le danger d’une double carte d’électeur

Une autre situation inquiète la Plateforme électorale des Osc du Bénin. C’est la décision de la Cour constitutionnelle autorisant le recours aux cartes utilisées lors des élections de 2015. Ce qui suppose que les anciennes et les nouvelles cartes seront valables le jour du scrutin. Me Huguette Bokpè, rapporteur de la chambre d’analyse de la Plateforme prévient que « Le choix d’une nouvelle carte ouvre la voie à des manipulations diverses ». Ce choix pose également un problème juridique à l’en croire. Elle demande ce que devient Que devient « le principe de l’unicité des cartes d’électeurs » qu’impose le code électoral. « L’enclenchement du processus d’établissement d’une nouvelle carte entraine systématiquement la caducité des anciennes cartes » a-t-elle dit. Pour elle, « On va à une fraude électorale de consensus ». Mme Bokpè rapporte qu’environ « 10.000 procurations » ont été recensées aux élections passées. La plateforme déconseille vivement la formule des deux cartes d’électeur et appelle tout le peuple béninois et notamment les acteurs politiques à la vigilance.

Les Osc en état d’alerte

La conférence de presse de ce mardi 16 février est en effet la première d’une série que la plateforme électorale des Osc entend organiser pour informer au fur et à mesure les populations. Il s’agit du l’initiative « Les mardis et vendredis de la plateforme électorale des Osc du Bénin » a annoncé Julien Oussou qui a précisé que c’est deux fois par semaine qu’aura lieu une telle rencontre avec la presse jusqu’au terme du processus électorale. « Le concept que nous avons choisi au niveau de la plateforme, c’est de communiquer, c’est de lever en ce qui nous concerne l’opacité qui entoure les opérations et de nous entretenir aussi régulièrement avec vous » a ajouté M. Agbodjan qui est le coordonnateur de la chambre d’analyse, une partie du grand dispositif d’observation de la présidentielle mise en place par la Plateforme électorale des Osc du Bénin.

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